" Une loi du prix unique ferait baisser le prix des livres "

Publié le 04/09/2010 à 00:00

" Une loi du prix unique ferait baisser le prix des livres "

Publié le 04/09/2010 à 00:00

Par Alain McKenna

La Loi 51, qui a favorisé l'essor de l'industrie du livre au Québec, date de 30 ans déjà. Le moment serait-il venu de la dépoussiérer ?

Cette loi s'applique surtout aux achats collectifs et aux bibliothèques. Elle a favorisé le développement des librairies et de l'édition au Québec. C'est une loi très bien conçue, mais elle date de 1981. Il faut maintenant une nouvelle législation adaptée au phénomène des magasins à grande surface, car ceux-ci ne vendent que des best-sellers à des prix très réduits. Ça prend une loi du prix unique, tant pour les livres en version papier que pour ceux en version numérique. Amazon et Apple essaient d'imposer leur modèle, qui est fondé sur des prix très bas. Il faut une forme de régulation du prix des livres numériques avant qu'il soit trop tard.

Aux yeux des consommateurs, une politique de prix unique signifie des prix plus élevés. Est-ce le cas, en réalité ?

Non. Des chercheurs ont comparé l'évolution du prix des livres dans les pays qui ont adopté une telle politique et dans ceux qui ne l'ont pas fait. Leurs recherches montrent que l'absence d'une politique du prix unique entraîne une hausse du prix moyen des livres sur le marché. Ce qui se passe, c'est que des détaillants importants comme Costco et Walmart exercent une forte pression sur les éditeurs pour que ceux-ci gonflent le prix de leurs produits. Ainsi, les grands détaillants bénéficient d'une marge plus élevée pour offrir des livres au rabais. Cela fait baisser le prix d'une douzaine de livres à succès, mais les milliers d'autres livres finissent par coûter plus cher. Le consommateur en sort perdant. Après tout, on ne magasine pas un livre comme on magasine des tomates en conserve : on n'achète pas simplement un livre parce c'est le moins cher sur l'étalage. Un roman de Dany Laferrière, ça n'a pas d'équivalent.

Qu'est-ce qui empêcherait l'industrie du livre d'imposer elle-même une pratique du prix unique ?

Des éditeurs de livres scolaires et de guides pratiques s'opposent à cette formule. Ils réalisent la plupart de leurs ventes dans des grandes surfaces et disent protéger leur marché. Les éditeurs de livres pédagogiques s'opposent par principe. Cependant, avec l'émergence du numérique, ils pourraient y goûter eux aussi. Si on ne fait rien, l'avenir s'annonce sombre pour notre industrie.

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