Une ville intelligente, au-delà des technologies


Édition du 20 Juin 2015

Une ville intelligente, au-delà des technologies


Édition du 20 Juin 2015

Par Matthieu Charest
Le «cas» Griffintown

Un discours sans doute rafraîchissant pour les promoteurs et citoyens de Griffintown. En plein boom immobilier, le secteur a longtemps manqué cruellement d'infrastructures. Si la situation tend à s'améliorer, il n'y a toujours pas d'école primaire. Une lacune prévisible depuis des décennies, alors que le calcul semble plutôt simple : plus de logements, plus de familles, plus de besoins. «Ça fait 20 ans que les gens demandent une école dans ce quartier, affirme Luc Fortin, vice-président développement de First Capital Realty. Ce n'est pas un oubli qui date de trois ans.»

«La Ville, dans le passé, n'a pas assez planifié, estime François Croteau, maire de l'arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie et membre de Projet Montréal. Prenez Griffintown, ce fut une erreur terrible ! Et pour mieux prévoir l'aménagement, les PPU [programmes particuliers d'urbanisme] s'avèrent d'excellents outils.» Est-ce que ce quartier est un échec, toutefois ? Pas si l'on se fie à Richard Hylands, président de Kevric : «Je ne dirais pas que c'est un échec. C'est encore trop tôt pour poser un jugement.»

Même avis du côté de l'architecte Anik Shooner. «Il est encore trop tôt pour juger de l'échec ou de la réussite de Griffintown, mais il faut que ça se fasse, construire des trottoirs, des écoles, etc.»

Une situation qui est tout de même «dix fois "moins pire" maintenant grâce au nouveau PPU élargi, pense Richard Bergeron, conseiller de la Ville pour le district Saint-Jacques [Ville-Marie] et membre du comité exécutif responsable du centre-ville. Ce n'est pas compliqué, si la Ville avait acheté des terrains, au départ, pour en faire des parcs, nous aurions économisé des millions de dollars».

De plus, «on ne peut pas "inviter" des familles dans ce quartier s'il n'y a même pas d'école, note Jacques Vincent, coprésident du Groupe Prével. La mixité, c'est ça qui anime une ville, qui la rend attirante».

Axer sur la mixité

Si l'avenir est à la mixité des quartiers, les milieux de vie doivent être minutieusement planifiés. Là encore, la notion de «ville intelligente» ressurgit. «L'idée de mixité des quartiers, ce n'est pas juste du résidentiel et du commercial, affirme M. Vincent. Il faut ramener des personnes âgées, des espaces de travail, etc. Le manque de diversité a été un grand problème dans plusieurs villes américaines qui se sont vidées.»

Oui à la mixité, mais pas n'importe comment. L'hétérogénéité des genres doit s'avérer viable à terme. Il doit il y avoir un marché potentiel pour des locaux commerciaux, par exemple. «On m'a imposé du commercial sur la rue Shannon, mais je ne suis pas certain que ça va fonctionner, raconte le coprésident du Groupe Prével. On avait l'obligation de faire du commercial sur la rue William, mais puisque nous n'avons pas été capables de trouver un locataire, nous y avons installé nos bureaux...»

À lire aussi:
La génération Y redéfinit l'aménagement des espaces de vie et de travail en ville
Montréal: concilier vision urbaine et croissance économique

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

26/04/2024 | François Normand

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.