La Loi sur les nouvelles en ligne sonne-t-elle «l’heure de vérité» pour les éditeurs?

Publié le 07/07/2023 à 16:53

La Loi sur les nouvelles en ligne sonne-t-elle «l’heure de vérité» pour les éditeurs?

Publié le 07/07/2023 à 16:53

Par La Presse Canadienne

En réponse à la législation connue sous le nom de projet de loi C− 18, Meta et Google ont déclaré qu’elles retireraient de leurs sites les nouvelles des médias canadiens avant l’entrée en vigueur de la loi. (Photo: La Presse Canadienne)

TORONTO — L’abandon par Meta et Google des liens vers les sites d’actualités canadiens sonne «l’heure de vérité» pour les éditeurs et les diffuseurs, qui se sont fortement appuyés sur les médias sociaux pour accroître leur audience, estiment des experts en marketing et en journalisme.

Ceux−ci croient que la Loi sur les nouvelles en ligne, qui obligera les géants du numérique à payer les médias pour le contenu qu’ils partagent ou réutilisent sur leurs plateformes lorsqu’elle entrera en vigueur plus tard cette année, pourrait susciter de nouvelles discussions sur la façon dont les éditeurs commercialisent leur contenu et interagissent avec le public.

«C’est l’heure de vérité pour les marques qui veulent soutenir l’intérêt public et veulent être vues, mais ne veulent pas être vues sur des plateformes perçues négativement par le public», a observé Courtney Radsch, directrice du Center for Journalism and Liberty, un groupe de réflexion établi à Washington, DC.

En réponse à la législation connue sous le nom de projet de loi C− 18, Meta et Google ont déclaré qu’elles retireraient de leurs sites les nouvelles des médias canadiens avant l’entrée en vigueur de la loi.

Certains utilisateurs, dont Brodie Fenlon, rédactrice en chef de CBC News, ont indiqué avoir déjà vu des publications de marques d’information canadiennes disparaître des plateformes Instagram et Facebook, deux propriétés de Meta, ce qui pourrait réduire l’empreinte de l’entreprise.

CBC News, par exemple, compte 663 000 abonnés Instagram et 3,1 millions d’abonnés Facebook.

En réponse à de telles mesures, les marques de Bell Média, dont CTV et BNN Bloomberg, ont publié des déclarations sur Instagram recommandant aux personnes à la recherche de leurs nouvelles de consulter directement leurs sites web ou de visiter leurs applications. CBC News a incité les lecteurs à faire un geste similaire plus tôt cette semaine.

Le propriétaire du «National Post», Postmedia, s’est joint vendredi au propriétaire du «Toronto Star», Torstar, au propriétaire de TVA et de Vidéotron, Québecor, et au diffuseur Cogeco pour suspendre sa publicité sur les plateformes de Meta.

«Il n’y a pas de plus grande preuve du besoin critique de cette loi à l’heure actuelle que les mesures prises lors de son adoption», a observé le chef de la direction de Postmedia, Andrew MacLeod, dans un communiqué de presse.

Le gouvernement fédéral, ainsi que la province de Québec et la Ville de Montréal, ont également annoncé leur intention de mettre fin à leur publicité sur les plateformes Meta.

La succession de décisions soulève plusieurs questions, a noté Joanne McNeish, professeure spécialisée en marketing à l’Université métropolitaine de Toronto.

«Est−ce l’occasion pour les salles de presse de renouer avec les lecteurs avec un lien direct?» a-t-elle demandé.

«Cela représente-t-il une occasion pour les salles de rédaction de créer leurs propres plateformes d’actualités, éventuellement partagées par l’industrie? À quoi pourrait ressembler le modèle de revenus pour prendre en charge une plateforme d’actualités en ligne?»

Revenus en baisse pour les médias

Les entreprises de presse ont longtemps compté sur les abonnés, les téléspectateurs et les annonceurs pour générer des revenus, mais ces dernières années, chacune de ces sources a diminué.

Selon le groupe de recherche universitaire Canadian Media Concentration Research Project, Google et Facebook représentaient collectivement, en 2021, 79% des revenus publicitaires en ligne, alors estimés à 12,3 milliards $, et plus de la moitié des dépenses publicitaires totales dans tous les médias.

En ajoutant Amazon au portrait, le groupe indique que les trois conglomérats numériques américains représentent près de 90% du marché de la publicité en ligne.

Médias d’info Canada a ajouté que les revenus publicitaires des journaux communautaires du pays sont passés de 1,21 milliard $ en 2011 à 411 millions $ en 2020. Au cours de cette période, près de 300 journaux ont disparu ou ont fusionné avec d’autres publications.

Paul Deegan, président et chef de la direction de l’association professionnelle, a souligné que «Google et Meta (étaient) des canaux importants pour rejoindre le public».

Cependant, il a précisé, dans un courriel, que «bloquer l’accès aux informations factuelles et vérifiées des éditeurs faisant autorité nuisait à l’expérience utilisateur et dévaluait et dégradait les plateformes».

Il est convaincu que le processus réglementaire qui se déroulera au cours des prochains mois, à l’approche de la mise en application de la loi, dissipera bon nombre des préoccupations actuelles.

«Le Canada est un marché très attrayant et lucratif pour ces entreprises. Il est temps d’arrêter ces démonstrations de force, a-t-il estimé. Il est temps de résoudre ce problème d’une manière qui équilibre les besoins de toutes les parties prenantes.»

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