La stratégie Wi-Fi de Shaw devra faire ses preuves

Publié le 10/09/2011 à 00:00

La stratégie Wi-Fi de Shaw devra faire ses preuves

Publié le 10/09/2011 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Le deuxième câblodistributeur au pays Shaw Communications cause une surprise en renonçant à implanter son propre réseau sans fil évolué en Alberta et en Colombie-Britannique. Il juge en effet que le rendement de l'investissement n'en vaut plus la chandelle, une décision qui divise les financiers.

La première décision stratégique de Bradley Shaw, 47 ans, président et chef de la direction de Shaw Communications (Tor., SJR.B, 21,59 $) depuis janvier, soulève davantage de questions qu'elle n'apporte de réponses.

L'accès Internet Wi-Fi n'a pas encore fait ses preuves comme source de revenus additionnels. Pour l'instant, l'américaine Cablevision, qui l'offre gratuitement à ses abonnés, réussit à freiner le taux de désabonnement à son service de câble, souligne Colin Moore, analyste chez Credit Suisse.

"Offrir l'accès Internet Wi-Fi à ses abonnés pour qu'ils regardent des vidéos à l'extérieur de leur maison à l'aide de leur tablette, de leur téléphone intelligent ou de leur ordinateur portable ne sera pas une source de revenus importante, mais c'est une stratégie défensive intéressante qui donnera plus de valeur à son service Internet", écrit M. Moore.

Seul le temps dira si l'absence d'un réseau sans fil nuira à la compétitivité de Shaw.

Entre-temps, l'entreprise a trouvé un moyen moins coûteux d'offrir la mobilité à ses clients, ajoute M. Moore.

"C'est une bonne utilisation de son capital à un moment où les fournisseurs de sans-fil doivent investir pour moderniser leur réseau, subventionner les appareils et participer à de nouvelles enchères de fréquences sans fil, tout en réduisant le prix de leurs forfaits", indique Jeffrey Fan, analyste chez Scotia Capitaux.

Pourquoi payer ?

Dvai Ghose, de Canaccord Genuity, ne croit pas à la promesse du Wi-Fi. "Pourquoi les internautes paieraient-ils Shaw pour avoir accès à son contenu télévisé quand ils peuvent visionner YouTube gratuitement chez Starbucks ? Les internautes veulent aussi être connectés tout le temps, partout où ils vont", écrit-il.

Shaw estime être à l'avant-garde des futures habitudes de consommation des internautes en déplacement. Elle mise sur le fait que la facture croissante d'utilisation des appareils sans fil pour l'accès Internet rebutera de plus en plus les consommateurs pour qui le Wi-Fi deviendra une solution de rechange.

Les analystes soupçonnent aussi Shaw d'avoir d'autres tours dans son sac. "Shaw pourra utiliser les fréquences sans fil qu'elle a achetées pour cinq provinces de l'Ouest en 2008 dans de futures négociations de partenariat", affirme M. Fan.

"La stratégie Wi-Fi ne ferme pas la porte à un éventuel partage de réseau avec Rogers ou encore à des transactions avec les nouveaux fournisseurs de sans-fil [tels que Wind, Mobility ou Quebecor], ajoute M. Moore, de Credit Suisse.

Des soutiens à court terme pour l'action

À court terme, l'action de Shaw tient relativement bien le coup en Bourse. En effet, la capacité de l'entreprise albertaine de verser son dividende annuel de 0,92 $ par action s'améliore, puisqu'elle n'aura plus à dépenser un milliard de dollars pour bâtir son propre réseau sans fil.

Shaw aura aussi plus de souplesse pour diminuer la dette qu'elle a contractée en acquérant le radiodiffuseur CanWest pour 2 milliards de dollars en 2010.

La spéculation que Shaw passe un jour aux mains de son rival Rogers Communications donne aussi de la valeur à l'action de Shaw, bien qu'une transaction soit très improbable, selon Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux.

Si renoncer à devenir le sixième fournisseur de sans-fil dans l'Ouest apparaît comme une sage décision d'affaires, c'est l'avenir de l'entreprise qui inquiète, étant donné l'importance qu'accordent de plus en plus les internautes à leur mobilité.

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