Certaines personnes vivent des chocs si importants qu'elles ne parviennent plus à fonctionner normalement par la suite. Il y a pourtant une lueur d'espoir. La doctorante en sciences neurologiques du Centre d'études sur le stress humain de l'Université de Montréal, Marie-France Marin, a découvert qu'on pouvait agir sur les hormones du stress pour atténuer, voire effacer, les mauvais souvenirs.
Elle a testé l'effet de la métyrapone sur la mémoire négative, celle des mauvais souvenirs. Ce médicament, utilisé contre les problèmes des glandes surrénales, réduit dans l'organisme le taux de cortisol, une hormone du stress.
L'étude, qui a fait grand bruit au printemps 2011, consistait à faire regarder à des volontaires des images difficiles, comme celles d'accidents, puis de leur administrer quelques jours plus tard le médicament ou un placebo. Résultat ? Les participants ayant reçu le médicament se souvenaient moins de ce qu'ils avaient vu que les participants qui avaient eu le placebo. Et cet effet persistait quatre jours plus tard, alors que le médicament n'était plus actif.
«Jusqu'ici, on croyait que les souvenirs des traumatismes étaient indélébiles, gravés pour toujours dans la mémoire, dit Mme Marin. Mon étude démontre au contraire qu'il est possible de diminuer ces mauvais souvenirs en faisant en sorte de réduire le stress au moment où les personnes se les remémorent.»
Cela pourrait remettre en question les façons d'intervenir auprès des gens ayant vécu des événements tragiques, selon la chercheuse de 28 ans. Par exemple, les séances de verbalisation en groupe pourraient faire plus de mal que de bien à certains, car elles peuvent générer du stress. «On ne devrait jamais obliger quelqu'un à y assister ou à parler», croit-elle.
Marie-France Marin effectue maintenant un postdoctorat à l'Université Harvard et au Massachusetts General Hospital de Boston pour vérifier sa théorie auprès de personnes ayant vécu de vrais traumatismes. «Mon rêve est ensuite de revenir au Québec et de décrocher un poste de professeure-chercheuse», dit-elle.
