Décote américaine: décision purement politique

Publié le 08/08/2011 à 09:33, mis à jour le 08/08/2011 à 15:01

Décote américaine: décision purement politique

Publié le 08/08/2011 à 09:33, mis à jour le 08/08/2011 à 15:01

Blogue. Ça y est. Standard & Poor’s a décoté les obligations souveraines à long terme des États-Unis à AA+ de AAA.

La firme de notation a annoncé sa décision vendredi, après avoir averti la Maison blanche, qui a trouvé une «erreur» de 2000 milliards de dollars dans les calculs de S&P.

Moody’s et Fitch, deux compétiteurs à S&P, avaient décidé de maintenir la cote de crédit des obligations américaines. Si S&P voulait faire un coup de publicité, elle a réussi!

S&P dans sa décision blâme le processus politique américain et ses institutions qui manquent d’efficacité. Selon la firme, le plan fiscal adopté récemment n’arrivera pas à changer la dynamique d’endettement à moyen terme.

S&P précise qu’il n’y a toutefois aucun problème concernant la capacité ou la volonté des États-Unis de payer ses dettes. C’est pour cela que j’estime que la décote est davantage une décision reflétant le contexte politique.

Je vous avouerai qu’assister à la décote des titres renommés les plus sûrs de la planète, ces titres qui sont le refuge de toutes les grandes institutions financières de la planète lorsque les marchés brassent, cela laisse une impression bizarre.

Mais quelles sont les répercussions de cette décision? La première est symbolique. Les États-Unis ont été frappés dans leur orgueil. Et cela pourrait être une bonne chose. Pour avoir des changements durables concernant la dette, il faut prendre conscience de l’urgence d’agir. Vous avez probablement, avec la décote, la claque à la figure pour réveiller le géant qui dort.

L’autre répercussion très négative concerne la confiance. Dans un climat de faible croissance où la confiance des gens d’affaires et des consommateurs est dans les talons, cette annonce ne fait qu’empirer les choses.

C’est exactement la même chose en Bourse, où après avoir subi les conséquences du ralentissement économique, de la crise entourant le relèvement du plafond de la dette sans oublier les aléas des problèmes en Europe, voilà qu’une autre tuile tombe sur la tête des investisseurs. On peut leur pardonner d’être découragés!

Le contexte est donc fort négatif. C’est pour cela d’ailleurs que de nombreuses sociétés de grande qualité se vendent à bas prix (est-ce que leurs perspectives à long terme ont changé depuis vendredi? Je ne crois pas). Si vous attendez que le ciel soit bleu et sans nuage, vous paierez beaucoup plus cher.

C’est votre choix.

Bernard Mooney

P.S. Warren Buffett a annoncé une offre de plus de trois milliards de dollars pour acheter une société d'assurance, ce matin. En voilà un que la décote ne dérange pas beaucoup! BM

 

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