Apris la crise, voici venir un tsunami de dettes

Publié le 12/05/2010 à 17:26

Apris la crise, voici venir un tsunami de dettes

Publié le 12/05/2010 à 17:26

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Dans un document publié en mars dernier par la Banque des règlements internationaux (BRI), trois économistes seniors de cette institution font des projections terrifiantes sur les dettes que les gouvernements accumulent sans trop sembler s’en soucier. On peut consulter ce document à : www.bis.org/publ/work300.pdf

Rappelons au départ que l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) a déjà estimé que la dette totale des gouvernements des pays industrialisés devrait dépasser 100 % de leur produit intérieur brut (PIB) total en 2011.

C’est un niveau inégalé en temps de paix. Certains pays, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, étaient sortis de la dernière guerre mondiale avec des taux d’endettement très élevé, mais ils avaient pu la résorber.

Vieillissement de la population

Cette fois-ci, les conditions économiques sont différentes : les taux de croissance des économies sont beaucoup plus faibles à cause du poids des dépenses publiques dans l’économie et du vieillissement de la population, phénomène qui accroît les coûts de l’État et réduit la population active.

Ces conditions ralentissent la croissance des revenus des gouvernements, ce qui place la plupart d’entre eux dans une situation où ils sont incapables de déduire leur endettement.

Voici les taux d’endettement public prévus pour certains pays en pourcentage du PIB en 2011 : Japon : 204 %; Italie et Grèce, 130 %; États-Unis, 100 %; France, 99 %; Portugal, 97 %; Royaume-Uni, 94 % et Irlande, 93 %. On arrive à des niveaux d’endettement intenables, car les marchés financiers interviendront, comme ils viennent de le faire pour la Grèce.

Le Canada ne figure pas dans l’étude de la BRI.

Cela en étonnera plusieurs, mais ce sont les pays émergents qui sont en meilleure position. Moins riches, leurs gouvernements dépensent moins dans les services de toutes sortes; ainsi, les dettes publiques globales des pays asiatiques émergents sont estimées à 3,6 % de leur PIB en 2011 et celles des pays de l’Europe centrale et de l’Amérique latine sont prévues à 3,9 % et 2,0 % respectivement.

Projections affolantes

Si les tendances actuelles se maintiennent, voici ce que pourrait représenter en 2040 la dette publique en fonction des PIB des pays suivants, selon les projections de économistes de la BRI (les chiffres sont arrondis): le Japon, 600 %, le Royaume-Uni, 500 %; les États-Unis, 430 %; la Grèce, la France et les Pays-Bas, 400 %; l’Autriche, l’Irlande, l’Allemagne et l’Espagne, 300 %; l’Italie et le Portugal, 250 %. Ce sont des chiffres inimaginables.

En effet, de tels niveaux d’endettement seraient catastrophiques puisque le financement de ces dettes en viendrait à prendre une part de plus en plus importante des budgets des gouvernements, empêchant ceux-ci de répondre adéquatement à leurs autres missions : la santé, l’éducation, etc.

Conséquences dramatiques

Les économistes de la BRI tirent quatre conclusions de cet endettement :

1. Les problèmes fiscaux des économies industrielles sont encore plus importants que le laisse croire leur endettement officiel actuel, qui provient en partie de la crise financière et économique; or, leur croissance économique ralentira à cause du vieillissement de la population, ce qui créera un déficit structurel qui sera appelé à croître.

2. L’ampleur des dettes des gouvernements fera monter leurs coûts de financement. (Les taux de rendement exorbitants demandés par les marchés pour la dette de la Grèce en sont un bon exemple). Cela les forcera à mettre en place des plans de réduction de leurs dépenses de programmes.

3. Les besoins élevés de financement des gouvernements aura pour effet de réduire l’investissement privé, la croissance de la productivité et la croissance à long terme de l’économie.

4. Enfin, il pourrait s’en suivre de l'instabilité pour certaines monnaies. On vient de le constater avec la chute l’euro.

Voilà une prospective dont nous ne soupçonnons pas tous les effets sur notre vie et notre sécurité financière.

Des sacrifices s’en viennent inexorablement et ceux-ci risquent d’être directement proportionnels à la négligence que les États affiche face à leur endettement croissant.

 

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