Entrevue n°223: Joe Kiani, pdg et fondateur, Masimo


Édition du 25 Octobre 2014

Entrevue n°223: Joe Kiani, pdg et fondateur, Masimo


Édition du 25 Octobre 2014

Par Diane Bérard

D.B. - C'est un article du Wall Street Journal qui a changé la donne...

J.K. - Ce quotidien a mené une enquête de deux ans sur les pratiques d'approvisionnement des hôpitaux. Mais ils ne pouvaient pas la publier, car personne n'osait témoigner à visage découvert. J'ai accepté de le faire. C'était la pièce manquante pour que le journaliste publie sa série de reportages. Le premier est paru en mars 2002. Peu après, le Sénat m'a demandé de témoigner. Il en est sorti que 70 % des hôpitaux américains étaient inaccessibles aux Masimo de ce monde. L'accès à ces hôpitaux était contrôlé par une poignée de fournisseurs. En 2003-2004, les GPO ont promis au gouvernement qu'ils en accepteraient de nouveaux. En un an, les ventes de Masimo ont été multipliées par dix : de 10 millions de dollars à 100 M$. Et d'autres fournisseurs, jusque-là bloqués, ont pu s'ajouter à la liste des GPO.

D.B. - Vous avez choisi de donner accès à votre technologie à vos concurrents. Pourquoi ?

J.K. - Nous vendons nos technologies complètes nous-mêmes. Mais nous avons aussi choisi de vendre la puce et le capteur à tout fabricant d'équipement médical qui désire l'intégrer à sa propre technologie ; GE et Philips, par exemple, les ont ajoutés à leurs appareils de suivi du patient. Cette stratégie nous apporte plus de volume et plus de revenus. Mais il n'y a pas que l'argent. C'est une question de valeurs. Souvenez-vous de ce que je vous ai dit à propos de ma mère et de son désir de soulager la souffrance. Ma technologie est reconnue comme étant la plus performante sur le marché. En la rendant accessible à un plus grand nombre de fournisseurs, je rejoins plus de patients. Depuis le lancement de Masimo, notre technologie a permis de suivre plus de 100 millions de patients dans 120 pays. En 2014, par exemple, Masimo a ouvert un bureau de vente en Inde. Nous étions déjà présents dans certaines cliniques. Il s'agit cette fois d'une offensive systématique dans un marché très prometteur.

D.B. - Après votre bataille pour réformer le système d'achat des hôpitaux américains, vous vous êtes attaqué au système des brevets. Quel était le problème ?

J.K. - Le système des brevets a été réformé en 2011. On a voté le Leahy-Smith America Invents Act. Cette loi pénalise les petites sociétés et les petits inventeurs. Je n'ai pas pu tout changer, mais j'ai arraché quelques victoires pour les plus petits afin qu'ils puissent innover eux aussi. Par exemple, il n'est pas nécessaire de publier le détail d'un brevet avant qu'il ne soit accordé. Cela limite les risques de copie. Lorsque vous avez peu de moyens, cela change énormément les choses. Nous avons aussi éliminé l'autorisation d'une seconde poursuite. Désormais, une société ne peut pas en poursuivre une autre lorsque le brevet a été accordé.

D.B. - Qu'est-ce que l'iSpO2 ?

J.K. - C'est le premier moniteur de pouls, rythme cardiaque et niveau d'oxygène dans le sang offert au grand public. Nous l'avons lancé l'an dernier, au Consumer Electronics Show. Il fonctionne sur les iPhone et iPad ainsi qu'Android.

D.B. - Pourquoi l'iSpO2 représente-t-il la prochaine étape pour Masimo ?

J.K. - Les technologies Masimo ont toujours été présentes dans les hôpitaux et les cliniques médicales. Mais cela ne suffit pas pour atteindre notre objectif. Il faut surveiller les signes vitaux à l'extérieur du système médical. Ainsi, lorsqu'un patient entre à l'hôpital, il peut donner au personnel une information qui pourrait lui sauver la vie. Prenez le cas des intoxications au monoxyde de carbone. Les symptômes peuvent ressembler à ceux de la grippe ou d'un empoisonnement alimentaire. Ma famille et moi en avons été victimes dans une chambre d'hôtel. L'iSpO2 nous a permis de le dire aux médecins. Près de 43 000 Américains se présentent aux urgences empoisonnés au monoxyde de carbone et 3 800 en meurent. Masimo contribue à réduire le nombre de victimes.

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