" La théorie du libre marché a du plomb dans l'aile "

Publié le 09/01/2010 à 00:00

" La théorie du libre marché a du plomb dans l'aile "

Publié le 09/01/2010 à 00:00

Dans votre livre, vous dénoncez le rôle qu'ont joué les " utopistes économiques " dans le déclenchement de la crise financière. Qui sont-ils ?

Ce sont des économistes et des financiers déconnectés de la réalité, qui ont cependant influencé les politiques des gouvernements. Ils croient à l'infaillibilité du libre marché et en la capacité de la haute finance de s'autoréguler. Or, à la suite de la crise, plusieurs d'entre eux commencent à douter, en premier lieu Alan Greenspan, l'ancien président de la Réserve fédérale américaine. Devant un comité de la Chambre des représentants, M. Greenspan a admis que le marché libre pouvait mener à des catastrophes. D'ailleurs, quand les gens étudieront cette période dans le futur, ils diront que le constat de M. Greenspan a marqué le début de la fin de la domination des utopistes. Après tout, il est le représentant principal de cette théorie, à laquelle il a adhéré durant des années, qui a du plomb dans l'aile.

Vous dites que certains comportements rationnels provoquent des catastrophes. À quoi faites-vous allusion ?

À la rationalité irrationelle. Dans certains cas, il est rationnel de suivre le groupe, en investissant, par exemple, dans des prêts immobiliers à risque même si on sait que ces produits sont dangereux. Pourquoi ? Parce qui si une institution n'agit pas comme ses concurrentes, elle se privera de profits à court terme. Pour Charles Prince, l'ancien pdg de Citigroup, il était rationnel d'investir dans ces prêts à risque même si c'était une mauvaise chose pour l'économie américaine. Aujourd'hui, certains bonzes de Wall Street reconnaissent le danger de cette dynamique. Récemment, John Mack, le président du conseil d'administration de Morgan Stanley, a déclaré que Wall Street ne pouvait pas s'autoréguler à cause de la concurrence, et que c'était à Washington de le faire.

Vous dénoncez le principe du Too Big to Fail, qui fait en sorte que des banques sont devenues trop importantes pour faire faillite. Mais avons-nous vraiment le choix ?

Non, nous n'avons pas le choix, car le système financier pourrait s'effondrer. En revanche, les gouvernements doivent empêcher les banques de se retrouver dans une situation dangereuse en les encadrant davantage. Le Too Big to Fail a un effet pervers : quand les banques prennent des risques et qu'elles gagnent, elles empochent les profits, mais quand elles échouent, ce sont les citoyens qui paient la note.

( CV )

Nom: John Cassidy

Âge: 46 ans

Fonction: Journaliste économique

Entreprise: The New Yorker

Ce spécialiste en économie, qui a étudié à Harvard et à Oxford, a travaillé auparavant au Sunday Times de Londres et au New York Post.

francois.normand@transcontinental.ca

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