Femmes aux commandes: Inscrivez fièrement «serveuse»dans votre CV


Édition du 14 Juin 2014

Femmes aux commandes: Inscrivez fièrement «serveuse»dans votre CV


Édition du 14 Juin 2014

Comment les gens ont-ils réagi à cette « fermeté affectueuse » à vos débuts ?

Ils m'en voulaient. Peut-être parce que j'étais jeune et que nous étions de la même génération. On doit composer avec cela quand on est jeune et qu'on dirige des personnes de son âge ou plus âgées. Selon moi, ça devient plus facile avec le temps, et ça l'est pour moi depuis que j'ai vieilli. Les gens l'acceptent beaucoup mieux. Mais pour un jeune dirigeant, il est extrêmement difficile, à mon sens, de faire accepter son autorité. Aujourd'hui, j'essaie d'y aller en douceur avec les gens, mais je n'ai pas à m'excuser : quand on dirige une entreprise, il faut prendre des décisions difficiles. Tout doit être à son meilleur. Si quelqu'un peut faire le travail mieux que vous, la tâche doit lui revenir. Moi, je veux que ce soit le cheval le plus fort qui tire la carriole en haut de la colline. Et c'est tout.

Qu'y a-t-il d'inhabituel à propos de la culture de votre magazine ?

J'essaie de créer une culture très réceptive aux idées de l'équipe. Mais j'ai appris quelque chose à propos des réunions, par essai et erreur. J'avais l'habitude de tenir de grandes réunions, où je rassemblais tout le monde. Après six mois, j'ai compris que l'ambiance ressemblait très vite à celle d'une cafétéria d'école secondaire. Il y a les femmes alpha. Deux d'entre elles, de grandes amies, parlent et forcent tout le monde à se taire. Les autres ne disent pas un mot - on croirait qu'ils sont devenus muets - et aucune nouvelle idée ne surgit. Je suis donc très stratégique quant à la façon dont je rencontre le personnel. Je suis la politique de la porte ouverte. Je passe surtout ma journée à rencontrer mon équipe, une ou deux personnes à la fois. Tout au long de la journée, les gens entrent et sortent de mon bureau. Nous échangeons des idées, et personne ne se sent agressé.

Quelles qualités recherchez-vous chez les candidates à un poste ?

Je m'efforce d'avoir un aperçu de leur éthique de travail. J'aime vraiment les gros travailleurs ! Et je cherche aussi des gens à l'esprit entrepreneurial. Certains des postes que j'offre exigent ce genre d'attitude, mais j'aime que tout le monde ait une mentalité entrepreneuriale. J'aime les gens qui n'ont pas peur de la notion de nouvelles entreprises.

Comment décelez-vous leur éthique de travail ?

En partie grâce à leur curriculum vitae. Je peux aussi appeler à l'endroit où ils ont fait leur stage et vérifier comment ils s'en tiraient. Mais j'ai aussi découvert que si on demande à une personne pendant son entrevue : « Êtes-vous une personne matinale ? » la vérité se lit sur son visage, quelle que soit sa réponse.

Comme je le disais, ça ressort aussi dans le CV. Quand je rencontre une femme qui a été serveuse pendant plusieurs étés, je lui demande de m'en parler. Dans les CV gonflés qu'on reçoit de nos jours, on ne voit pas toujours ça. Souvent, je reçois des jeunes qui n'ont jamais eu d'emploi. Moi, j'aime voir quelqu'un qui a servi de la crème glacée ou qui a travaillé comme serveuse. À mes yeux, cette personne-là a dû gagner de l'argent, et en plus, elle a travaillé avec le public. Comment c'était ? Racontez-moi.

J'ai déjà eu des emplois de ce genre. Je respecte ça. Je respecte toutes les formes de travail, mais je n'en vois plus autant dans les CV d'aujourd'hui. Et quand je reçois quelqu'un qui a occupé ce genre de poste, ça ne signifie pas nécessairement qu'il a une bonne éthique.

Amy ASTLEY a été choisie par Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue, pour lancer Teen Vogue - la version pour adolescentes du célèbre magazine de mode - en janvier 2003. Cette publication compte aujourd'hui plus d'un million de lecteurs. Désignée par

Forbes comme une des rédactrices en chef les plus influentes dans le domaine de la mode aux États-Unis, Amy Astley avait rejoint

Vogue en 1993, où elle était rapidement devenue rédactrice en chef des pages Beauté. Auparavant, elle avait travaillé à House & Garden pendant quatre ans. Au début de la vingtaine, elle a commencé sa carrière comme assistante-décoratrice.

Adam Bryantest journaliste au New York Times.

ADAPTÉ DE : The New York Times

The New York Times compte plus de 700 000 lecteurs quotidiens de sa version papier, et 896 000 lecteurs sur son site, www.nytimes.com. La mission de l'entreprise [The New York Times Company] est d'améliorer la société en générant et en distribuant une information de grande qualité.

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