Il faudra se souvenir de l'accident de BP

Publié le 25/05/2010 à 15:34

Il faudra se souvenir de l'accident de BP

Publié le 25/05/2010 à 15:34

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Tout indique que la BP a été négligente dans la gestion de la plateforme d’exploitation du puits Deepwater Horizon qui a explosé dans le Golfe du Mexique le 20 avril dernier.

Cet accident, qui a fait 11 morts, a permis l’échappement dans le Golfe d’une grande quantité de pétrole. Le puits n’a toujours pas été bouché et on ne sait toujours pas quand BP et ses partenaires réussiront à stopper cette hémorragie.

Les dommages à l’environnement sont énormes et ce n’est pas fini. La quantité de pétrole qui s’échappe chaque jour n’a pas encore été évaluée précisément, mais il est clair que celle-ci est très importante, ce qui en fera une des importantes catastrophes écologiques à survenir en mer.

Selon certains experts, le puits accidenté laisserait s’écouler entre 25 000 et 80 000 barils de pétrole par jour, ce qu’a nié BP, qui avait parlé au début de 5 000 barils. Depuis, elle a avoué avoir sous-estimé cette quantité. On devrait avoir une meilleure estimation cette semaine.

Néanmoins, à 25 000 barils par jour, on ne serait pas encore rendu à un million de barils depuis le premier jour de l’accident, ce qui est loin des 11 millions de barils que l’Irak aurait envoyés en mer lors de la première guerre du Golfe Persique, quand l’Irak avait envahi le Kuwait.

Des milliards de dommages

BP a beau dire qu’elle assumera sa part des dommages à l’environnement (nettoyage du golfe et des rives, compensation des familles des victimes, des communautés riveraines et de l’industrie de la pêche, qui rapporte des revenus de 2,4 milliards par année, etc.), mais cela ne surviendra qu’après plusieurs années de discussions et de procès sur les litiges nombreux, importants et chaudement disputés qui en résulteront. Le compte pourrait se chiffrer par des dizaines milliards de dollars.

Confrontés par des membres du Congrès, des représentants de BP, de Transocean, propriétaire de la plateforme, et de Haliburton, qui a travaillé à son installation, ont tous trois minimisé la responsabilité de leur propre société et tenté de la mettre sur une négligence de l’une ou l’autre des deux autres sociétés impliquées.

L’agence fédérale qui accorde les permis d’exploration et d’exploitation aurait aussi sa part de négligence et son président, qui avait, semble-t-il, beaucoup d’amis dans l’industrie pétrolière, a remis sa démission.

L’environnement

Cette stratégie sensibilisera la population aux dommages résultant de l’exploitation des ressources naturelles et les gouvernements devront en tenir compte.

Il est certain que l’on continuera à explorer et à exploiter (on délivre toujours des permis), mais on peut penser que les mesures de protection de l’environnement seront renforcées, que l’émission des permis sera mieux encadrée et qu’il en coûtera plus cher en taxes et en redevances aux sociétés. En effet, les gouvernements voudront sans doute tirer plus de revenus pour compenser les risques que fait peser sur l’environnement l’exploitation de ces ressources.

Taxe quadruplée

Le Congrès américain discute de l’opportunité de porter de 8 cents à 32 cents par baril de pétrole la taxe spéciale destinée aux interventions d’urgence à la suite d’une catastrophe écologique.

Cette taxe a permis de constituer une réserve d’urgence de 1,5 milliard de dollars, mais celle-ci est jugée bien insuffisante, d’autant plus que l’on ne peut y puiser plus d’un milliard à la fois. Le projet de loi prévoit porter à 5 milliards de dollars le plafond par accident.

Pour leur part, un groupe de 18 sénateurs démocrates viennent de demander par au ministère de la Justice d’enquêter sur Transocean, qui recevrait un dédommagement de 270 M$ des assureurs de la plateforme qu’elle a perdue, somme qui serait plus élevée que sa valeur réelle. Les sénateurs sont furieux contre le versement éventuel d’un dividende d’un milliard de dollars que Transocean s’apprêterait à verser à ses actionnaires.

Bien public à préserver

L’environnement se doit d’être protégé, non seulement parce que c’est un bien public, mais surtout parce qu’il appartient aussi aux générations à venir. Voilà pourquoi, il est irresponsable de le piller et de le détruire. À défaut de le leur laisser intact, il est opportun de les compenser pour les dommages qu’auront produits les exploitants actuels.

Quand les gouvernements auront pris conscience de cette dimension, ils deviendront plus soucieux de protéger l’environnement.

Des accidents comme ceux de l’Exxon Valdez (pétrolier ayant perdu 250 000 barils au large de l’Alaska en 1989) et de la plateforme Deepwater Horizon, qui sont le résultat d’erreurs humaines, sensibilisent fortement la population et par ricochet les élus.

 

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