Les «horreurs» de Marioupol laisseront «une trace indélébile»

Publié le 16/06/2022 à 09:09, mis à jour le 16/06/2022 à 12:10

Les «horreurs» de Marioupol laisseront «une trace indélébile»

Publié le 16/06/2022 à 09:09, mis à jour le 16/06/2022 à 12:10

Le président de l'Ukraine Volodymyr Zelensky (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 15 juin 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici.    

12h00 | Genève — «Les horreurs infligées à la population civile» du port ukrainien de Marioupol, tombé en mai sous contrôle russe au terme d’un terrible siège, «laisseront une trace indélébile, y compris sur les générations à venir», a déclaré jeudi la Haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet.

«Entre février et fin avril, Marioupol était probablement l’endroit le plus meurtrier en Ukraine», a-t-elle déclaré, devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève, en présentant un rapport actualisé de la situation dans ce port stratégique, théâtre d’une féroce bataille. 

«L’intensité et l’étendue des combats, des destructions (le nombre) des morts et des blessés suggèrent fortement que de graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme ont eu lieu», a-t-elle ajouté.

Michelle Bachelet a évoqué «les parents qui ont dû enterrer leurs propres enfants, les personnes qui ont vu leurs amis se suicider, les familles déchirées, tous ceux qui ont dû quitter une ville aimée sans être sûrs de la revoir».

Elle a précisé que son administration avait d’ores et déjà établi que 1 348 décès de civils, dont 70 enfants, étaient directement liés aux violents affrontements qui ont en grande partie détruit la ville.

«Ces morts ont été causées par des frappes aériennes, des tirs de chars et d’artillerie ainsi que par des armes légères et de petit calibre lors des combats de rue», a-t-elle déclaré. 

Mais elle a reconnu que «le bilan réel des combats sur les civils est probablement plus élevé de plusieurs milliers».

Le Haut-commissariat aux droits de l’Homme a aussi estimé que jusqu’à 90% des bâtiments d’habitation de la ville avaient été endommagés ou détruits, tandis qu’environ 350 000 personnes avaient été forcées de quitter la ville.

 

Situation «désastreuse»

La représentante du gouvernement ukrainien Tetiana Lomakina a quant à elle affirmé par message vidéo que «22 000 personnes au moins» avaient été tuées pendant le siège et 47.000 «transférées de force» vers la Russie ou des territoires occupés.

L’assaut des troupes russes contre Marioupol a fait l’objet de nombreuses accusations de crimes de guerre, y compris des attaques contre une maternité et un théâtre, où des centaines de femmes et d’enfants avaient trouvé refuge.

L’ambassadeur russe Gennady Gatilov a pour sa part affirmé qu’il n’était pas nécessaire de se concentrer sur Marioupol. «La ville de Marioupol a été totalement libérée», a-t-il lancé, en insistant sur le fait que «la paix est de retour». «Nous ne voyons aucun intérêt à la réunion d’aujourd’hui.», a-t-il ajouté.

La Haute-commissaire a au contraire insisté sur le fait que la situation actuelle à Marioupol est toujours «désastreuse».

Les habitants restés sur place «se débattent au quotidien avec un accès limité aux services publics et aux services sociaux de base, tels que les soins médicaux», a-t-elle rappelé.

Elle a également mis en garde contre les violences possibles à l’encontre des 2 000 soldats Ukrainiens ayant combattu à Marioupol et maintenant détenus comme prisonniers de guerre. 

Les condamnations à mort prononcées contre trois combattants étrangers — deux Britanniques et un Marocain — «peuvent équivaloir à un crime de guerre», a-t-elle déclaré.

Situé sur la mer d’Azov, qui donne sur la mer Noire, le port de Marioupol était, avant l’offensive russe lancée le 24 février contre l’Ukraine, le deuxième port civil le plus important du pays après celui d’Odessa.

Le Kremlin avait annoncé sa conquête le 21 avril, après des combats qui ont laissé la ville largement détruite. Mais les derniers défenseurs ukrainiens, retranchés dans l’immense aciérie Azovstal, ne se sont rendus qu’environ un mois plus tard, après quasiment trois mois de combats.

 

11h30 | Kyiv — Olaf Scholz a dit jeudi à Kyiv espérer une «décision positive» de l'Union européenne sur le statut de candidat de l'Ukraine et de la Moldavie.

«L'Ukraine fait partie de la famille européenne», a assuré le chancelier allemand lors d'une conférence de presse commune avec les dirigeants ukrainien, français, italien et roumain, précisant qu'il faudrait «faire tout le nécessaire» pour «trouver l'unanimité» au sein de l'UE pour lancer ces candidatures.

«L'adhésion à l'Union européenne est soumise à des règles claires qui doivent être respectées par tous», a toutefois rappelé M. Scholz.

Critiqué pour ses atermoiements dans son soutien militaire à Kyiv, puis pour la lenteur des livraisons d'armes lourdes promises par l'Allemagne, Olaf Scholz a assuré que le soutien de son pays à la défense ukrainienne serait sans faille.

«(…) Nous aidons l'Ukraine avec des livraisons d'armes, nous continuerons à le faire aussi longtemps que l'Ukraine en aura besoin», a-t-il promis.

Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi ont entamé jeudi une visite inédite de «soutien» à Kyiv, alors que l'Union européenne doit décider la semaine prochaine si elle accorde à l'Ukraine le statut officiel de candidat à l'Union européenne.

L'Italie «veut l'Ukraine dans l'Union européenne», avait, peu avant M. Scholz, affirmé jeudi le chef du gouvernement italien.

Les Vingt-Sept doivent décider, lors d'un sommet les 23-24 juin, s'ils accordent dans un premier temps à l'Ukraine le statut officiel de candidat à une adhésion, début d'un processus de négociations qui peut durer des années. La Commission européenne doit faire connaître sa recommandation vendredi.

 

L'Ukraine «prête à travailler» pour devenir «membre de plein droit» de l'UE

11h25 | Kyiv — L’Ukraine est «prête» à travailler pour devenir «membre de plein droit» de l'Union européenne, a déclaré jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors d'une conférence de presse à Kyiv aux côtés de ses homologues allemand, français, italien et roumain.

«Les Ukrainiens ont déjà mérité le droit de se mettre sur cette voie et d'obtenir le statut de candidat» à une adhésion, a ajouté M. Zelensky après s'être entretenu avec MM. Scholz, Macron, Draghi et Iohannis.

L'Union européenne doit décider la semaine prochaine d'accorder ou non à l'Ukraine ce statut de candidat, première étape d'un processus de négociations qui peut durer des années. 

La Commission doit faire connaître sa recommandation vendredi.

Selon M. Zelensky, vêtu de son habituel t-shirt kaki, donner le statut de candidat à l'UE pour l'Ukraine «peut renforcer de façon historique la liberté en Europe».

Le président ukrainien a de nouveau réclamé à ses alliés européens «de nouvelles livraisons, avant tout des armes lourdes, de l'artillerie réactive moderne (et) des systèmes de défense antiaériens» pour faire face à la progression de l'armée russe dans le Donbass (est).

«Chaque jour qui passe de décisions retardées ou ajournées (sur les livraisons d'armes) correspond à la possibilité pour les militaires russes de tuer les Ukrainiens ou de détruire nos villes», a-t-il indiqué face à la presse.

 

Ukraine: France, Allemagne, Italie et Roumanie pour un statut de candidat «immédiat» à l'UE

11h05 | Kyiv — Les dirigeants français, allemand, italien et roumain sont tous pour l'octroi «immédiat» à l'Ukraine du statut officiel de candidat à l'entrée dans l'Union européenne, a déclaré le président français Emmanuel Macron, jeudi lors d'une conférence de presse des dirigeants européens à Kyiv.

«Tous les quatre nous soutenons le statut de candidat immédiat à l'adhésion», a déclaré M. Macron, à l'issue d'entretiens avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, accompagné du chancelier allemand Olaf Scholz, du chef du gouvernement italien Mario Draghi et du président roumain Klaus Iohannis. 

«Ce statut sera assorti d'une feuille de route et impliquera aussi que soit prise en compte la situation des Balkans et du voisinage, en particulier de la Moldavie», a-t-il ajouté, lors de ce point presse organisé dans les jardins du palais présidentiel ukrainien.

Le chef du gouvernement italien a confirmé cette position.

L'Italie «veut l'Ukraine dans l'Union européenne», a déclaré Mario Draghi, «elle veut que l'Ukraine ait le statut de candidat et soutiendra cette position lors du prochain Conseil européen», a-t-il ajouté. 

Mais il a laissé entendre que le chemin pourrait être long avant une adhésion. «Le chemin de candidat à membre (de l'UE) est un chemin, et non un point» fixe, a-t-il souligné.

Emmanuel Macron a de son côté de nouveau assuré à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky: «L'Europe est à vos côtés, elle le restera autant qu'il faudra».

Les dirigeants européens doivent décider lors d'un sommet les 23 et 24 juin de l'octroi de ce statut de candidat à l'adhésion, première étape d'un processus de négociations qui peut durer des années. La Commission doit faire connaître sa recommandation vendredi.

Concernant les livraisons d'armes lourdes que l'Ukraine réclame depuis des semaines pour résister à l'offensive russe dans le Donbass, Emmanuel Macron a aussi annoncé que la France allait livrer à l'Ukraine «six Caesar additionnels», ces canons automoteurs réputés pour leur précision et leur mobilité.

«Au-delà des 12 Caesar déjà livrés, j'ai pris la décision de livrer six Caesar additionnels», a-t-il indiqué à l'issue des entretiens avec M. Zelensky.

 

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