Les plus récentes données sur la Chine placent sa croissance économique à 7,5%. De tels chiffres seraient fabuleux ici. Là-bas, on parle plutôt de faiblesse en redoutant le spectre d'une crise. Chose certaine, le prétendu appétit insatiable de la Chine pour les matières premières est en train de se calmer.
Ce n'est pas une bonne nouvelle pour le Québec. Pas plus que ne l'est le ressac qui frappe depuis quelques semaines, en Bourse, les titres des holdings de luxe - Burberry, LVMH, etc. Par extension, la demande mondiale de diamants risque de ralentir.
C'est en partie ce qui explique la décision de la minière Stornoway d'étaler son investissement dans le projet diamantaire Renard, au nord de Chibougamau, avec Investissement Québec comme partenaire minoritaire. L'action de l'entreprise était en baisse. Il fallait donc limiter les dépenses. Le chantier va toujours de l'avant, mais sans précipitation, à moins que les conditions du marché ne se raffermissent.
Le même phénomène guette-t-il les immenses projets du vaste territoire qu'on a appelé un temps le Nouveau-Québec ?
Il faudrait une crise planétaire pour faire dérailler les rêves et les ambitions de ce qu'il est convenu d'appeler le Plan Nord. Mais les vastes chantiers qu'on a évoqués diffèrent les uns des autres, et leur évolution sera certainement asymétrique. Certains vont progresser rapidement alors que d'autres pourraient être freinés. Ce sera du cas par cas.
Il n'y a tout de même pas péril en la demeure. Le Québec est toujours dans la mire de grandes sociétés minières. Son avenir, on l'a dit, passe par le Nord. Et il y a tant à bâtir !
D'où cette tournée que le Groupe Les Affaires organise pour familiariser une trentaine de dirigeants d'entreprises avec les occasions d'affaires qui s'offrent de la Côte-Nord à la baie d'Ungava. La Mission Grand Nord va s'envoler le 10 octobre. J'en serai. Et j'aurai le plaisir de vous raconter de jour en jour, sur LesAffaires.com, à quoi ressemblent ces territoires et, surtout, quel futur ils nous permettent d'entrevoir.
Un futur emballant, sûrement, mais pas nécessairement le Klondike instantané que d'aucuns voient dans leur soupe. Peu importe notre volonté d'assujettir les développements aux conditions que l'on voudra, un fait ne changera pas : quels qu'ils soient, les fournisseurs sont toujours tributaires de la demande. Nous sommes des fournisseurs, en droit d'encadrer les travaux à venir et d'en tirer des bénéfices légitimes, oui, pourvu que les investissements prévus se concrétisent.
Dans l'état actuel de l'économie mondiale, avec la fatigue qui accable les champions de jadis et la modération dont pourraient désormais faire preuve les puissances émergentes, il sera essentiel que le Québec joue prudemment ses cartes.
La faute à Pauline, vraiment ?
Aux États-Unis, les analystes voyaient l'aventure d'un mauvais oeil. Au Québec, la classe politique s'en est émue. Les marchands indépendants ne voulaient rien savoir. Finalement, c'est la conjoncture économique qui en aura eu raison : l'américaine Lowe's renonce - pour l'instant - à s'imposer sur le marché canadien avec l'acquisition de Rona, une transaction évaluée à près de 2 milliards de dollars.
Et déjà, des doigts accusateurs se pointent vers Pauline Marois et le programme nationaliste autant qu'interventionniste du PQ. Dans certains milieux du Canada anglais, comme dans le National Post, on n'a pas tardé à y voir la raison du retrait de Lowe's.
Mme Marois est mieux de s'habituer, ce n'est sûrement pas la dernière fois qu'elle va servir de prétexte, surtout que le PQ s'expose luimême à la critique en montant intempestivement le ton pour tout et pour rien.
Dans ce cas-ci, la vraie raison est ailleurs. L'affaire était devenue embêtante pour Lowe's, qui trouve l'occasion rêvée de se retirer sans perdre la face. Déjà, aux États-Unis, on s'étonnait de son offensive canadienne, alors qu'il fallait revoir la stratégie américaine et contrer Home Depot sur son terrain.
Y aura-t-il d'autres tentatives d'acquisition internationale, dans le domaine de la quincaillerie ou dans un autre ? Probablement, et ce n'est pas l'ombre du PQ qui va effrayer de grands acteurs s'ils voient de réelles occasions d'expansion. On ne pourra pas indéfiniment protéger de pseudo-symboles du Québec inc. en les chouchoutant contre les méchants étrangers. Le meilleur antidote aux prises de contrôle demeure une économie forte, aiguillonnée par la montée d'entrepreneurs sans peur et sans reproche.
DE MON BLOGUE
Politique française
Les cons ne sont pas toujours là où on pense
Le quotidien français Libération titrait, lundi matin, « Casse-toi, riche con », en apostrophant le milliardaire Bernard Arnault (photo). On le soupçonne de vouloir déménager en Belgique [...] C'est plate, mais les riches sont plus mobiles que les autres. Libération leur dit qu'il vaut mieux pour eux de partir, quitte à priver le gouvernement français des millions d'euros dont il a besoin.
Vos réactions
« Je ne suis pas d'accord avec l'argument selon lequel le fait de déménager sous des cieux plus fiscalement cléments est immoral. Le fait d'être riche n'est pas moral ou immoral en soi [...] Voler pour s'enrichir l'est. Investir les économies d'une vie, prendre le risque de tout perdre pour se réaliser, créer des emplois et faire avancer la société ne l'est pas. Quand sortira-t-on de ce foutu carcan de paroisse que l'argent, c'est péché ? » - phibeland
« Les riches sont tout simplement inutiles, car contrairement aux idées reçues, leur argent n'est pas injecté dans l'investissement productif. » - Olivier M.
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