Le Canada devrait s'opposer à la vente de Potash, croit Stephen Jarislowsky

Publié le 24/09/2010 à 08:02, mis à jour le 24/09/2010 à 11:32

Le Canada devrait s'opposer à la vente de Potash, croit Stephen Jarislowsky

Publié le 24/09/2010 à 08:02, mis à jour le 24/09/2010 à 11:32

Par Stéphane Rolland

Stephen Jarislowsky, président du conseil de Jarislowsky Fraser. Photo : Lesaffaires.com

Le gouvernement canadien devrait s’opposer à la vente de Potash Corp. à des intérêts étrangers, croit Stephen Jarislowsky, président du conseil de Jarislowsky Fraser, dont la société est un important actionnaire de Potash avec 8,82 millions d’actions. M. Jarislowsky a expliqué à lesaffaires.com pourquoi il pense ainsi.

Êtes-vous en faveur de la vente de Potash à BHP Billiton?

Non, ce genre de transaction complique la tâche des caisses de retraite. Pour avoir un portefeuille diversifié, les gestionnaires ont besoin d’entreprises canadiennes présentes dans tous les secteurs. Lorsque de grands joueurs d’une industrie s’exilent, nous n’avons pas le choix d’accroître nos investissements à l’étranger. Nos portefeuilles sont donc plus fragiles à la variation des devises étrangères alors que notre passif, lui, est comptabilisé en dollar canadien.

Le premier ministre de la Saskatchewan a émis des doutes sur les bénéfices que retirerait sa province d’une éventuelle acquisition de Potash par des étrangers. Quel serait l’impact de cette transaction sur l’économie canadienne, selon vous?

Je crois que le Canada n’a pas à se priver d’un aussi important siège social qu’est celui de Potash. Lorsque de grandes sociétés déménagent, nous perdons des talents qui contribuent à leur communauté. C’est ce qui est arrivé à Montréal, où plusieurs entreprises ont déménagé depuis 50 ans. Cette mise en garde est d’autant plus vraie lorsqu’il s’agit d’une entreprise qui exploite des ressources naturelles. Celles-ci devraient demeurer entre les mains des Canadiens.

Ne serait-il pas plus juste pour nos partenaires étrangers de donner libre cours au marché?

Aucun État ne permettrait à une entreprise étrangère de mettre la main sur ses ressources naturelles. L’Australie [où est situé le siège social de BHP, NDLR] ne le permettrait pas; la Chine [dont les sociétés d’État se préparent à faire une contre-offre sur Potash, NDLR] le permettrait encore moins. En fait, personne ne l’autoriserait que ce soit les Saoudiens, les Français ou les Allemands. Même aux États-Unis, on s’opposerait à une telle transaction.

Vous opposerez-vous à la transaction?

Je parle à titre personnel comme un observateur de l’économie canadienne. En tant que fiduciaire, j’ai la responsabilité d’obtenir le meilleur prix pour mes clients. Si les actionnaires veulent vendre, nous allons le faire.

Le prix offert par BHP est-il assez élevé, selon vous?

Non, à 130$ le titre, c’est un prix assez bas. Il n’y a pas si longtemps le titre valait plus de 200$. De plus, la potasse est nécessaire à l’industrie agricole et la demande s’accroîtra.

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