Après les difficiles mois de septembre, d'octobre et de novembre, les investisseurs se demandent si la Bourse recevra la visite du Père Noël pour amorcer la reprise qui survient souvent en fin d'année. Chose certaine, il faudra plus que des biscuits et un verre de lait chaud pour attirer le bedonnant personnage et sa réconfortante barbe blanche à Wall Street d'ici la fin de 2008.
Décembre est habituellement un mois favorable pour les marchés boursiers. Au cours des 10 dernières années, l'indice S&P/TSX de Toronto a progressé en moyenne de 3,2 % en décembre. Les experts doutent cependant qu'une reprise boursière de fin d'année ait lieu en 2008.
" Nous sommes inquiets pour la reprise de Noël, qui constitue pour nous un indicateur de la prochaine année sur les marchés boursiers ", écrit Jeffrey A. Hirsch, auteur de la lettre financière Stock Trader's Almanac.
Ce dernier soutient que depuis 1950, le rallye de Noël a offert un rendement moyen de 1,4 % à la Bourse américaine.
Selon cet historien de la Bourse, cette reprise commence le cinquième jour ouvrable avant la fin de l'année et s'étire sur une période de sept jours ouvrables. " Si, comme l'an dernier, le Père Noël refuse de se montrer le bout du nez, cela pourrait vouloir dire que le pessimisme sera de mise en 2009 ", écrit M. Hirsch.
En attente du plan de relance américain
Pour sa part, Myles Zyblock, stratège en chef chez RBC Marchés des Capitaux, ne croit pas que les investisseurs devraient porter une attention particulière au rallye de Noël.
Il estime qu'il s'agit d'un événement qui n'a aucun effet à long terme. Selon lui, les marchés seront très volatils jusqu'à ce que l'équipe du président américain désigné Barack Obama présente son plan de relance de l'économie, probablement au cours de la troisième semaine de janvier. " Les experts s'attendent à un plan de 500 à 700 milliards de dollars américains, et les investisseurs attendent de voir comment l'équipe Obama s'y prendra pour stimuler l'économie ", dit M. Zyblock.
RBC Marchés des Capitaux prévoit une croissance anémique de l'économie américaine au cours des deux ou trois prochaines années.
RBC souligne que seul un plan de relance agissant efficacement peut venir modifier cette prévision.
" Les États-Unis sont dans un cycle exceptionnel de démantèlement de l'effet de levier financier et se dirigent vers leur pire récession depuis le début des années 1980. Pour freiner le marché baissier, il faut une stabilisation de l'économie qui passe par le plan Obama ", dit M. Zyblock.
Martin Lefebvre, économiste principal chez Desjardins, fonde aussi de grands espoirs sur le plan économique de la prochaine administration américaine. " Lorsqu'on saura comment le plan sera mis en oeuvre, il sera plus facile de prévoir quand l'économie du pays pourrait sortir de la récession. C'est à ce moment qu'un rebond durable des indices surviendra ", dit-il.
M. Lefebvre soutient par ailleurs qu'un rebond durant la période des Fêtes n'est pas impossible, mais doute qu'il soit durable.
" L'assombrissement des perspectives économiques américaines et canadiennes, les problèmes du système bancaire et la crise de confiance des consommateurs sont des facteurs parmi tant d'autres qui feront en sorte que la reprise boursière se fera attendre pendant au moins six mois ", affirme M. Lefebvre.
L'alimentation pour refuge
Comme la crise semble loin d'être finie, Martin Roberge, stratège quantitatif chez Valeurs mobilières Dundee, recommande aux investisseurs qui ont privilégié les secteurs refuges comme l'alimentation, de conserver ces titres plutôt que de les vendre au profit d'entreprises cycliques.
denis.lalonde@transcontinental.ca
