Entrevue n°221: Wang Shuo, rédacteur en chef, Caixin Media


Édition du 11 Octobre 2014

Entrevue n°221: Wang Shuo, rédacteur en chef, Caixin Media


Édition du 11 Octobre 2014

Par Diane Bérard

D.B. - Qu'est-ce que la «liste négative» de la zone franche de Shanghai ?

W.S. - Le gouvernement a dressé une liste de tout ce qui n'est pas permis à l'intention des entreprises étrangères qui s'installeront dans cette zone. Ce qui ne se trouve pas sur cette liste est permis. Ce qui est décevant dans le cas de la zone franche, c'est que la liste négative est passablement longue. Han Zhen, secrétaire du Parti communiste à Shanghai, affirme qu'elle raccourcira. Pour l'instant, je lui accorde le bénéfice du doute.

D.B. - On dirait que la relation entre le gouvernement chinois et les multinationales étrangères n'est plus ce qu'elle était...

W.S. - En effet, on assiste à un changement de paradigme. Lors des années 1980, 1990 et la première moitié des années 2000, les multinationales ont profité d'un traitement spécial. Elles payaient moins de taxes que les entreprises nationales et elles recevaient plus de subventions de la part des gouvernements locaux. Tout cela parce qu'elles injectaient du capital dans l'économie. Aujourd'hui, c'est différent. L'économie chinoise génère suffisamment de capital pour investir à l'étranger. Elle n'a plus autant besoin d'investissements étrangers. Désormais, la Chine voit les multinationales comme des concurrentes plutôt que comme des investisseuses. Cela donne lieu à un rééquilibrage de la relation entre le gouvernement et les entreprises étrangères. Et je ne crois pas que le nouvel équilibre sera atteint rapidement. Pour l'instant, les multinationales ont beaucoup moins d'influence sur le gouvernement chinois qu'elles en ont déjà eue.

D.B. - On entend de plus en plus parler des aspirations internationales des grandes sociétés chinoises...

W.S. - Il m'a fallu du temps pour comprendre cette aspiration. La Chine est un marché immense, pourquoi vouloir vendre ailleurs ? Aujourd'hui, je comprends mieux cette stratégie. Toute société d'envergure doit diversifier l'allocation de ses ressources. C'est une question d'occasions d'affaires et de gestion du risque. Les entrepreneurs chinois veulent diversifier leurs investissements aussi bien que leurs actifs personnels. N'oublions pas qu'en Chine, la règle de droit n'est toujours pas aussi répandue qu'en Occident.

D.B. - Comment se vit le métier de journaliste en Chine ? Est-ce aussi difficile qu'on l'imagine ?

W.S. - Les journalistes ont la vie difficile partout dans le monde. Le journalisme professionnel est mis à mal partout dans le monde. La baisse de publicité, la gratuité, la concurrence des blogueurs, etc. En Chine s'ajoute un niveau de difficulté : nous menons notre travail dans un environnement réglementaire bien particulier. Mais nous connaissons le système et nous savons comment pousser l'enveloppe le plus loin possible. Nous savons comment jouer ce jeu.

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