La finance durable sauvera-t-elle le capitalisme ?


Édition du 30 Novembre 2013

La finance durable sauvera-t-elle le capitalisme ?


Édition du 30 Novembre 2013

Par Diane Bérard

Le marché du capital social

Il s'agit de piger parmi les outils, les stratégies et les instruments propres au secteur financier pour résoudre les grands défis de l'humanité. Nous sommes dans l'univers des entreprises sociales. Celles-ci adoptent plusieurs structures : B Corp (entreprises à but lucratif certifiées pour leur haute performance sociale et environnementale), OBNL, entreprises à but lucratif, etc. Mais leur mission va toujours au-delà des rendements financiers. Les entreprises sociales remplissent une demande à laquelle les États n'ont plus les moyens de répondre et que la philanthropie ne peut satisfaire à une échelle suffisante, ajoute Andrew Tyndale, cofondateur du fonds Grace Mutual.

L'Australien a été banquier pendant 25 ans, jusqu'à ce que son employeur soit acculé à la faillite par la crise de 2008. «J'ai décidé de mettre mes compétences au service d'un autre marché, celui du capital social.» M. Tyndale est désormais banquier d'affaires pour le secteur des entreprises sociales. Il élabore des produits sur mesure destinés à recueillir des investissements d'impact dans l'immobilier. Tel un projet de logements de 20 M $ destinés aux aînés. Le promoteur a déjà recueilli 12 M $, le produit imaginé par Andrew Tyndale doit permettre de recueillir les autres 8 M $. Lorsqu'un projet immobilier pour aînés vise une clientèle fortunée, il s'agit d'un investissement traditionnel. Lorsqu'il s'adresse à une clientèle à faible revenu, le projet peut être considéré comme un investissement d'impact.

Il en va de même pour la création d'emplois. Le projet qui s'adresse à une clientèle fragile ou marginalisée rejoint l'esprit de l'investissement d'impact. Ce type d'investissement n'est pas lié à une catégorie d'actif en particulier. «C'est plutôt la mission que l'on confère à l'argent qui détermine s'il s'agit d'investissement d'impact», explique Adam Spence, directeur du MaRS Centre for Impact Investing, à Toronto.

Un placement traditionnel se limite au rendement financier. Il ne mesure pas nécessairement son impact positif ou négatif, poursuit M. Spence. L'investissement d'impact, lui, a une obligation de fournir des résultats extrafinanciers.

«Nos placements se dirigent là où il existe une demande, insiste l'Américain Ron Cordes, gourou de la finance et pionnier de l'investissement d'impact. Contrairement aux investissements classiques, nous n'essayons pas de créer la demande. D'ailleurs, seuls les investissements d'impact de mon portfolio ont résisté à la crise de 2008.»

En 2006, après la vente de sa société, AssetMark Investment Services, Ron Cordes a créé la Cordes Foundation, qui privilégie l'investissement d'impact.

Les trois types d'investisseurs d'impact

Les fondations sont l'un des trois groupes cibles d'investisseurs d'impact. Celles-ci ont beaucoup d'argent à investir et elles cherchent des placements en accord avec leurs valeurs. Il en va de même des personnes fortunées, qui constituent le deuxième groupe. Plusieurs cherchent une formule hybride, entre le don et la Bourse. Après le concept de consommateur responsable se dessine, lentement, celui d'épargnant responsable.

Les caisses de retraite aussi explorent le capital social - un terme générique qui inclut l'investissement d'impact - pour diversifier leur risque. Pour celles-ci, comme pour plusieurs grands et petits investisseurs, la désillusion post-2008 est au rendez-vous.

«Pendant la crise, seuls les produits financiers non corrélés aux marchés boursiers n'ont pas chuté», rappelle Rosalie Vendette, conseillère principale, investissement socialement responsable, au Mouvement Desjardins. «On note un désir croissant d'explorer des catégories d'actifs autres que celles qui ont engendré et perpétué la crise financière», peut-on lire dans «Social Finance Awareness and Opportunities in the Canadian Financial Sector», rapport des sociétés torontoises Venture Deli et Purpose Capital.

Si les Québécois ont peu entendu parler d'investissement d'impact, plusieurs connaissent le concept d'investissement responsable. Ce type d'investissement intègre des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans la décision de placement. L'investissement d'impact est une des stratégies d'investissement responsable, explique Rosalie Vendette. Même le gouvernement chinois s'y met... «La Chine a investi dans le fonds que nous avons créé avec André Agassi pour bâtir des écoles dans les milieux défavorisés, raconte l'Américain Bobby Turner, de Canyon Capital Realty. Beijing veut que les Américains soient éduqués pour qu'ils s'enrichissent et puissent acheter leurs produits.» Avec Ron Cordes, Bobby Turner est un des ténors américains de l'investissement d'impact. Ils ont tous deux participé à la Milken Institute Global Conference 2013, à Los Angeles, à laquelle Les Affaires a assisté. Bobby Turner et Ron Cordes ont expliqué aux participants comment ce secteur passe à la deuxième phase.

Deuxième phase : bâtir l'écosystème

À la une

Apple autorise un programme de rachat d'actions de 110G$US

Mis à jour le 02/05/2024 | AFP

Apple a réalisé un chiffre d’affaires de 90,75G$US lors des trois premiers mois de l’année.

Bourse: Wall Street rassurée par la Fed

Mis à jour le 02/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a quant à elle progressé de plus de 90 points.

Bourse: les gagnants et les perdants du 2 mai

Mis à jour le 02/05/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.