Dans quelques mois, Simon Thibault se rendra au Chili pour y voir enfin le fruit de son travail, une caméra unique au monde.
Depuis deux ans, il s'affaire au développement d'une caméra qui sera intégrée au télescope de l'observatoire international Gemini. Cette caméra permettra de prendre des images de planètes extrasolaires, en orbite autour d'une étoile autre que le soleil. " Le défi était de développer une caméra qui bloque la luminosité de l'étoile sans nuire à celle de la planète ", explique le titulaire de la nouvelle Chaire de recherche industrielle du CRSNG en conception optique de l'Université Laval.
La caméra, pourvue des dernières technologies en matière d'imagerie multispectrale, a été développée en collaboration avec l'Université de Californie. Sa livraison se fera au cours des prochaines semaines.
" La recherche a contribué à l'éclosion d'une nouvelle génération de dispositifs d'imagerie et d'éclairage ", note le professeur du Département de physique, de génie physique et d'optique.
Des images à 3600
Le diplômé en génie physique de l'Université Laval et détenteur d'un doctorat en instrumentation et conception optique s'y intéresse depuis près de 20 ans. Il a aussi travaillé avec ImmerVision, de Montréal, pour développer une technologie optique brevetée permettant un champ de vision à 360 degrés.
Cette technologie associe des algorithmes logiciels et des lentilles panomorphes qui permettent de capter, de traiter et de visualiser des photos et des vidéos à 360 degrés. L'entreprise vise notamment les marchés de la sécurité, des téléphones portables, de l'automobile ou de l'industrie médicale.
La conception optique est " au coeur d'importants progrès réalisés ces dernières années en arts visuels, mais aussi en médecine, en télédétection, en astronomie et en sécurité ", souligne Simon Thibault, qui a été aussi responsable du programme de conception optique à l'Institut national d'optique.
Meilleure résolution
Il cite en exemple le développement de caméras numériques grand angle, dont un nombre croissant de véhicules sont munis et qui aident à reconnaître les panneaux de signalisation, à détecter des obstacles ou à reculer en toute sécurité.
Dans plusieurs villes, on étudie la possibilité d'installer des caméras panoramiques à certaines intersections importantes pour mieux synchroniser les feux de circulation et réguler le trafic.
Dans les aéroports, les métros ou autres lieux publics, " l'utilisation de caméras grand angle donne un champ de vision élargi ce qui assure une meilleure sécurité ", dit-il. Dans le domaine médical, l'optimisation de la capacité optique des instruments et des équipements laissent présager de meilleurs diagnostics.
Cependant, le succès de ces instruments optiques repose sur la nécessité d'avoir des images claires et précises. Les travaux de la chaire visent justement " à améliorer la résolution des images qui sont prises par des appareils de plus en plus petits. "
L'éclairage intelligent
La technologie des lumières à diodes électroluminescentes (DEL) est un autre champ d'application de la conception optique dans la mire des chercheurs de la Chaire.
Mis en marché dans les années 1960, mais trop chère pour l'utilisation de masse, la technologie DEL a beaucoup évolué ces dernières années, au point d'être maintenant considérée comme la source de lumière de l'avenir.
Des façades d'édifices et des tunnels sont aujourd'hui éclairés grâce à ces dispositifs d'éclairage, aussi utilisés pour des enseignes commerciales et des phares d'automobiles.
" Nous commençons à peine à explorer les nombreuses applications éventuelles des DEL ", note Simon Thibault, qui voit notamment poindre l'ère de l'éclairage urbain intelligent.
Les DEL permettraient notamment d'avoir un système d'éclairage des voies publiques qui adapte l'intensité lumineuse en fonction de paramètres tels que la fréquentation de la rue, l'heure ou la température. " L'éclairage pourrait s'ajuster quand la luminosité ambiante est plus forte, les soirs de pleine lune par exemple, ou selon les reflets de la neige. "
Mais certains éléments sont inconnus, auxquels s'attarde la Chaire de recherche. " Il y a encore peu de données disponibles sur les effets du climat sur la dégradation des DEL ", dit Simon Thibault.
Réduire les coûts d'énergie
La Chaire de recherche travaille aussi à un projet-pilote qui, en combinant des systèmes de télédétection haute performance à un type d'éclairage à la fine pointe de la technologie, allume uniquement les lampes situées au-dessus des espaces libres d'un stationnement au moment où un automobiliste y accède.
L'utilisation des lampes DEL pour l'éclairage des rues et stationnements " a l'avantage de diminuer les coûts en énergie ", dit M. Thibault, en précisant que ces lumières consomment peu d'énergie.
Par exemple, les DEL utilisent la moitié de l'énergie requise par un feu de circulation traditionel. Leur durée de vie plus longue permet aussi de réduire les coûts d'entretien et de la main-d'oeuvre liés au remplacement continuel des ampoules ordinaires.
