LE PDG QUI GÈRE 8,2 MILLIARDS D'ACTIFS

Publié le 26/11/2011 à 00:00

LE PDG QUI GÈRE 8,2 MILLIARDS D'ACTIFS

Publié le 26/11/2011 à 00:00

Des MBA à l'honneur

Yvon Bolduc, Geoff Molson, Natalie Larivière... Ces dirigeants ont en commun d'avoir été désignés chacun à leur tour MBA de l'année. Les Affaires rend hommage à ces personnalités qui ont une influence sur la destinée de grandes organisations.

Discret et réservé, celui qui est honoré cette année par l'Association des MBA du Québec est peu connu du grand public. Pourtant, l'organisme qu'il préside est un moteur important de l'économie québécoise, avec 8,2 milliards de dollars d'actifs investis dans 2 129 entreprises. Retour sur la carrière d'Yvon Bolduc, président-directeur général du Fonds de solidarité FTQ.

Ses débuts au Fonds, Yvon Bolduc les fait en décembre 2002, en pleine tourmente, peu après l'éclatement de la bulle technologique. «Je voulais un défi, j'en ai eu tout un», dit-il en riant. En 2002 et 2003, le Fonds enregistre les premiers résultats négatifs de son histoire. À titre de premier vice-président aux investissements, Yvon Bolduc a la tâche de rectifier le tir. Il s'emploie donc à resserrer les critères d'investissement et à réviser l'évaluation du risque.

Mais sa réalisation la plus marquante, c'est la formation d'équipes multidisciplinaires. «À mon arrivée, le Fonds fonctionnait en silos. Les dossiers des entreprises passaient dans plusieurs départements, et les entrepreneurs se faisaient poser les mêmes questions plusieurs fois.» Yvon Bolduc forme des équipes d'investissement composées de professionnels d'horizons différents : fiscalistes, experts en relations de travail, etc. Chaque équipe se spécialise dans certains secteurs d'investissement et pilote les dossiers du début à la fin.

«Cette approche transforme tout, assure le dirigeant. Le processus est simplifié pour les entreprises et plus efficace dans son ensemble. Et il est reconnu que les équipes multidisciplinaires sont plus créatives.»

De l'armée aux affaires

Ce qui caractérise ce natif de Trois-Rivières, père de quatre enfants âgés de 16 à 24 ans, c'est sa détermination. Plus jeune, alors qu'il préside un club de natation local, il rêve de faire carrière dans le sport et de piloter des avions. Pendant qu'il termine un baccalauréat en sciences de l'éducation physique, il s'engage dans les Forces armées canadiennes, où il sera navigateur à bord d'avions de chasse et occupera différents postes d'officier. «L'armée m'a ouvert des horizons nouveaux», raconte celui qui se tient en forme aujourd'hui en s'entraînant dans un gymnase et en pratiquant la méthode Pilates. «J'ai découvert mes capacités et j'ai eu envie d'aller plus loin.»

À 27 ans, Yvon Bolduc retourne aux études. Il obtient un diplôme en droit de l'Université d'Ottawa ainsi qu'une maîtrise en administration des affaires. Puis, il est avocat chez Stikeman Elliott pendant cinq ans. Il souhaite cependant participer de l'intérieur au monde des affaires, se rapprocher de la prise de décisions, aller sur le terrain pour se frotter à la réalité. Il quitte la pratique du droit pour devenir vice-président aux affaires juridiques et secrétaire du Groupe Transcontinental, éditeur de Les Affaires.

Changement de cap

«Ce poste a été pour moi une véritable université des affaires», affirme Yvon Bolduc. Il souligne y avoir acquis une fine compréhension des interactions entre les aspects multidisciplinaires d'une entreprise en plus d'avoir contribué au développement de Transcontinental en pilotant plusieurs acquisitions.

Mais après dix ans à ce poste, il se sent prêt à sortir du cadre juridique pour assumer des fonctions plus larges. «Le monde des affaires est souvent compartimenté. J'étais identifié au secteur juridique. Afin de me débarrasser de cette étiquette, j'ai déménagé à Ottawa avec ma famille pour travailler chez Postes Canada.» De 2000 à 2002, il est vice-président au développement corporatif de cette société d'État.

L'homme de 57 ans est à la tête du Fonds depuis février 2006. Avec son équipe, il veut maintenant relever le défi de rajeunir les actionnaires. «Le Fonds existe depuis 29 ans. Les actionnaires vieillissent, c'est normal. Mais il faut aussi encourager les plus jeunes à investir.» Un plan d'action sera bientôt mis en &#339uvre.

Humble, Yvon Bolduc voit le fait d'avoir été désigné MBA de l'année comme une reconnaissance de ce que le Fonds de solidarité FTQ accomplit pour l'économie du Québec. «Sans le Fonds, je ne recevrais pas cet honneur-là», pense-t-il.

RÉUNION DE GRANDS NOMS

Yvon Bolduc est le 31e lauréat du prix MBA de l'année. L'Association des MBA du Québec (AMBAQ) veut ainsi honorer des MBA qui se sont illustrés en contribuant de façon significative au développement économique du Québec.

Par le passé, de grands noms du Québec inc. ont reçu cet hommage, comme Geoff Molson, Jacques Daoust, Stephen Jarislowsky, Natalie Larivière et Michel Coutu. «Ce sont des personnes qui occupent des positions influentes et qui sont respectés par leur entourage», précise Didier Rabette, président de l'AMBAQ. Le conseil d'administration sollicite des suggestions de noms auprès d'anciens lauréats et se réunit ensuite pour trancher. Il n'est pas nécessaire d'être membre pour être honoré... mais la plupart de ceux qui le sont signent ensuite le formulaire d'adhésion !

«L'objectif, c'est simplement de se faire plaisir en rendant hommage à un MBA qui a réussi, ajoute M. Rabette, directeur des ventes et du marketing du Domaine Château-Bromont. Évidemment, cela donne aussi de la visibilité au titre de MBA.» Le gala du MBA de l'année, qui est l'événement le plus prestigieux de l'Association, attire bon an mal an de 250 à 500 personnes.

CE QU'A FAIT LE MBA POUR YVON BOLDUC

«Le MBA ouvre bien des portes, mais ce que j'ai le plus apprécié, c'est qu'il m'a permis d'acquérir une vision d'ensemble des entreprises. Avec un MBA, on peut accéder à plusieurs fonctions. Quand le Groupe Transcontinental m'a recruté, il ne cherchait pas seulement un avocat. Il voulait quelqu'un avec une bonne tête d'affaires, avec une vision stratégique. Lorsque j'ai entrepris mon MBA, l'un des premiers conseils qu'un professeur a donnés aux étudiants était : «Allez où il y a des problèmes.» Ce conseil était tiré du livre Managing, d'Harold Geneen, un ancien pdg de ITT. Quand je suis entré au Fonds de solidarité FTQ, en 2002, je me suis rappelé ce conseil, car le Fonds enregistrait alors des pertes. Le MBA est une formation qui aide à affronter les problèmes, et les problèmes aident à former les dirigeants. En passant, l'ouvrage de Geneen, qui date de 1984, se trouve toujours à portée de main dans mon bureau.»

Yvon Bolduc

Âge : 57 ans

Titre : Pdg

Entreprise : Fonds de solidarité FTQ

Carrière : Il a commencé sa carrière à titre d'avocat chez Stikeman Elliott, en 1985, avant d'être tour à tour vice-président aux affaires juridiques et secrétaire du Groupe Transcontinental (1990), vice-président au développement corporatif chez Postes Canada (2000), et premier vice-président aux investissements, Fonds de solidarité FTQ (2002).

À la une

Des RH épuisés se rassemblent pour s'épauler

Mis à jour il y a 26 minutes | Catherine Charron

RHÉVEIL-MATIN. Pour se sortir la tête de l'eau, des professionnels créent des groupes de soutien.

Main-d'œuvre: les entreprises embauchent «plus que jamais»

Selon un nouveau rapport de STIQ, 48% des PME manufacturières ont connu une hausse d’au moins 5% de leurs effectifs.

Bourse: Wall Street termine en hausse, le Nasdaq à un record

Mis à jour le 14/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a quant à elle terminé dans le rouge.