Analyse : des gains grâce aux politiques d'Obama

Publié le 13/01/2009 à 00:00

Analyse : des gains grâce aux politiques d'Obama

Publié le 13/01/2009 à 00:00

Historique, sans précédent, remplie de promesses... Les qualificatifs ne manquent pas à propos de l'accession à la présidence du premier homme noir de l'histoire, Barack Obama, le 20 janvier.

L'élection, le 4 novembre, de celui qui a fait campagne sur la promesse du changement et sur la capacité d'action du peuple américain, a suscité de grandes attentes.

Si la crise financière force la nouvelle administration à revoir ses priorités, il reste que la 44e présidence des États-Unis promet d'être déterminante à tous égards.

À court terme, c'est le plan de sauvetage de l'économie qui dominera l'ordre du jour des démocrates et rendra moins visible l'effet des mesures distinctes destinées à certains secteurs de l'économie, prédisent les spécialistes. «Compte tenu que presque tous les secteurs de l'économie sont tombés à plat, on doit s'attendre à ce que, dans l'immédiat, la plupart des secteurs bénéficient des mesures de stimulation d'urgence que Washington veut mettre en œuvre», explique Francis Généreux, économiste au Mouvement Desjardins.

Si on ne connaît pas encore tous les détails du plan de sauvetage de l'administration Obama, on sait qu'il sera imposant. Certains médias ont avancé le montant de mille milliards de dollars américains pour ce qui sera la plus importante injection de fonds du gouvernement fédéral dans l'économie depuis le New Deal de Franklin D. Roosevelt.

À long terme, les investisseurs pourraient gagner gros en misant sur les dossiers prioritaires sur le bureau du nouveau président. Nous vous présentons quatre secteurs à surveiller, ainsi que des titres recommandés par les experts pour tirer profit des politiques de l'administration Obama.

Les infrastructures

Barack Obama entend mettre en oeuvre un programme d'une ampleur comparable à celui du Federal Highway System lancé en 1956 par le président Eisenhower, qui a doté les États-Unis de son réseau d'autoroutes moderne.

«Un plan d'une ampleur similaire équivaudrait à 500 milliards de dollars américains en dollars d'aujourd'hui», souligne Stéfane Marion, économiste en chef à la Banque Nationale.

Mais attention : le plan d'Eisenhower, qui devait s'étaler sur 12 ans, a finalement été achevé en... 1991 ! Il se peut donc que les chantiers qui seront annoncés bientôt ne soient pas terminés avant plusieurs années, même si M. Obama a déjà indiqué qu'il entendait forcer les États à dépenser rapidement l'argent fédéral en vertu du principe Use it or lose it.

Quoi qu'il en soit, pour l'investisseur à long terme, les perspectives de croissance sont bonnes pour les sociétés spécialisées dans les grands travaux de construction non résidentiels (routes, ponts, systèmes de traitement des eaux, réseaux électriques et ferroviaires, etc.).

«J'investirais aujourd'hui dans les entreprises dont les activités s'exercent dans le ciment, l'asphalte, les matériaux de base», dit Joe Magyer, analyste à la lettre financière Motley Fool.
Il apprécie en particulier Vulcan Materials, un producteur de sable, de gravier et de ciment de l'Alabama, bien situé géographiquement pour profiter de la manne gouvernementale.

Les analystes de Morningstar croient eux aussi que Vulcan pourrait bénéficier grandement du retour à un climat inflationniste : la valeur de ses matériaux s'apprécierait et le poids de sa dette s'allégerait.

Louis Navellier, président de Navellier & Associates, choisit pour sa part Perini Corp., un entrepreneur du Massachusetts qui traite déjà avec les agences gouvernementales. Perini, qui a perdu 81 % de sa valeur depuis son sommet des 12 derniers mois, dispose de 400 millions de dollars américains en liquidités, soit la moitié de sa valeur boursière. «Son action est clairement sous-évaluée», dit M. Navellier.

Un fonds négocié en Bourse permet de profiter directement du boom dans la construction d'infrastructures : le PowerShares Dynamic Building & Construction Portfolio ETF.

Andrew Obin, analyste chez Merrill Lynch, note par ailleurs que si on a beaucoup parlé des infrastructures routières, on a moins insisté sur les systèmes de traitement des eaux.
Des géants comme General Electric, dont l'action a perdu 9 $ US depuis trois mois, comptent parmi les leaders de ce secteur.

Les énergies renouvelables

Les énergies renouvelables pourraient compter parmi les grandes gagnantes de la présidence Obama, dont l'approche à l'égard des changements climatiques est à l'opposé de celle de George W. Bush.

On s'attend à ce que des critères environnementaux soient fixés dans les projets de construction d'infrastructures, Barack Obama s'étant engagé à dépenser 15 milliards de dollars par année dans des projets verts.

Les constructeurs automobiles que Washington aidera se sont aussi engagés à développer des véhicules électriques, ce qui devrait stimuler la modernisation du réseau électrique dans le pays et la conception de piles plus puissantes.

M. Marion croit que le futur président est sérieux dans sa volonté de modifier la façon dont les Américains utilisent l'énergie : «M. Obama va savoir distinguer un effet cyclique, comme la chute du prix du pétrole, du besoin à plus long terme d'un changement structurel.»

M. Navellier apprécie First Solar, un leader de l'énergie solaire aux États-Unis, dont l'action a bondi de 300 % en un an après l'adoption du Solar Energy Research and Advancement Act (une loi visant à promouvoir le développement de l'énergie solaire) en juin 2007. «C'est le principal producteur de panneaux solaires à faible coût dans un marché presque vierge», souligne M. Navellier. La baisse du cours de l'action depuis son sommet de mai ne la rend que plus attrayante, selon lui.

La québécoise 5N Plus constitue un moyen indirect de profiter de l'essor de First Solar, puisque celle-ci représente 75 % de ses revenus.

Il accorde aussi sa faveur à Fuel Systems Solution, un fabricant de systèmes de traitement des carburants de substitution (par exemple, pour les autobus roulant au gaz naturel), et à Sociedad Quimica y Minera de Chile, un producteur chilien de lithium, métal clé dans la fabrication des piles pour les autos électriques. «Les nouveaux véhicules hybrides de BMW et de Mercedes utiliseront des piles au lithium», indique M. Navellier.

Joe Magyer, de MotleyFool, est plus prudent : «Même si le secteur des énergies de substitution est très prometteur, j'éviterais pour ma part d'y investir, car la technologie évolue trop vite. Dans un marché en développement, les premiers arrivés ne sont pas toujours ceux qui finissent par s'imposer», dit-il.

Ne pariez pas non plus à court terme sur des mesures pénalisantes comme celle d'un plafonnement des émissions de gaz à effet de serre, précise M. Navellier : «Cela nuirait trop à l'industrie manufacturière du Nord-Est, la région qui a fait élire Obama.»

La défense

Le secteur de la défense pourrait émerger comme un des gagnants inattendus de la présidence Obama.

«Contrairement à une croyance répandue, le secteur de l'aérospatiale et de la défense a mieux progressé en moyenne sous les administrations démocrates que républicaines», affirme Jose Rasco, stratège chez Merrill Lynch.

En raison des bouleversements causés par la crise financière mondiale, M. Rasco fait du secteur de la défense un de ses préférés, autant à court qu'à long terme : «Des différends avec la Russie, la Chine, le Venezuela, l'Iran, le Nicaragua et la présence de pirates en haute mer sont quelques exemples de problèmes régionaux qui pourraient exiger une augmentation de la capacité de défense des Etats-Unis», indique-t-il.

Au cours des deux dernières récessions, la défense a mieux résisté que l'ensemble du marché par un écart de 17,4 %, note aussi M. Rasco.

Les analystes de Morningstar perçoivent un bon potentiel dans General Dynamics, un des cinq plus grands sous-traitants américains dans le secteur de la défense, dont l'action a perdu 25 $ US depuis trois mois. «General Dynamics compte parmi les entreprises du secteur qui ont généré avec constance des rendements supérieurs à leur coût en capital», notent-ils.

Jim Nelson apprécie pour sa part Herley Industries, un fabricant de composants hyperfréquences pour instruments de vol, systèmes de repérage, radars et détecteurs d'armes, dont il juge l'action très abordable en ce moment.

Enfin, le fabricant d'avions et de missiles Lockheed Martin pourrait profiter de sa diversification dans le secteur des systèmes d'information pour obtenir de juteux contrats, dit Heidi Wood, analyste chez Morgan Stanley.

La santé

La réforme du système de santé a été mise sur la glace, mais pourrait être un des prochains grands chantiers d'Obama quand l'économie se sera stabilisée.

Le futur président a nommé l'ancien sénateur démocrate Tom Daschle au poste de secrétaire de la Santé, un geste témoignant de sa ferme intention de réformer le secteur.
En voulant étendre la couverture médicale à 47 millions d'Américains non assurés - une promesse électorale -, M. Obama pourrait être tenté de favoriser les fabricants de médicaments génériques au détriment des concepteurs de médicaments d'origine, de façon à réduire la facture pour l'État, pense M. Généreux.

Des entreprises de gestion de soins telles que Humana, Aetna, Molina Healthcare, United Health Group et WellPoint pourraient bénéficier d'un élargissement de la couverture d'assurance maladie à un plus grand nombre d'Américains, pense Philip Seligman, analyste chez Standard & Poor's.

Parmi ce groupe, Damien Conover, analyste chez Morningstar, aime en particulier WellPoint et UnitedHealth : «Les deux entreprises offrent des services diversifiés, ce qui leur permet de participer à une expansion éventuelle de n'importe quel programme gouvernemental en santé; cela leur fournit aussi une protection contre des modifications possibles aux modalités de remboursement de services couverts par le Medicare [un régime public d'assurance santé].»

Les biotechs spécialisées dans les technologies à base de cellules souches devraient également profiter de la levée de l'interdiction de la recherche fédérale dans le domaine.
Jim Nelson, éditeur de la lettre financière The Penny Sleuth, a une préférence pour Neuralstem, un leader dans les remèdes pour les maladies du système nerveux central. «Il suffirait d'une annonce d'Obama à propos des cellules souches pour que l'action de Neuralstem s'envole», dit M. Nelson.

Pour sa part, Joe Magyer de MotleyFool, estime que le marché a déjà anticipé l'effet Obama, qui est reflété dans le cours déprimé des actions des grandes sociétés pharmaceutiques.

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