Analyse : relance risquée pour World Color

Publié le 17/09/2009 à 00:00

Analyse : relance risquée pour World Color

Publié le 17/09/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Il est séduisant pour les investisseurs de miser sur l'agilité d'une entreprise restructurée au début d'une reprise économique, parce que la moindre amélioration de ses revenus aura un effet rapide sur le bénéfice.

World Color a mis à pied le quart de ses employés en 2008 et 2009, a réduit les salaires de 10 % et sa dette de 2 milliards de dollars américains (G$ US).

Pour investisseurs aguerris seulement

Toutefois, seuls les investisseurs les plus aguerris devraient acheter le titre, car la force du Web déloge la publicité imprimée.

Trop de presses pour trop peu de travail : la conjoncture fait chuter les volumes d'impression des imprimeurs depuis 2000. D'ailleurs, World Color prévoit des revenus de 3,4 G$ US en 2012, soit moins que ceux réalisés en 2008.

Les mesures de réductions de coûts devraient cependant permettre à l'imprimeur de dégager des flux positifs dès 2010, dit Drew McReynolds, analyste chez RBC Marchés des Capitaux.

En outre, les actionnaires de World Color sont ses anciens créanciers. Plusieurs d'entre eux seront tentés de revendre leurs actions pour récupérer leur mise dès que l'action s'appréciera en Bourse.

Les créanciers ont aussi reçu des actions privilégiées convertibles et des droits de souscription en échange de leurs créances. Leur conversion éventuelle en actions ordinaires augmentera de 17 % le nombre d'actions en circulation, ce qui réduira d'autant les futurs bénéfices par action.

Les deux analystes qui ont commencé à suivre le titre accolent la mention " spéculative " à leur recommandation d'achat.

Scott Cuthbertson, analyste chez TD Newcrest, prévoit un gain potentiel de 20 % pour l'épargnant qui achèterait l'action sous 10 $ et place sa cible d'un an à 12,10 $. Son collègue, M. McReynolds, place sa cible à 14,30 $.

Les deux analystes soulignent que leurs cibles sont à mi-chemin entre les deux bornes de l'évaluation indépendante de 8,80 et 14,70 $ fournie par le courtier UBS à la demande de World Color, lorsque sa rivale américaine R.R. Donnelley (NY, RRD, 19,12 $ US) lui a fait deux offres d'achat, en mai et juin.

Prédateur ou proie ?

Le salut de l'industrie de l'impression passe par une autre phase de consolidation durant laquelle les acteurs les mieux nantis goberont les plus faibles.

Bien qu'elle occupe le deuxième rang du marché américain de l'impression commerciale, World Color n'a que 4 % de ce marché.

Désormais sous l'influence de ses créanciers, World Color se présente comme un acquéreur, mais il pourrait tout autant être avalé, soutiennent MM. Cuthbertson et McReynolds.

Cette double possibilité constitue la principale force d'attraction du titre, qui a gagné 10 % depuis son retour en Bourse, le 26 août.

Comment World Color peut-il envisager des acquisitions alors que ses banquiers ont encore un droit de regard sur ses dépenses ?

M. Cuthbertson trace un scénario possible. Si la reprise économique permet à l'imprimeur de dépasser ses objectifs au cours des prochains trimestres, il pourrait profiter de la hausse de son titre pour émettre des actions et récolter des capitaux pour financer ses acquisitions.

Un imprimeur de Baltimore dans la mire ?

Déjà, le nom d'une cible potentielle a été évoqué. Le neuvième imprimeur américain, Vertis, a des liens avec World Color, note Charles Strauzer, directeur chez CJS Securities, de New York.

Les deux imprimeurs ont un créancier commun, le fonds de couverture Avenue Capital Management, qui trouverait son intérêt dans le rapprochement des deux entreprises, avance M. Strauzer.

Le nouveau président du conseil et président de World Color, Mark Angelson, 58 ans, a non seulement dirigé la rivale R.R. Donnelley entre 2004 et 2007, mais aussi Big Flower Press avant son regroupement avec Vertis.

Société fermée, Vertis a affiché des revenus de 1,4 G$ US et employait 8 000 personnes dans 54 imprimeries en 2007, selon Printing Impressions.

" À court terme, World Color est probablement plus un prédateur qu'une proie. Le conseil d'administration voudra en effet démontrer qu'il peut faire assurer un meilleur rendement que l'offre d'environ 10 $ par action déposée par R.R. Donnelley, qu'il a refusée ", dit M. Strauzer.

M. McReynolds n'écarte pas la possibilité que R.R. Donnelley revienne à la charge avec une nouvelle offre. Il évalue que le premier imprimeur américain pourrait payer jusqu'à 16 $ l'action pour World Color et rentabiliser la transaction.

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