L'Allemagne affronte la "horde de loups"

Publié le 19/05/2010 à 11:34

L'Allemagne affronte la "horde de loups"

Publié le 19/05/2010 à 11:34

Par Jean-Paul Gagné

Photo: Bloomberg.

Blogue. BaFin, le régulateur financier de l’Allemagne, vient d’interdire la vente à découvert spéculative sur les actions de dix banques et compagnies d’assurance allemandes ainsi que sur les obligations gouvernementales et les swaps de crédit sur les titres des gouvernements de la zone euro.

L’interdiction durera jusqu’au 31 mars 2011.

Ce qui est interdit, c’est le « naked short selling », c’est-à-dire les ventes à découvert sans avoir emprunté auparavant les titres vendus à découvert.

Dans une vente à découvert classique, un investisseur vend des titres qu’il a empruntés en misant sur la possibilité de les racheter à un prix plus bas dans le futur. Quand il les rachète, il les remet à celui de qui il les avait empruntés. Cette activité est généralement faite par des « hedge funds » qu’on appelle maintenant des fonds spéculatifs puisque telle est leur principale activité.

Dans le cas d’un « naked short-selling », l’investisseur n’emprunte pas les titres auparavant. C’est de la spéculation pure.

« Shylocks » ou « Horde de loups »

La vente à découvert est permise parce qu’elle fournit de la liquidité dans les marchés financiers.

Toutefois, à cause des énormes capitaux dont disposent maintenant les fonds spéculatifs, il leur est possible de vendre massivement des titres et donc de conduire ces titres à la baisse. Quand ils estiment qu’un creux est atteint, ils rachètent ces titres et réalisent leurs profits.

Or, ces fonds spéculatifs s’attaquent maintenant en force aux obligations des pays les plus vulnérables de la zone euro en misant sur le fait que les niveaux de déficit et d’endettement de ces pays menacent le cours de l’euro. Ce faisant, ils réussissent à amplifier la crise de l’euro, ce qui augmente leurs gains.

On pourrait les comparer à des « shylocks » qui, en faisant crédit aux plus mal pris, augmentent les difficultés de ces derniers. Un ministre suédois les a comparés à une « horde de loups » qui s’attaquent à des brebis.

Merkel et Sarkozy

La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Nicolas Sarkozy, et d’autres critiquent depuis longtemps l’action des spéculateurs, qui ces dernières semaines, ont sûrement fait beaucoup d’argent en vendant à découvert les obligations du gouvernement grec.

Mme Merkel a pris le taureau par les cornes, s’attirant les foudres de plusieurs spéculateurs, dont les plans ont été dérangés et qui risquent de perdre de l’argent en devant couvrir leurs positions à des prix plus élevés.

Les investisseurs n’ont pas aimé le fait que l’Allemagne ait agi seule, sans concertation avec d’autres pays. Angela Merkel en avait assez.

2008

On se souviendra que lors de la crise financière de 2008, les autorités réglementaires et les gouvernements de plusieurs pays avaient également interdit les ventes à découvert sur les actions des grandes banques.

Avant cette interdiction, qui est maintenant levée, les spéculateurs s’étaient précipités sur les titres des banques les plus vulnérables (dont Lehman Brothers), qu’ils avaient vendus en masse en espérant les racheter à un prix plus faible. Ils avaient ainsi empiré la crise de façon consciente et légale, mais hautement immorale.

Curieusement, deux ans après cette crise, dont l’Europe ressent cruellement les effets, rien n’a encore été fait pour mettre à la raison les fonds spéculatifs et les spéculateurs, qui font leur pain et leur beurre sur le dos des plus mal pris.

Les hedge funds ne sont toujours pas réglementés, à part  le fait de devoir être inscrits auprès d’une autorité réglementaire. On ne connaît pas leurs placements, ni leurs actions dans les marchés.

 

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