Les chars russes aux portes de Kyiv, l'UE s'attend à des millions de réfugiés

Publié le 10/03/2022 à 08:15, mis à jour le 10/03/2022 à 14:21

Les chars russes aux portes de Kyiv, l'UE s'attend à des millions de réfugiés

Publié le 10/03/2022 à 08:15, mis à jour le 10/03/2022 à 14:21

(Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine en date du 10 mars. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.    

13h57 | Kyiv — Des chars russes sont parvenus jeudi aux portes nord-est de Kyiv, poursuivant leur manœuvre d'encerclement, tandis que le flot des Ukrainiens chassés par la guerre grossissait sans cesse, un «très gros défi» pour l'Union européenne qui s'apprête à accueillir des millions de réfugiés.  

Le même jour, les premières négociations directes à haut niveau entre les belligérants depuis le début, le 24 février, de l'invasion de l'Ukraine n'ont pas permis de parvenir à un cessez-le-feu.

Les États-Unis et leurs alliés européens envisageaient pour leur part, en réponse aux atrocités semblant «s'intensifier» contre les civils ukrainiens, des sanctions supplémentaires contre la Russie. 

Sur le terrain des combats, une équipe de l'AFP a vu des colonnes de fumée s'échapper du village de Skybyn, à quelques centaines de mètres du dernier barrage des forces ukrainiennes avant l'entrée de la capitale au nord-est.

Des chars russes étaient déjà arrivés dans ses faubourgs nord et ouest.

En fin de matinée, une pluie de roquettes russes Grad s'est abattue sur le village désert de Velyka Dymerka, à environ cinq kilomètres des limites de Kyiv, dont certaines ont atterri à une vingtaine de mètres de l'équipe de l'AFP.

Selon l'état-major ukrainien, les forces russes, tout en continuant leur «opération offensive» pour encercler la capitale, attaquent sur d'autres fronts, dans l'est, les villes d'Izioum, de Petrovske, de Hrouchouvakha, de Soumy et d'Okhtyrka ou dans les régions de Donetsk et de Zaparojie.

 

La Turquie espère une rencontre au sommet

De leur côté, les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions au cours de leurs discussions sous les auspices de leur homologue turc Mevlut Cavusoglu à Antalya, une station balnéaire du sud de la Turquie prisée des touristes russes.

«Nous avons évoqué un cessez-le-feu, mais aucun progrès n'a été accompli en ce sens», a déclaré M. Kuleba, ajoutant cependant qu'il «espérait» pouvoir poursuivre la discussion avec son homologue.

Le chef de la diplomatie ukrainienne a révélé que Sergueï Lavrov lui avait assuré que la Russie «allait continuer (son) agression jusqu'à ce que nous acceptions sa demande de capituler».

Mais «l'Ukraine ne s’est pas rendue, ne se rend pas et ne se rendra pas», a-t-il clamé.

Le ministre russe, selon lequel la Russie ne prévoit «pas d'attaquer d'autres pays» et n'a «pas attaqué l'Ukraine», s'est quant à lui prononcé pour la poursuite du dialogue avec l'Ukraine, mais avant tout via des envoyés des deux camps à la Biélorussie, donc à un niveau inférieur.

Trois sessions de pourparlers entre négociateurs russes et ukrainiens ont déjà eu lieu dans cet État allié de Moscou, depuis le début de l'invasion, aboutissant à plusieurs cessez-le-feu locaux et à l'ouverture de couloirs humanitaires pour évacuer des civils de villes encerclées. 

Mais les Russes ont été à plusieurs reprises accusés d'avoir violé ces accords.

Le chef de la diplomatie turque, qui avait pris place entre ses deux homologues au bout d'une grande table en U, a quant à lui dit espérer l'organisation d'une rencontre au sommet entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky.

Parallèlement, les dirigeants français et allemand Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont, dans un entretien téléphonique avec M. Poutine, «insisté sur le fait que toute solution à cette crise devait passer par des négociations entre l'Ukraine et la Russie» et exigé «un cessez-le-feu immédiat».

 

Plus de 80 000 personnes évacuées

Pour l'heure, l'armée russe maintient son siège des grandes villes et une campagne de bombardements, à l'image de celui qui a touché mercredi un établissement abritant un hôpital pour enfants et une maternité à Marioupol, un port stratégique sur la mer d'Azov (sud-est) assiégé par les forces russes depuis neuf jours.

Trois personnes, dont une fillette, y ont péri, a annoncé dans un nouveau bilan jeudi la mairie, qui faisait état la veille de 17 blessés. Une quatrième personne a été tuée dans un raid sur cette cité jeudi matin.

«Crime de guerre odieux» pour l'Union européenne, usage «barbare» de la force contre des civils pour la Maison-Blanche, acte «immoral» pour le premier ministre britannique Boris Johnson ou encore «acte de guerre indigne» pour Emmanuel Macron: cette attaque a suscité une vague de condamnations internationales.

Selon un membre de l'administration militaire ukrainienne de la région, des femmes étaient en train d'accoucher dans un des bâtiments lorsque la frappe s'est produite.

«La prétendue frappe aérienne est une mise en scène totale à des fins de provocation afin d'entretenir l'agitation antirusse du public occidental», a rétorqué le ministère russe de la Défense. 

Au total, depuis le début de l'invasion, 71 enfants ont été tués et plus de 100 blessés en Ukraine, a déclaré mardi Liudmyla Denisova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien.

La moitié de la population de l'agglomération de Kyiv a fui en deux semaines, a annoncé son maire, Vitali Klitschko, affirmant que, désormais, «un peu moins de deux millions d'habitants» s'y trouvaient.

Des couloirs humanitaires ont de nouveau été ouverts jeudi pour permettre l'évacuation de civils de zones durement frappées par les combats, qui ont obligé les habitants de plusieurs grandes villes à rester parfois des jours cachés dans des caves.

Plus de 80 000 personnes ont été évacuées en deux jours des villes assiégées de Soumy et des environs de Kyiv, a fait savoir jeudi le gouvernement.

 

Pas d'adhésion rapide à l'UE

Les dégâts provoqués par la guerre en Ukraine sont pour l'instant évalués à 100 milliards de dollars américains, selon Oleg Ustenko, le conseiller économique du président ukrainien.

Face à cette situation, les Américains et leurs alliés s'efforcent d'aider l'Ukraine tout en évitant l'implication militaire directe des États membres de l'OTAN.

En Turquie, M. Lavrov a jugé «dangereuse» la fourniture d'armes par les Occidentaux à l'Ukraine, dénonçant en particulier les livraisons de missiles sol-air portables.

Du côté de l'Union européenne, les chefs d'État et de gouvernement des 27 États membres étaient réunis pour deux jours à Versailles, près de Paris, pour travailler sur les défis économiques et sécuritaires créés par la guerre en Ukraine. 

Emmanuel Macron a à cette occasion jugé que l'UE allait «changer plus vite et plus fort sous le coup de la guerre», tandis que, de Varsovie, la vice-présidente américaine Kamala Harris a considéré que l'OTAN était devenue «plus forte» et la Russie «plus faible».

Mais il n'existe «pas de procédure rapide d'adhésion à l'UE», a rappelé le premier ministre néerlandais Mark Rutte, pour lequel l'intégration de l'Ukraine est une «question de long terme».

En attendant, l'accueil de millions de réfugiés ukrainiens est un «très, très gros défi», mais l'Union européenne est mieux préparée qu'en 2015 et les États membres font preuve d'une solidarité «sans précédent», a noté la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson.

Après deux semaines de conflit, les sanctions occidentales continuent de pleuvoir sur la Russie, avec notamment le gel au Royaume-Uni des avoirs de sept oligarques russes, dont Roman Abramovitch, une décision qui implique la suspension de la vente du club de football de Chelsea.

La liste des entreprises étrangères coupant tout ou partie de leurs liens avec la Russie s'allonge toujours plus. Dernière en date, la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, qui va se retirer de ce pays.

Pour y faire face, Moscou a interdit l'exportation de certaines marchandises et d'équipements précédemment importés.

«Toutes nos obligations en matière d'approvisionnements énergétiques» seront remplies, a néanmoins promis Vladimir Poutine, tout en avertissant que les sanctions risquaient d'entraîner une hausse mondiale des prix des produits alimentaires, car la Russie ne pourra plus exporter suffisamment d'engrais.

Les États du G7 ont quant à eux appelé les pays producteurs de gaz et de pétrole à «augmenter leurs livraisons» pour faire face à la hausse des prix de l'énergie et aux risques de pénuries.

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