Un Bretton Woods axé vers la réglementation

Publié le 31/10/2008 à 00:00

Un Bretton Woods axé vers la réglementation

Publié le 31/10/2008 à 00:00

Si le Bretton Woods d'après guerre était un sommet financier qui a réglé des problèmes monétaires, son petit frère qui aura lieu à Washington mettra les projecteurs sur la réglementation.

Telle est la priorité de l’Europe qui est parvenue à rallier les pays d’Asie à sa cause. Le 24 octobre dernier, dans une déclaration, les 43 pays d'Asie et d'Europe (Asem) ont demandé une réforme profonde des systèmes monétaire et financier et un rôle accru du Fonds monétaire international.

«Nous avons besoin d'innovation financière pour mieux servir l'économie, mais avons encore plus besoin d'une plus grande régulation financière pour assurer la stabilité financière», a affirmé le Premier ministre chinois Wen Jiabao à l’issue du sommet.

Les propositions convergentes de l’Asie et de l’Europe font toutefois l’objet de réticences de la part de Washington. Le président Bush insiste pour garder sa «souveraineté économique» et pour que l’Amérique édicte elle-même ses règles financières.

À ce titre, les patrons de Wall Street ont pris les devants mardi pour dire que la réglementation actuelle méritait d’être consolidée mais pas alourdie.

Point de vue du FMI

Dans ce contexte, une des interventions clé attendues à Washington est celle du directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn. Récemment blanchi par son conseil d’administration des allégations d’abus de pouvoir, il s’attèle à la refonte du système financier mondial.

Il a présenté au journal Le Monde un avant goût du plan de nouvelle gouvernance que propose son organisation. Celui-ci s’articule autour des cinq axes suivants :

1/Mettre au point un prêt nouveau qui permette de soulager les problèmes de liquidités à court terme que rencontrent certaines économies.

2/Augmenter les ressources du FMI qui peuvent devenir insuffisantes face à l'ampleur des besoins à moyen terme.

3/Tirer les leçons des politiques économiques qui ont conduit à des bulles à répétition dont l'éclatement détruit l'économie réelle.

4/Surveiller la mise en place des nouvelles régulations financières élaborées, avec le FMI, par le Forum de stabilité financière, qui regroupe principalement les grandes banques centrales.

5/Aider à repenser un système mondial plus cohérent parce que plus simple, plus efficace parce que plus coordonné.

L’idée d’un nouveau rôle pour le FMI tiendra une place de choix dans les débats. C’est d’ailleurs ce qui ramènera le thème monétaire au cœur des discussions.

La Chine monte en puissance

«Avec des réserves de change de 2 000 milliards de dollars américains, la Chine peut négocier une meilleure place au FMI contre une promesse d’aider l’occident à recapitaliser son système financier», soutient, dans une lettre au Wall Street Journal, Sebastian Mallaby, directeur du centre d’études Géoéconomiques au Conseil des relations extérieures des États-Unis.

«Le succès d’un nouveau Bretton Woods repose sur la volonté des Chinois de jouer le rôle qu’a tenu les États-Unis après la deuxième guerre mondiale», ajoute-t-il.

Et c’est là que les Américains pourraient passer d’une position défensive à un rôle de leader dans les discussions. En proposant à la Chine une plus grande place dans le système financier mondial, ils minimisent ainsi le poids de l’Europe dans le FMI.

Pour obtenir les faveurs des Américains, les Chinois devront aussi faire des concessions, notamment réviser leur politique monétaire qui consistait à maintenir un yuan constamment sous-évalué par rapport au dollar américain pour soutenir leurs exportations.

Dans cette joute à trois, les risques de dérapages et de réunion-parlotte sont élevés. Toutefois, il faudra compter avec l’énergie du président français Nicolas Sarkozy qui a mis tout son poids dans la bataille.

«Avant la préparation de ce sommet, tous nous ont fait part de leur volonté que ce sommet soit conclusif, qu'il y ait des décisions», a dit M. Sarkozy.

Les participants à ce sommet sont les membres du G20, soit l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, le Mexique, la Russie, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud, la Turquie, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. L’union européenne y aura aussi une représentation.

Avec l’AFP, le Wall Street Journal et Le Monde.

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