Cogeco: acquisition audacieuse

Publié le 19/07/2012 à 09:33, mis à jour le 19/07/2012 à 11:18

Cogeco: acquisition audacieuse

Publié le 19/07/2012 à 09:33, mis à jour le 19/07/2012 à 11:18

BLOGUE. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la direction de Cogeco Câble n’a pas froid aux yeux. Après sa tentative désastreuse au Portugal, elle tente à nouveau de se diversifier à l’extérieur du Québec avec une importante acquisition aux États-Unis.

Cogeco Câble achète ainsi Atlantic Broadband pour 1,36 milliard de dollars (G$) US comptant. La transaction ajoutera 1,2G$ de dettes à son bilan.

Les investisseurs n’ont pas aimé, le titre perdant près de 15% à 37,90$. Leur réaction est facile à comprendre. D’une part, Cogeco paie 8,3 fois les bénéfices d’exploitation prévus en 2013 (8,8 fois ceux de 2012) alors que son titre se vend à moins de cinq fois ces mêmes profits. On parle donc d’une dilution substantielle, ce que le marché boursier a immédiatement reflété.

De plus, la dernière expérience internationale a laissé un important oeil au beurre noir au visage de la société. Elle a acheté la portugaise Cabovisao pour 667M$ en 2006 pour la revendre 48M$ en 2012, selon l’analyste Tim Casey de BMO. La direction de Cogeco a de plus mentionné qu’elle se servirait d’Atlantic Broadband comme plateforme américaine, ce qui signifie d’autres acquisitions à prévoir.

Comme mon collègue François Pouliot, je crois toutefois qu’il y a d’importantes différences entre l’aventure portugaise et celle américaine. Cogeco Câble achète une entreprise dont la performance récente a été bonne. Elle n’a pas à réaliser de revirement, ce qui est rassurant. De plus, Atlantic Broadband a un réseau très moderne où le taux de pénétration (à la fois des abonnées au service de base et aux services à valeur ajoutée) est très bas. Si Cogeco réussit à augmenter cette pénétration, la rentabilité suivra.

Enfin, la direction de Cogeco Câble, malgré son raté au Portugal, a un bon historique quand vient le temps d’exécuter de façon efficace.

Reste que la transaction se fait à un prix relativement élevé et que l’endettement bondira. C’est ce dernier point qui me rend nerveux, trop nerveux. La dette passera à plus de 2,2G$ par rapport à des capitaux propres de 1,1G$ au 31 mai.

Pour vous donner une idée, la société québécoise paie près de 1,4G$US alors que sa valeur boursière à la fermeture mercredi était de 1,8G$. C’est presque l’équivalent de miser toute la société, dont les activités remontent à 1972.

Cogeco paie plus de 5 000$ par abonné. Si un acheteur offrait le même prix aux actionnaires de Cogeco Câble, ils recevraient plus de 80$ par action.

La déception et les inquiétudes des investisseurs sont fondées.

Bernard Mooney

 

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