Ottawa annoncera très bientôt une injection de 36 millions de dollars afin de retirer de la circulation les véhicules les plus vieux et les plus polluants.
Compris dans le budget 2007 du gouvernement Harper, cet investissement se fait toujours attendre par les organisations qui gèrent les programmes régionaux, qui verraient les moyens à leur disposition augmenter de manière importante. "On s'attend à une annonce très prochainement puisque notre entente avec Environnement Canada se termine le 31 mars", explique Mathieu Castonguay, directeur-général de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), qui gère le programme Faites de l'air ! .Des remises en argent ? L'AQLPA, qui gère le programme Faites de l'air ! avec une subvention annuelle de 60 000 $ du fédéral, s'attend à recevoir 1,2 million de dollars dans le cadre du nouveau programme fédéral, pour une durée indéterminée toutefois. S'ajouterait à ce montant une portion des 30 millions de dollars qui serviront à financer des mesures incitatives visant à convaincre les gens de mettre à la ferraille leurs vieux véhicules. Cet argent servira à fournir des titres de transport en commun aux participants, dans le but de les convaincre de délaisser l'automobile pour les transports collectifs.
C'est déjà ce que fait Faites de l'air, en collaboration avec les sociétés de transport de Montréal et Québec. Mais que peut-on offrir aux gens habitant dans des régions où il n'existe pas de transport collectif ? Le fédéral réfléchit à la possibilité d'offrir des incitatifs financiers, qui pourraient atteindre 1000 $, afin d'inciter à l'achat d'une nouvelle voiture plus écologique. Le programme albertain Autos-o-ciel propose une remise de 1000 $ à l'achat d'un véhicule neuf GM, en collaboration avec le concessionnaire de Kelowna, où est implanté le programme. Un couteau à double tranchant Cet approche n'est toutefois pas parfaite, concède Environnement Canada.
Dans un document de référence sur le sujet, les fonctionnaires du ministère expliquent que les avantages d'une nouvelle voiture moins polluante sont mitigés par une plus grande utilisation des nouveaux véhicules. Ainsi, selon Statistique Canada, la distance moyenne parcourue par les vieux véhicules (10 ans et plus) était de 10 145 km en 2005, contre 20 112 km pour les véhicules de l'année-modèle les plus récents. Du simple au double, donc.
Cette utilisation accrue pourrait donc augmenter les émissions de gaz à effet de serre, même si Environnement Canada précise que ces statistiques ne sont pas nécessairement représentatives des habitudes de conduite des participants aux programmes de mise à la ferraille. Les propriétaires de vieilles voitures sont souvent plus jeunes ou plus vieux que la moyenne, et sont susceptibles d'avoir un niveau de scolarité et un revenu plus faibles. Une importante source de pollution Le tiers du parc automobile canadien a été construit avant 1995, cette minorité est responsable des deux tiers des émissions automobiles qui sont à la source du smog, selon Environnement Canada.
Si les avantages du point de vue des GES sont incertains, les réductions au niveau de la pollution atmosphérique seraient toutefois importantes, même si les participants se procurent une nouvelle voiture plutôt que de faire la transition vers le transport collectif ou le vélo, par exemple. Du côté de Faites de l'air !, Mathieu Castonguay précise fièrement que deux tiers des participants changent de mode de transport suite à leur participation. "Une majorité des participants continuent d'utiliser les transports en commun une fois que les titres de transport ne sont plus fournis gratuitement", explique-t-il.
Faites de l'air ! a l'intention d'utiliser les revenus supplémentaires afin notamment de mieux se faire connaître :"Avec davantage de promotion, on pourra élargir la portée du programme", conclut-il.
Pour aller plus loin :
Programme de mise à la ferraille de véhicules
Document de référence d'Environnement Canada
Faites de l'air
