La facture énergétique d'une entreprise est souvent le fait de quatre ou cinq éléments très gourmands. Les déceler et les mettre au régime permet de réduire la consommation. " En général, 20 % des machines d'une entreprise consomment 80 % de l'énergie qu'elle utilise ", note Éric Le Couédic, directeur de la Démarche d'accompagnement industriel en efficacité énergétique à l'Association québécoise pour la maîtrise de l'énergie (AQME).
Le bilan énergétique dresse un portrait précis de la consommation d'électricité, de gaz naturel ou de mazout lourd. Ces calculs permettent de savoir précisément la quantité d'énergie que nécessitent l'éclairage, le parc informatique ou les compresseurs à air.
" Pour réaliser cela, il faut répertorier tous les équipements électromécaniques, puis évaluer la charge et les moments d'utilisation de chacun d'entre eux ", dit Mario Boissonneault, chef de service en efficacité énergétique au bureau de la firme d'ingénierie Stavibel, à Rouyn-Noranda.
Une équipe bien formée
Avant d'arrêter votre choix, veillez à ce que vos employés soient formés pour composer avec le changement d'équipement ou de procédure envisagé. " Assurez-vous aussi, le cas échéant, que les nouvelles machines s'intégreront bien à vos activités et à votre système de contrôle, et que leurs pièces de remplacement se trouveront facilement ", conseille M. Coutu.
Si vous investissez dans un équipement qui vous servira quotidiennement, accordez la priorité à " la fiabilité, quitte à ce que les économies d'énergie soient moins importantes, dit M. Boissonneault. Car vous vous mordrez les doigts si votre outil peu énergivore provoque de nombreux arrêts de production ! "
Il vaut mieux commencer à petite échelle : avant de généraliser un changement à toute votre organisation, testez-le dans une usine ou un service, puis mesurez les économies qu'il a réellement engendrées.
Enfin, gardez une vue d'ensemble de vos équipements pour éviter les coups d'épée dans l'eau. " Une grande surface a vu ses coûts de chauffage augmenter substantiellement après avoir remplacé des lampes peu efficaces qui dégageaient beaucoup de chaleur par des modèles qui n'en émettaient presque pas ", raconte M. Coutu.
Analyser sa facture
Plusieurs spécialistes donnent le même conseil : avant de se lancer dans des mesures d'efficacité énergétique tous azimuts, il faut prendre le temps d'analyser sa facture d'électricité. Pourquoi ? Parce qu'Hydro-Québec exige que ses clients d'affaires choisissent une puissance souscrite, c'est-à-dire la quantité maximale de kilowattheures dont ils prévoient avoir besoin à n'importe quel moment de l'année.
Ne pas dépasser sa puissance souscrite
Pendant l'hiver, un client qui dépasse ce plafond doit payer une pénalité, que la société d'État qualifie de prime. " Plusieurs entreprises excèdent cette pointe de consommation le matin, au moment où elles démarrent leurs équipements. Elles paient donc un tarif d'électricité plus élevé, même si leur consommation diminue par la suite ", dit Patrick Coutu, directeur de projets chez GeniMac.
" Considérez d'abord les changements qui vous aideraient à ne pas dépasser votre puissance souscrite ", ajoute-t-il. L'aréna de la municipalité de Matagami, par exemple, au nord de Val-d'Or, est équipé d'un système informatisé qui contrôle l'utilisation de l'énergie du bâtiment. " Si l'aréna devait s'approcher un peu trop de sa puissance souscrite, l'ordinateur procéderait automatiquement à du délestage : il arrêterait les systèmes non essentiels ou réduirait leur cadence ", dit Marco Bédard, directeur des services techniques de la Ville.
Il est possible de réaliser des centaines de milliers de dollars en économies simplement en étalant le démarrage des équipements sur quelques heures, soutient M. Coutu. Par exemple, en demandant au veilleur de nuit d'en allumer quelques-uns avant la fin de son quart de travail.
PENSEZ À L'AIDE FINANCIÈRE
Vous savez quels procédés améliorer, mais vous hésitez entre plusieurs équipements ? Un conseil : optez pour celui qui est admissible à une aide financière. " Si aucun programme n'est possible, demandez-vous pourquoi, car ils soutiennent les meilleures technologies disponibles ", dit Éric Le Couédic, de l'Association québécoise pour la maîtrise de l'énergie.
" Les programmes changent régulièrement ", ajoute toutefois l'ingénieur Patrick Coutu, directeur de projets chez GeniMac, une firme montréalaise de génie-conseil spécialisée dans les économies d'énergie. " Vérifiez donc attentivement si celui qui vous intéresse sera toujours en vigueur lorsque vous serez prêt à passer à l'action. "
