"La rémunération n'a parfois aucun lien avec les résultats de l'entreprise"

Publié le 23/05/2009 à 13:47

"La rémunération n'a parfois aucun lien avec les résultats de l'entreprise"

Publié le 23/05/2009 à 13:47

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Doit-on abolir les bonis en période de récession quand actionnaires, petits et gros, souffrent ? Nous avons posé la question à Claude Boulanger, spécialiste de la rémunération des cadres chez Towers Perrin, et à Olivier Gamache, président d'un organisme-conseil en matière de gouvernance des sociétés cotées en Bourse. Voici leurs réactions.

Journal Les Affaires - Y a-t-il de l'exagération dans la rémunération des dirigeants ?

Olivier Gamache - Dans certains cas, les actionnaires n'en ont pas pour leur argent. On se rend compte que la rémunération n'a aucun lien avec les résultats de l'entreprise ou encore que celle-ci rémunère ses dirigeants en fonction de facteurs qui leur sont externes. Dans le marché pétrolier, quand le baril grimpe, les bénéfices et les primes sont faramineux. Quand le prix chute, les dirigeants conservent les mêmes rémunérations. Ils se disculpent en attribuant la baisse de l'action à des facteurs externes.

 

 

JLA - Devrait-on verser des primes quand le cours de l'action s'écroule ?

O.G. - Les primes au rendement liées à la valeur de l'action ne garantissent pas une meilleure gestion de l'entreprise. La hausse du prix de l'action est également liée à l'évaluation que les investisseurs font de l'entreprise. Ça peut être une composante d'un bon plan de rémunération dans lequel on se compare à un groupe de pairs. Les primes peuvent également être établies en fonction de l'atteinte de certains ratios financiers internes (par exemple, la croissance des ventes annuelles). Une combinaison de ces indicateurs est, pour nous, un gage d'une meilleure rémunération.

JLA - Sous quelles formes devrait-on verser les primes ?

O.G. - On privilégie beaucoup le paiement en argent ou en actions plutôt qu'en options. Les options ont tendance à créer un échéancier à très court terme pour que le gestionnaire crée de la valeur (par exemple, par une importante acquisition) peu de temps avant que ses options ne deviennent exerçables.

Contrairement aux options, l'octroi d'unités d'actions [titres équivalents à des actions ordinaires qui donnent droit à un paiement en espèces sous réserve de l'atteinte d'objectifs financiers] est souvent lié à un critère de rendement. De plus, plusieurs régimes obligent les dirigeants à conserver leurs unités d'actions à long terme.

Les options augmentent de 15 à 20 % le nombre d'actions en circulation dans le cas des plus petites sociétés. C'est de moins en moins fréquent, mais ça se voit encore. Pour la majorité des actionnaires que nous représentons, nous favorisons un taux de dilution de 5 %. Il était de 10 % auparavant.

JLA - Les grandes banques ont accepté de tenir un vote consultatif des actionnaires sur la rémunération des dirigeants. Quel est l'impact de cette mesure ?

O.G. - C'est une grande victoire. Les actionnaires ont désormais leur mot à dire. Ils peuvent s'opposer à des plans de rémunération qui s'adaptent à la conjoncture de façon à enrichir les dirigeants. En fin de compte, c'est aux propriétaires, les actionnaires représentés par le conseil d'administration, de dire si le dirigeant mérite ou non la rémunération pour l'année qu'il a faite. A. Dubuc

( CV )

Nom: Olivier Gamache

Titre: Pdg

Entreprise: Groupe Investissement Responsable

Titulaire d'un baccalauréat en administration des affaires de HEC Montréal, il a travaillé comme gestionnaire de portefeuilles. En mars 2007, lui et Pierre Beaucage ont racheté GIR à François Rebello.

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