Moscou défend le rouble à coups de milliards

Publié le 21/10/2008 à 00:00

Moscou défend le rouble à coups de milliards

Publié le 21/10/2008 à 00:00

Par La Presse Canadienne
Le rouble a régulièrement reculé depuis le déclenchement le 7 août des cinq jours de guerre avec Tbilissi, perdant entre 10 et 12% de sa valeur face au billet vert. Sans l'intervention de la Banque centrale, début septembre, la glissade aurait pu être encore plus accentuée et plus rapide.

D'après Anton Stroutchenevski, économiste à la banque d'investissement Troika Dialog, la Banque centrale a consacré 600 millions de dollars par jour

à acheter des roubles et soutenir le taux de change, soit 20 milliards de dollars en moins de deux mois. D'autres experts estiment ce chiffre à 50 milliards de dollars.

Bien que la Russie dispose de plus de 500 milliards de dollars en réserves de change, la situation "ne peut pas durer éternellement", estime Stroutchenevski.

Aux yeux de certains analystes, la Banque centrale tente d'arranger un atterrissage en douceur pour le rouble, en laissant les taux de change filer, moyen de renforcer l'industrie russe en élevant les coûts des importations concurrentes. Objectif: permettre au rouble de glisser progressivement et éviter ainsi de provoquer la panique.

"La Banque centrale, pour se protéger, a pris la décision d'entamer une dévaluation, une dévaluation douce du rouble", a commenté lundi Andreï Illarionov, ancien conseiller du Kremlin et aujourd'hui détracteur du gouvernement, devant des journalistes.

Permettre au rouble de chuter trop rapidement serait en contradiction avec la ligne officielle du Kremlin, qui est que l'économie russe est toujours florissante, et largement protégée de la récession internationale. La force et la stabilité de la devise russe était jusqu'à peu le symbole de la fierté d'un pays qui s'est relevé de la crise économique de 1998.

Un gouvernement peut soit fixer un taux de change officiel, parfois basé sur une autre monnaie, ou laisser sa monnaie flotter.

Le cours du rouble étant indexé à un "panier" de devises dollar/euro, il ne flotte que dans une fourchette étroite, qui évite ainsi les chocs économiques causé par des fluctuations soudaines.

La décision de laisser flotter le rouble "condamnerait le secteur bancaire", estime Natalia Orlova, économiste en chef à la banque Alfa. "Si le rouble perd le soutien de l'Etat, ce sera la panique", prédit-elle. "Les gens retireraient leurs roubles (...) pour les convertir en dollars".

La semaine dernière, Egor Gaïdar, économiste et ancien Premier ministre, a loué les efforts déployés par le gouvernement pour soutenir le rouble, une décision "intelligente" à ses yeux.

Jusqu'à cet été et depuis plusieurs années, le rouble engrangeait des gains, entretenus par la hausse des cours des matières premières russes, particulièrement le pétrole et le gaz. La devise russe s'était renforcé face au billet vert en juillet, à 23,14 roubles le dollar, soit son meilleur niveau en neuf ans.

Mais la monnaie a fléchi de façon spectaculaire depuis trois mois, pour atteindre son niveau le plus faible en vingt mois, s'échangeant à 26,4 contre le dollar vendredi et à 26,3 lundi.

Ce week-end, Moscou bruissait de rumeurs selon lesquelles le Kremlin s'apprêtait à laisser le rouble flotter. Soucieuse de rassurer les marchés, la Banque centrale a précisé qu'elle continuerait à soutenir la devise russe, avant de présenter lundi des mesures destinées à limiter les traders qui chercheraient à profiter d'un rouble à la baisse via des "swaps" de devises (contrat d'échange du service de la dette sur deux montants, libellés en monnaies différentes, sur une période définie). Les prix du pétrole ont également enregistré des gains -modestes- lundi, renforçant un peu plus le rouble.

Pour certains analystes, l'économie russe demeure relativement saine et la monnaie devrait montrer plus de ressort. Mais nombre de Russes ont encore en tête l'effondrement du rouble il y a dix ans.

Une rapide dévaluation ne saperait pas simplement la confiance dans la monnaie, elle serait aussi source de difficultés politiques pour le Kremlin. Nombre de Russes se souviennent des années 90, marquées par une pauvreté écrasante et des troubles politiques, comme une période d'humiliation. Il y a dix ans, cependant, le pays se trouvait dans une position économique beaucoup plus faible et nul ne s'attend aujourd'hui à une répétition de cette catastrophe.

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