Impression de paresse à Québec

Publié le 26/03/2011 à 00:00

Impression de paresse à Québec

Publié le 26/03/2011 à 00:00

Comment a-t-on trouvé le dernier budget du gouvernement du Québec ? Pas à jeter à la poubelle, mais pas non plus à se jeter par terre. D'où la note de 7 sur 10 qu'on lui accordait la semaine dernière sur LesAffaires.com.

La bonne nouvelle, c'est que le gouvernement maintient le cap et est toujours déterminé à atteindre l'équilibre fiscal en 2013-2014. Après trois ans de travail, on devrait d'ailleurs, à pareille date l'an prochain, être en avance de 500 millions de dollars (M$) sur l'échéancier de retour à l'équilibre. La mauvaise nouvelle : le gouvernement a toujours de la difficulté à maîtriser ses dépenses. Et donne un peu l'impression de paresser.

Officiellement, le gouvernement plaide qu'il a atteint ses objectifs et qu'il contrôle maintenant ses dépenses. Il visait en effet une récupération de 972 (M$) sur deux ans, et a finalement récupéré 1 317 milliards de dollars (G$) en compressions diverses.

Malheureusement, les dépenses ont augmenté ailleurs, principalement en santé. De sorte qu'en 2009-2010, le gouvernement a dépassé sa cible totale de dépenses de 810 M$, et de 758 M$ pour l'exercice courant. Heureusement, les revenus ont été plus élevés que prévu pendant cette période.

L'an prochain - attachez bien votre tuque - le dépassement sera de 1,3 G$ (par rapport au budget de 2010), pour un total de près de 3 G $ sur trois ans. Ce n'est pas tout à fait ce que l'on entend normalement par " contrôler ses dépenses ". Il y a évidemment toutes sortes d'imprévus dans ces dépassements, mais administrer, c'est prévoir, et les imprévus doivent faire partie d'un budget.

Le gouvernement devait inscrire au budget des mesures s'élevant à 300 M$, dont l'objet était de diminuer son déficit. Il ne l'a curieusement pas fait et a préféré reporter le tout à l'an prochain. Ce n'est pas parce qu'on a 500 M$ d'avance sur son échéancier qu'on devrait se reposer. Le gouvernement pousse 300 M$ vers la dette, alors qu'il aurait pu l'éviter.

Même si rien n'est prévu, attendez-vous à plus d'action du côté des dépenses en cours d'année. Quelque chose nous dit que M. Bachand ne voudra pas se faire traiter de paresseux une autre fois l'an prochain...

Éliminer la règle des 15 ans

Pour aider à combler ces fameux 300 M$ (et le milliard qui manquera en 2014), voici une petite suggestion : mettre fin à la règle des 15 ans qui prévaut dans le régime d'assurance-médicaments.

En vertu de cette règle, le gouvernement rembourse pendant 15 ans le coût des médicaments d'origine à ceux qui en font la réclamation. Plusieurs médicaments se trouvent à être remboursés, alors qu'il existe des médicaments génériques beaucoup moins coûteux. La mesure visait à inciter les multinationales à faire de la recherche ici. En 2005, une étude économétrique avait conclu que la règle rapportait 37 M$ à l'État et lui en coûtait 25 M.

Surprise dans les plus récents crédits budgétaires : on découvre que son coût a encore grimpé de 20 % cette année et atteint maintenant... 193 M$. Pendant ce temps, Merck a sabré l'an dernier 180 emplois à son centre de recherches de Montréal et Pfizer, 150. L'effectif semble s'atrophier et la différence de coûts grimpe. Il y a probablement environ 150 M$ à récupérer ici.

Les frais de scolarité

Un mot sur les frais de scolarité en terminant. Ils grimperont de 325 $ par année sur cinq ans, ce qui rapportera 265 M$ net aux universités. Les étudiants verront leurs droits passer de 1 625 $ par année à près de 3 800 $, 30 % sous la moyenne nationale.

On demandait peu aux étudiants, on leur demandera bientôt trop. Du moins pour que le Québec maintienne son niveau de compétences universitaires à l'aube d'une pénurie de main-d'oeuvre spécialisée.

Il ne s'agit pas de nier que les universités québécoises aient besoin de nouvelles injections de fonds. C'est sur la hauteur que l'on discute. Toutes sources de financement confondues, les dépenses globales des universités d'ici représentent 1,94 % du PIB québécois, ou 29 242 $ par étudiant. Ailleurs au Canada, la moyenne est à 1,58 % du PIB, ou 28 735 $ par étudiant. Si on est à ce point sous-financé, comment se fait-il que l'on dépense déjà plus que les autres ?

françois.pouliot@transcontinental.ca

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