Improviser, ça ne s'improvise pas

Publié le 17/04/2011 à 12:15, mis à jour le 06/01/2012 à 12:13

Improviser, ça ne s'improvise pas

Publié le 17/04/2011 à 12:15, mis à jour le 06/01/2012 à 12:13

Par Premium

Contrairement aux modèles conventionnels de créativité, le nôtre possède deux attributs distinctifs :

a. la préparation précède le processus de l’improvisation;

b. les stades sont «fluides», c’est-à-dire que la présentation du problème, la genèse de la réponse et l’exécution de celle-ci se produisent pratiquement en même temps.

En créativité compositionnelle, la préparation peut inclure l’apprentissage des compétences appropriées, et le fait d’obtenir l’information nécessaire pour exécuter la tâche. Par exemple, lorsque l’équipe d’une agence de publicité met sur pied une campagne pour un nouveau client, elle recherche souvent les campagnes précédentes, se renseigne sur l’industrie et compare le client à ses concurrents, avant de commencer à générer des réponses. Toutefois, en improvisation créative, une telle préparation est impossible parce qu’une action immédiate est nécessaire. Il faut à la place mémoriser une somme de connaissances ainsi que des routines rapidement accessibles et assez souples pour s’adapter aux exigences que requiert la situation. Ainsi, les musiciens de jazz étudient la théorie et apprennent des canevas communs avant de choisir le morceau qu’ils joueront lors d’un jam session. La naissance des idées qui serviront dans un solo et leur exécution se font simultanément. De la même façon, M. Hatsopoulos n’avait pas réfléchi à la réponse qu’il allait donner à son partenaire. Il livrait simplement ses idées au cadre de Ford au fur et à mesure qu’elles lui venaient à l’esprit, en se fondant sur la qualité de ses recherches, sa formation et son expérience.

Après la préparation vient le processus d’improvisation proprement dit. Au fur et à mesure que se déroulent les événements, et que les données deviennent disponibles, les actions se forment en conséquence et la nature même du problème peut également changer. De cette façon, les stimuli proximaux font deux choses : ils présentent le problème, et ils se transforment au gré des réponses et de leur exécution. Les résultats créatifs et improvisés sont innovateurs (ils sont divergents) et adéquats (ils répondent aux stimuli proximaux). Comme nous l’avons souligné précédemment, ces résultats peuvent constituer le résultat final, comme dans une improvisation de jazz, ou encore représenter les réponses possibles au sein d’un processus compositionnel, comme dans le brainstorming structuré utilisé chez Ideo.

Les éléments qui influencent l’improvisation créative diffèrent également quelque peu de ceux qui jouent dans le modèle componentiel conventionnel. En improvisation créative, il est nécessaire qu’avant l’action, un grand nombre de faits et de routines soient facilement accessibles et bien organisés. Contrairement à ce qui se passe en créativité compositionnelle, une telle expertise ne peut être obtenue après la présentation d’un problème. Comme l’improvisation se produit souvent en réaction à une crise, ou lors d’un imprévu, il est probable qu’une personne ou un groupe peu expérimenté improvise de façon peu créative dans de tels cas.

C’est qu’improviser n’est pas à la portée de tout le monde. Il faut être prêt à prendre des risques. Il faut aussi être motivé par la mission à accomplir. Il faut encore que l’environnement dans lequel évolue le groupe soit propice à l’innovation. Sans quoi, pas de place à la moindre improvisation.

Notre approche de l’improvisation souligne le fait qu’il est crucial d’avoir l’expertise nécessaire pour arriver à un résultat probant, et donc qu’il y ait une certaine forme de prédisposition avant de se lancer dans une improvisation. Et nous sommes convaincus qu’elle peut être d’un grand secours pour les entreprises, notamment losrqu’elles se retrouvent plongées dans une crise majeure, confrontées à un imprévu dangereux. Produire de bonnes idées vite et bien est nécessaire aujourd’hui pour grandir, ou tout simplement survivre.

*****

Colin M. Fisher est un doctorant en comportement organisationnel à Harvard… et trompettiste de jazz.

Teresa M. Amabile est professeure en management à la Harvard Business School.

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