Vive les contraintes !

Publié le 26/10/2013 à 00:00

Vive les contraintes !

Publié le 26/10/2013 à 00:00

Dans cette page, il est question d'idées, de toutes sortes d'idées - claires, neuves, fortes, heureuses, etc. -, et surtout des personnes à l'origine de ces idées-là. Bref, le lab est une vitrine pour le talent créatif québécois.

La créativité naît des contraintes. En voici une preuve irréfutable. Je flânais récemment dans le Mile-End quand je suis tombé en arrêt devant une drôle de boutique sur Saint-Viateur Ouest : en vitrine, des magazines et des chaussures. Des magazines branchés comme Kinfolk (cuisine et style de vie) et Shoppinghour (art et philosophie). Et des chaussures tout aussi branchées que des Thorocraft et des éditions britanniques de New Balance. Bref, que de l'introuvable.

Intrigué par ce curieux mariage, j'ai demandé au propriétaire de la boutique Oxford, Nicolas Hamel, 26 ans, de m'expliquer d'où lui était venue cette idée. Et il m'a fait la fleur de me raconter son histoire, une histoire fascinante...

Il étudiait le marketing à HEC Montréal quand, un beau jour, un professeur l'a interpellé : «Nicolas, dans le fond, qu'est-ce que tu fais ici ?». Sur le coup, il est resté coi, puis le professeur a enchaîné : «Tu perds ton temps ici. Ton cerveau et tes idées s'exprimeront 1 000 fois mieux dehors. Lance-toi, tu verras !»

Et c'est ce qu'il a fait. Il a abandonné ses études, fermement décidé à vivre de ses passions. En 2011, il a ouvert une boutique consacrée aux paires de lunettes millésimées, Les Montures, sur Bernard Ouest. «Ça marche tellement bien que je suis en train de lancer ma propre ligne de lunettes, à l'allure rétro, sous la marque Les Montures», dit-il.

L'année suivante, l'envie lui a pris d'ouvrir une nouvelle boutique, cette fois consacrée à son autre passion, les chaussures. Il a trouvé en juillet le local sur Saint-Viateur Ouest et a filé s'inscrire à la mairie. Mais là, une difficulté imprévue l'attendait : la Ville n'autorisait l'ouverture que de certains types de boutiques (dépanneur, friperie, etc.) sur cette rue-là, et interdisait celle de tous les autres.

Entêté, Nicolas Hamel a exigé qu'on lui présente les règlements municipaux à ce sujet. «Trois jours plus tard, je suis revenu à la charge avec un nouveau concept, celui d'une boutique mixte, qui vendrait des chaussures et des magazines spécialisés, puisqu'il était possible d'ouvrir un kiosque à journaux. Ils ont été conciliants et m'ont donné le feu vert, à condition que l'espace consacré aux magazines soit supérieur à celui voué aux chaussures», raconte-t-il.

Voilà donc comment un concept original de boutique est né d'une forte contrainte. Un concept qui marche : «Souvent, les gens magasinent à deux, l'un repart avec une paire de chaussures et l'autre, avec un magazine qu'il a feuilleté», dit-il, en précisant que la boutique est bénéficiaire, même si les marges sont «ridiculement petites». Un concept qui séduit : «Un client américain m'a dit qu'il trouvait l'idée tellement géniale qu'il allait la copier à San Francisco», ajoute-t-il, flatté.

Nicolas Hamel est maintenant en train de devenir un entrepreneur en série, rebondissant de passion en passion. Sa dernière trouvaille ? Il a repris cet été le célèbre Jello Bar, à l'angle des rues Ontario et De Bullion, pour le transformer en Mme Lee, un bar resto lounge.

«Je voulais y ouvrir un resto, mais la Ville a refusé de m'accorder le permis parce qu'il y avait un restaurant juste à côté. J'ai alors demandé aux responsables la définition officielle de ce qu'était un resto, ce qui les a embêtés, car ils n'en avaient pas vraiment. Ils m'ont dit que la particularité d'un resto, c'était qu'il y avait une cuisine où on cuisait de la nourriture. Ça a fait tilt en moi : OK, pas de cuisine cuite, je vais donc servir de la nourriture crue ! Et, grâce à cette contrainte, me voilà aujourd'hui à la tête d'un resto à nul autre pareil», dit-il.

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