Privé en santé: arrêtons de faire l'autruche!

Publié le 06/09/2022 à 11:44

Privé en santé: arrêtons de faire l'autruche!

Publié le 06/09/2022 à 11:44

«Il faut sérieusement arrêter de se mettre la tête dans le sable et espérer qu’une solution miracle viendra sous peu nous sauver… Arrêtons de faire l’autruche.» (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. C’est une intervention de Gabriel Nadeau-Dubois qui m’a donné l’idée du sujet de cette chronique. Comme fin communicateur qu’il est, il a réussi à faire la «clip» du jour en affirmant que le privé en santé ne fonctionnait tout simplement pas. Afin de nourrir son affirmation, il donnait comme exemple, entre autres, le fait que le système privé en CHSLD n’avait pas passé le test.

Tristement, et quel hasard vous me direz, ce fut silence radio concernant l’état actuel du réseau public et surtout de sa prestation au cours des dernières décennies. Pourtant, le même constat d’échec s’impose. Attention, loin de moi l’intention de rejeter sur le dos des employés du réseau les multiples erreurs de gestion du passé. Ayant travaillé plus d’une dizaine d’années au service de la salubrité de l’hôpital Sainte-Justine, j’ai eu la chance d’être aux premières loges pour observer les dégâts que peut créer la gestion «par promesse politique» et par restructuration continuelle.

Est-ce que le système privé en santé est la réponse à tout? Non. Est-ce que le réseau public est la réponse à nos besoins? Non. Il faut sérieusement arrêter de se mettre la tête dans le sable et espérer qu’une solution miracle viendra sous peu nous sauver… Arrêtons de faire l’autruche.

Rien ne me désole plus que les débats portant sur la place du privé en santé. Souvent, j’ai l’impression d’assister aux mêmes échanges de début de saison des Canadiens de Montréal. La folie des extrêmes s’empare du sujet et les nuances n’existent plus!

Soit les Canadiens remportent la Coupe Stanley cette année, soit nous devons échanger toute l’équipe, incluant la machine qui aiguise les patins… Quand une personne prononce le mot privé et santé dans la même phrase, immédiatement, les prédictions d’amateurs de sport qui appellent aux lignes ouvertes la nuit reviennent en force promettant des milliers de morts n’ayant pas les moyens de payer pour leurs consultations à l’urgence aux portes des hôpitaux.

Peut-on prendre une profonde respiration svp? Peut-on faire deux, trois pas de recul afin d’écouter, d’analyser, de tester, de chiffrer ce que le privé pourrait apporter comme solution? Est-ce trop demander de simplement évaluer l’option d’intégrer les meilleures pratiques du privé dans nos soins de la santé?

Avec un budget de plus de 54 milliards de dollars, représentant environ 40% des dépenses totales annuelles du gouvernement, la moindre chose que nous devrions faire est d’avoir l’ouverture d’esprit de pouvoir discuter intelligemment des différentes options qui existent afin de rendre notre réseau de la santé à la hauteur de nos attentes et besoins.

Bien entendu, je suis le premier défenseur d’un réseau de santé public universel pour tous les Québécois, mais face aux multiples défaillances de celui-ci, nous ne pouvons tout simplement plus croire aux miracles d’une réorganisation de plus, aux mirages d’une nouvelle stratégie gagnante ou aux belles paroles de ceux qui «ont la solution».

La santé, tout comme l’éducation et l’environnement d’ailleurs, ne devrait pas être victimes d’idéaux politiques. Au contraire, nous devrions dépolitiser ces sujets afin de nous assurer d’offrir aux citoyens — vous savez ceux qui financent le réseau grâce aux taxes et impôts qu’ils versent à l’État — les meilleurs services/options possible.

Après presque trois ans de pandémie, des défis à n’en plus savoir quoi faire et en pleine campagne électorale, j’espère que nous oserons aborder le sujet dans les prochaines semaines sans immédiatement tomber dans les idées préconçues, les clichés et la petite-politique. Les Québécois méritent beaucoup mieux qu’une chasse aux sorcières idéologique.

À propos de ce blogue

Je me suis lancé en affaires quelques jours après avoir gradué de l’Université de Montréal en science politique. Un peu par hasard, beaucoup par folie, je suis devenu entrepreneur sans trop savoir ce qui m’attendait. Bien que ma première expérience en affaires fut catastrophique, je suis tombé en amour avec l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un des plus grand producteurs de spiritueux et prêt-à-boire en Amérique du Nord et ce ne sont pas les projets qui manquent! Depuis novembre 2015, je partage chaque semaine ici mes idées, mes opinions et ma vision sur le monde des affaires et les sujets de société qui m’interpellent. Bienvenu dans mon monde!

Nicolas Duvernois

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