Des premières réactions mitigées

Publié le 19/03/2009 à 00:00

Des premières réactions mitigées

Publié le 19/03/2009 à 00:00

Par La Presse Canadienne
Dossier spécial Budget

> Syndicats

La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, relève avec satisfaction certains aspects économiques du budget. "Il y a une orientation vers l'emploi, vers la relance, il y a de l'imagination dans un certain nombre de mesures". Elle cite en exemple l'augmentation des liquidités disponibles pour les entreprises et les mesures pour la formation des travailleurs.

La principale inquiétude de Mme Carbonneau est l'avènement d'une autre ronde de compressions budgétaires qu'elle appréhende dans les services publics. "On ne se cachera pas la réalité: c'est l'annonce d'un train de compressions extrêmement lourd, extrêmement important", avertit Mme Carbonneau, en entrevue.

Et devant les hausses annoncées de la Taxe de vente du Québec et des tarifs, la présidente de la CSN réclame "un grand débat de société sur la fiscalité", y voyant une tangente qui exige une réflexion plus approfondie.

Le président de la FTQ, Michel Arsenault, qui est également président du conseil d'administration du Fonds de solidarité FTQ, souligne à quel point le fonds est considéré comme un acteur influent de l'économie québécoise dans ce budget.

En fait, le Fonds de solidarité participera notamment à un partenariat technologique de 250 millions $ avec la Caisse de dépôt et placement, en plus de participer à un fonds d'urgence avec le gouvernement pour sauver des entreprises pendant la crise et de participer à hauteur de 33 à 40 millions $ à un troisième fonds de démarrage de nouvelles entreprises avec Investissement Québec.

"On le fait avec beaucoup de fierté. C'est notre mission de maintenir et de créer des emplois", a commenté M. Arsenault.

Pour le Fonds de solidarité, ce budget prévoit un investissement total de 530 à 540 millions $, souligne M. Arsenault."Le modèle québécois c'est ça: on a des outils collectifs qui font en sorte que quand on est mal pris, quand il faut traverser une crise ensemble, on est à l'heure de la solidarité financière."

M. Arsenault n'aime pas trop les hausses de tarifs et de la TVQ. "Je trouve ça un peu inquiétant. On aurait préféré qu'elle aille chercher l'argent chez les plus riches le plus vite possible."

> Entreprises

Même si elle représente des entreprises, la présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand, ne voit pas d'un si mauvais oeil la hausse de la TVQ en 2011 et la hausse des tarifs. Elle les perçoit comme des façons de générer des fonds lorsque la reprise se manifestera éventuellement. "On va ressortir de cette crise-là et, au sortir de cette crise, il faut être capable de rembourser nos déficits. Nous préférons de loin une taxe à la consommation à un impôt aux particuliers ou un impôt aux entreprises", a-t-elle confié en entrevue.

La Fédération des chambres de commerce salue tout de même les "mesures porteuses pour les entreprises qui manquent de liquidités" qui auront accès, ainsi, à plus de capital.

A la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, Simon Prévost déplore la hausse des tarifs. "La hausse des tarifs nous inquiète, parce que c'est une façon d'augmenter le fardeau fiscal de manière un peu cachée. On finit par payer davantage, alors que le fardeau fiscal est déjà très élevé au Québec", lance-t-il en entrevue.

Il pose un jugement global sur le budget. "L'ampleur des mesures est assez limité. C'est un budget assez minceur, finalement."

M. Prévost, qui représente des PME, reste sur son appétit devant les mesures d'aide annoncées, notamment l'accès au capital de risque. "Ce sont des choses qui concernent au mieux une moyenne entreprise, de 100 ou 150 employés. Les plus petites, qui constituent un bon tiers des emplois au Québec, ne se retrouvent pas là-dedans. C'est pas une petite PME qui va aller frapper à la porte de la Caisse de dépôt pour avoir du capital de risque. Dans ce sens-là, on est déçu."

Daniel Audet, premier vice-président du Conseil du patronat, n'est pas très heureux de la hausse de la TVQ, "mais par contre les autres aspects du budget nous plaisent beaucoup parce qu'on a évité le bar ouvert et les dépenses tous azimuts".

> Autres

Lise Denis directrice générale de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux se réjouit du fait qu' "au moins, les coûts de système de la santé et des services sociaux sont couverts", car, admet-elle "il y avait de l'inquiétude dans notre réseau" à ce sujet.

Toutefois, elle note que les investissements supplémentaires prévus seront consacrés aux déficients intellectuels et physiques, ainsi qu'aux Groupes de médecine familiale, alors qu'il existe des besoins énormes en soins à domicile et pour les aînés.

Le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, David Paradis, n'est pas impressionné des sommes investies dans l'éducation, surtout que le gouvernement Charest jure qu'il veut réinvestir en éducation et dans le savoir.

"Essentiellement, ce qu'on voit dans le budget, c'est du maintien, de l'indexation des coûts du système", a critiqué M. Paradis. "Le gouvernement fait juste 'patcher' les murs, s'assurer qu'ils ne soient pas complètement écroulés, même s'il y a plein de lézardes à la grandeur."

Le coordonnateur du FRAPRU (Front d'action populaire en réaménagement urbain), François Saillant, trouve insuffisant d'annoncer la construction de 3000 logements sociaux, alors que le Parti libéral s'était engagé, en campagne électorale, à 3000 logements par année pendant cinq ans, soit 15 000.

Etre fixé seulement pour un an lui paraît aussi incommodant. "Encore une fois on va se retrouver dans la balance des choix budgétaires de l'an prochain. Donc, pour l'avenir, on ne peut pas dire qu'on est très rassuré", a déploré M. Saillant en entrevue.

Il relève en plus que "l'argent fédéral à lui tout seul finance 1200 ce ces logements-là".

L'Union des consommateurs s'indigne aussi des hausses de tarifs et de la TVQ. "Ces mesures, combinées à la hausse de la taxe de vente, vont affecter plus durement les ménages les plus vulnérables", déplore-t-on dans un communiqué.

L'organisme aurait apprécié que la TVQ soit au moins modulée en fonction de la nature des biens, comme l'éliminer ou la réduire pour les biens essentiels et l'augmenter pour les biens de luxe.

L'Union des municipalités aurait aimé entendre la ministre annoncer une accélération des investissements dans les infrastructures. Les municipalités du Québec ont dans leurs cartons pour 4 milliards $ de projets.

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