Comcast espère réussir là où a échoué Time Warner, en mêlant distribution et contenu. Photo : Bloomberg

Le plus grand fournisseur de chaînes câblées aux Etats-Unis, Comcast, a annoncé jeudi son intention de prendre le contrôle de NBC Universal, afin de créer un nouveau géant du divertissement et des médias capable de rivaliser avec Disney. Les associations de consommateurs s'inquiètent de cette concentration.

Comcast va mettre sur la table 6,5 milliards $ US en liquidités et 7,25 milliards $ US en chaînes câblées, notamment la chaîne E!, soit un total de 13,75 milliards $ US pour racheter 51 pour cent des actions de la société de cinéma et de télévision à General Electric, qui possédera 49 pour cent de la nouvelle entité, NBCU.

Comcast, qui équipait déjà un quart des foyers américains payant des chaînes câblées, contrôlera les réseaux NBC et Telemundo (hispanophone), une vingtaine de chaînes de télévision câblées, ainsi que les studios de cinéma Universal Pictures et des parcs d'attraction.

A ceux qui s'inquiètent de cette nouvelle opération de concentration des médias, Comcast réplique qu'elle permettra aux chaînes câblées de diffuser des films des studios Universal plus rapidement après leur sortie en salles, et aux émissions de télévision de se retrouver plus rapidement sur les téléphones portables et autres supports multimédia.

Si ce rachat est validé par les autorités de la concurrence, Comcast entrerait en concurrence directe avec Walt Disney, que le chef de la direction du groupe, Brian Roberts, avait déjà tenté de racheter, sans succès.

En reprenant 51 pour cent de NBC Universal auprès de GE, qui le contrôle depuis 1986, Comcast espère réussir là où a échoué Time Warner, en mêlant distribution et contenu. AOL et Time Warner, qui a déjà revendu sa branche câblée, vont se séparer le 9 décembre.

Brian Roberts et le patron de General Electric, Jeff Immelt, discutent de cet accord depuis des mois, mais GE a dû convaincre ces dernières semaines le groupe français Vivendi de lui céder les 20 pour cent de NBC qu'il détenait encore, pour 5,8 milliards $ US.

L'accord avec GE permettra à Comcast de se diversifier face à la menace que représentent la vidéo en ligne et, plus encore, les offres d'abonnement à la télévision des fournisseurs de téléphonie et de télécommunication par satellite.

Les associations de consommateurs s'inquiètent quant à elles d'une possible augmentation des tarifs, car les autres fournisseurs devront désormais négocier avec leur concurrent direct, Comcast, pour distribuer l'offre de NBC Universal.

C'est largement pour ses chaînes de télévision par câble que Comcast convoite NBCU. Le groupe veut renforcer son offre de vidéo à la demande (VOD) et réduire sa dépendance au câble, à l'heure où une partie de ses abonnés se tournent vers Internet ou des concurrents comme les opérateurs de téléphonie.

De son côté, General Electric a besoin de l'argent pour remettre en selle sa filiale financière, GE Capital, victime de la crise financière de l'an dernier.

L'accord Comcast-GE pour la création de la nouvelle entité NBCU devrait être finalisé d'ici un an si les autorités de régulation et les actionnaires des deux conglomérats l'approuvent. Jeff Zucker garderait la tête de la nouvelle NBC Universal, dont le siège devrait rester à New York.

Les associations de consommateurs jugent peu probable que les autorités de régulation soulèvent un obstacle légal à l'opération, même si le président Barack Obama dit vouloir lutter contre la concentration dans le secteur des médias. Comcast devra sans doute accepter quelques contraintes, comme ne pas favoriser ses propres activités de câblodistribution par rapport à ses concurrents dans les négociations sur la distribution.

Une bonne partie des actionnaires de Comcast redoutent quant à eux que le groupe ait eu les yeux plus gros que le ventre et beaucoup ont vendu dès les premières rumeurs de négociations avec GE, le 30 septembre. Soucieux de rassurer ses investisseurs, Comcast, qui a vu son cours chuter de 11 pour cent, a annoncé jeudi une hausse de 40 pour cent de son dividende annuel et réaffirmé qu'il continuerait de racheter ses actions.