Entrevue n°221: Wang Shuo, rédacteur en chef, Caixin Media


Édition du 11 Octobre 2014

Entrevue n°221: Wang Shuo, rédacteur en chef, Caixin Media


Édition du 11 Octobre 2014

Par Diane Bérard

D.B. - En Occident, on parle beaucoup des réformes économiques amorcées par le gouvernement de Li Keqiang. Est-ce la priorité du gouvernement chinois ?

W.S. - Il existe un consensus, en Chine comme à l'international : notre croissance durable passe par un ajustement de la relation entre l'État et le marché. Mais ne vous méprenez pas. Le souci principal du gouvernement, ce sont les mauvaises créances des banques et le risque qu'elles font peser sur le secteur financier. Pas les réformes économiques.

D.B. - L'Occident entend aussi beaucoup parler de la lutte contre la corruption. Cette lutte n'est-elle pas risquée ?

W.S. - Certains avancent que lutter contre la corruption peut nuire à la croissance économique. Je ne suis pas d'accord avec cet argument. Mais je peux vous l'expliquer. Les détracteurs affirment que la lutte anticorruption paralyse les fonctionnaires, ce qui ralentit l'économie. Je n'y crois pas. De toute façon, nous n'avons pas vraiment besoin des fonctionnaires pour faire avancer notre économie (rires). En fait, tant mieux s'ils sont paralysés par l'inaction... (rires)

D.B. - Jusqu'où le gouvernement de Li Keqiang est-il prêt à aller dans cette lutte contre la corruption ?

W.S. - Le gouvernement est très sérieux. Cette lutte sera plus longue et son action, plus large et plus profonde que ce que tout le monde anticipait au lancement de la campagne, il y a deux ans. S'il existait un record de lutte à la corruption en Chine, le présent gouvernement l'aurait battu depuis longtemps. Il a repoussé toutes les limites. Et ce n'est pas terminé.

D.B. - Y a-t-il eu des dommages collatéraux ?

W.S. - Oui. Le plus important a été la mise sous enquête de Zhou Yongkang, 71 ans, ex-chef de la sécurité du pays et membre du Politburo. Zhou Yongkang est l'un des politiciens les plus influents de la dernière décennie. Et, depuis la prise du pouvoir par le parti communiste en 1949, c'est le membre le plus sénior du parti à être impliqué dans un scandale.

D.B. - La lutte à la corruption serait plus stratégique que le développement économique aux yeux du gouvernement de Li Keqiang. Expliquez-nous pourquoi.

W.S. - Le parti communiste ne veut pas changer le système politique chinois. Il a été très clair à ce sujet. Or, pour maintenir ce système, il doit dompter la bureaucratie. Une structure efficace et «propre» est essentielle au maintien du système politique chinois.

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