Nouvelle offensive des villes de banlieue pour gruger l'espace vert

Publié le 06/05/2008 à 14:09

Nouvelle offensive des villes de banlieue pour gruger l'espace vert

Publié le 06/05/2008 à 14:09

Par lesaffaires.com
De plus en plus à l'étroit dans son périmètre urbain, la ville de Sainte-Julie, sur la Rive-Sud, demande encore une fois à la Commission de protection du territoire agricole d'exclure 78 hectares de la zone agricole permanente. Elle veut les utiliser à de Il ne s'agit pas d'une folle expansion, dit Suzanne Roy, mairesse de la ville et préfète de la MRC Lajemmerais. On n'en demande pas beaucoup. Nous sommes coincés et nous n'avons plus aucun terrain industriel où bâtir." Et bien que les visées municipales soient conformes au schéma d'aménagement du territoire de la MRC, revisé et avalisé par le ministère des Affaires municipales, le risque d'un échec auprès de la Commission de protection est bien réel. Cette dernière a déjà rendu un avis préliminaire défavorable l'automne dernier. Dans la couronne Nord aussi, l'espace industriel disponible se fait rare. "Je ne suis pas certain que nous pourrions encore accueillir une grande entreprise manufacturière comme General Motors, dit Charles Le Borgne, directeur général de la Société de développement Thérèse-De Blainville. Il n'y a plus de grands terrains industriels et il n'y a plus de grande entreprise qui s'installe dans la région métropolitaine." Les villes lorgnent les hectares agricoles contigus aux routes. Depuis l'an 2000, les demandes municipales de dézonage ont porté sur 2 596 hectares. Là-dessus, la Commission de protection n'a accepté d'exclure de la zone agricole que 555 hectares, soit à peine le cinquième de la superficie demandée. À titre de comparaison, le parc du Mont-Royal couvre 200 hectares."Dans tout le territoire de la Communauté métropolitaine, c'est devenu très difficile, voire impossible, en conclut Sylvain Roger, urbaniste-conseil de la firme Zonage.com, qui a rédigé plusieurs requêtes en dézonage. Par expérience, je vous dirais que les refus sont presque un automatisme." Pression permanente Pourtant, plusieurs villes des couronnes Sud et Nord de Montréal se bousculent aux portillons de la Commission de protection. À la fin mars, 10 villes avaient encore en instance des requêtes en dézonage portant sur 444 hectares. La superficie des espaces réclamés varie de moins d'un hectare dans le village de Calixa-Lavallée à 144 hectares dans la ville de Repentigny."La pression sur la zone verte, [agricole], est permanente", affirme Richard Maheu, producteur laitier de Sainte-Anne-des-Plaines, délégué de l'Union des producteurs agricoles au comité consultatif agricole de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Ce comité doit donner son avis sur toutes les requêtes de dézonage avant que la Commission de protection ne les étudie."On dirait que la zone blanche [urbanisée] n'est jamais au bon endroit !" poursuit-il. La Commission de protection renvoie la plupart des villes à leur zone blanche où, affirme-t-elle, il reste suffisamment d'espaces constructibles. La zone blanche correspond au périmètre urbain de la région montréalaise. Elle est entourée par la zone agricole permanente, dite zone verte, où se trouvent les meilleures terres cultivables du Québec. Quelque 613 hectares de ces terre agricoles ont été pris par l'État québécois pour achever l'autoroute 30 entre Châteauguay et l'autoroute 20, dans Vaudreuil-Soulanges."Avec une autoroute comme celle-là, c'est bien évident qu'il y aura étalement urbain", dit Richard Maheu. Le professeur Claude Marois, du Département de géographie de l'Université de Montréal, auteur d'un mémoire remarqué à la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire québécois, affirme que dans un contexte de croissance démographique modérée, le développement d'une municipalité s'effectue en général aux dépens d'une autre. Et cela mène à"une logique de compétition intermunicipale malsaine". Le dézonage de certains territoires pourrait être justifié, selon lui, dans les cas où l'importance régionale d'une implantation le requiert. Mais les hectares enlevés à l'agriculture devraient être repris et protégés ailleurs dans la Communauté métropolitaine de Montréal. Blocage politique La Commission de protection croit que les villes sont encouragées par un certain flou politique entourant l'adoption du schéma d'aménagement de la CMM."Cette situation contribue à maintenir une très forte pression pour du dézonage sur la zone agricole métropolitaine", déplore la Commission de protection dans son dernier rapport annuel. Le projet de schéma d'aménagement métropolitain de la CMM présente l'état actuel de l'urbanisation, les objectifs de développement sociaux et économiques, l'organisation de l'espace et surtout la vision de l'avenir que les élus locaux ont retenus. Dans 20 ans, la Communauté métropolitaine aura une population de 3,9 millions d'habitants, dont 2 millions environ habiteront l'île de Montréal. Pour l'essentiel, l'expansion des fonctions résidentielle, industrielle et commerciale devrait être contenue à l'intérieur du périmètre urbanisé actuel. Selon la loi actuelle, l'adoption de ce projet confirmera le pouvoir de la CMM sur l'aménagement de tout le territoire et réduira celui des 14 municipalités régionales de comté (MRC) sur leur territoire. Les MRC n'acceptent pas que la Communauté ait une autorité en matière d'aménagement aux dépens de la leur. Depuis trois ans, le débat politique entre Montréal, d'une part, et Laval, Longueuil et les autres municipalités des couronnes, d'autre part, bloque l'adoption du schéma d'aménagement. Les MRC de la métropole tiennent à la reconnaissance formelle de leur rôle en matière d'aménagement. Or, la CMM leur reconnaît tout au plus un rôle de palier intermédiaire."On n'a pas encore trouvé le point d'équilibre, constate Claude Marois. Il y a une tension entre une nécessaire vision locale du développement et une vision régionale qui est tout aussi fondamentale. Le territoire de la Communauté métropolitaine n'est pas homogène et il faut prendre en compte les particularités des divers milieux. Mais en même temps, il faut aussi accorder à l'autorité régionale la capacité de réaliser son potentiel de croissance et d'en faire profiter toutes les composantes de la communauté." C'est le blocage, en attendant que la ministre des Affaires municipales et des Régions, Nathalie Normandeau, détermine un nouveau partage des pouvoirs en matière d'aménagement du territoire. Ce texte est tiré du journal Les Affaires du 3 au 9 mai 2008. Lexique La CMM La Communauté metropolitaine de Montréal se compose des villes de Montréal, Laval et Longueuil en son centre, et de quelque 79 autres municipalités qui les entourent. Le territoire de la CMM s'étend sur 4 600 km2, environ de Mirabel, au nord, à Beauharnois, au sud, à Contrecoeur au sud-est et L'Assomption au nord-est. Près de 3,5 millions de personnes y habitent. La zone verte Elle correspond au territoire agricole protégé. Elle couvre 223 378 hectares, soit près de 58 % du territoire métropolitain. La zone blanche Elle désigne le territoire à l'intérieur du périmètre urbain et mesure 120 679 hectares; le quart de cette superficie n'est pas encore construit."

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