Improviser, ça ne s'improvise pas

Publié le 17/04/2011 à 12:15, mis à jour le 06/01/2012 à 12:13

Improviser, ça ne s'improvise pas

Publié le 17/04/2011 à 12:15, mis à jour le 06/01/2012 à 12:13

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Miles Davis était le roi de l'improvisation. Photo : DR.

Connaissez-vous l’improvisation créative? Il s’agit d’une nouvelle méthode pour trouver des idées géniales, un peu à l'image de ce que sont capables de faire les musiciens de jazz…

Auteurs : Clin M. Fisher et Teresa M. Amabile | Rotman Magazine

Aujourd’hui, les créateurs qui trouvent des idées géniales tout seuls dans leur coin se font de plus en plus rares. Ils travaillent plutôt au sein de grandes organisations ayant un rayonnement mondial. D’où l’intérêt récent des chercheurs en management pour le domaine de la créativité en entreprise.

Cet engouement est né du champ de la psychologie, avec The Art of Thought, un ouvrage précurseur de Graham Wallas. Ce dernier y considérait qu’un processus créatif efficace doit reposer sur les quatre étapes suivantes :

1. La préparation, stade au cours duquel le problème à résoudre est déterminé, et où les données pertinentes sont relevées;

2. L’incubation, où le problème est mis en veilleuse pour laisser agir l’inconscient;

3. L’illumination, qui est le surgissement de l’idée ou de la solution;

4. La validation, où l’idée ou la solution sont évaluées et testées.

Depuis, l’analyse du processus de créativité a connu de nombreuses variantes. Ainsi, certaines accordent un rôle prépondérant au stade de l’incubation, alors que pour d’autres, l’illumination suffit à la génération d’idées. Mais en règle générale, les théories qui traitent du processus créatif comprennent des stades distincts et séquentiels qui vont de la compréhension du problème au développement de solutions créatives, en passant par le choix de solutions de rechange.

Dans le cadre de cet article, nous donnons à cette approche conventionnelle le nom de créativité compositionnelle. Celle-ci semble convenir pour différents aspects de la créativité en entreprise, comme la mise au point par étapes de nouveaux produits. Cependant, il existe une autre forme de processus créatif, où il ne semble pas y avoir des stades distinctifs dans le temps. C’est ce que nous appellons l’improvisation créative.

L’improvisation créative est un condensé de plusieurs stades du modèle conventionnel. En effet, pour improviser, on doit simultanément distinguer de nouveaux défis et générer des réponses dans un laps de temps très court. En fait, le processus d’improvisation constitue une seule et même étape, à savoir une réaction immédiate au problème rencontré. Pas de place, dans le cas présent, à la moindre préparation.

L’exemple de la musique est éclairant. Le saxophoniste de jazz Steve Lacy explique ainsi la différence entre composition et improvisation : «La différence, c’est que dans la composition, vous avez tout le temps que vous voulez pour décider ce que vous allez dire en 15 secondes, alors que quand vous improvisez, vous avez juste 15 secondes».

Les théoriciens de l’organisation se sont penchés récemment sur le rôle que joue l’improvisation au sein des entreprises, en s’inspirant parfois du jazz pour y trouver leurs concepts. Cependant, rares sont ceux qui ont pu faire des liens explicites avec les connaissances reconnues sur la créativité en entreprise. Certains d’entre eux ont défini l’improvisation comme «le degré auquel la composition et l’exécution d’une action convergent dans le temps»; «le procédé créatif et spontané qui vise à atteindre un objectif d’une façon innovatrice»; ou encore «la conception de l’action alors qu’elle se déroule, effectuée par une organisation et/ou par ses membres, en puisant à même les ressources cognitives, affectives et sociales disponibles». Dans chacune de ces définitions, on voit qu’un rôle central est accordé aux notions d’innovation et de temps.

L’improvisation doit impliquer la nouveauté et diverger d’une certaine façon des plans ou des conceptions précédents. Cette conception de l’action pendant qu’elle se déroule ne peut être revendiquée que si la réaction diverge d’une certaine façon des habitudes; sinon, ce n’est plus de l’improvisation. Et l’improvisation est «créative» si elle a pour but d’apporter une nouveauté, peu importe si celle-ci se révèle être une trouvaille ou un échec.

En pratique, l’improvisation implique souvent l’exécution de parties d’un matériau composé au préalable, et inversement, de nombreuses compositions sont partiellement produites grâce à des moments d’improvisation. Ainsi, l’improvisation et la composition reposent souvent sur un «vocabulaire» de petits morceaux d’action – qu’on appelle des «ready mades» dans le théâtre d’improvisation, ou des «licks» en jazz – qui introduisent des éléments qui ne sont pas nouveaux en soi.

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