«Nous allons chercher nos as du rendement aux États-Unis»


Édition du 05 Octobre 2019

«Nous allons chercher nos as du rendement aux États-Unis»


Édition du 05 Octobre 2019

Par Dominique Beauchamp

Jason Donville a fondé Donville Kent Asset Management en 2008 et y gère entre autres le fonds de couverture DKAM Capital Ideas. Spécialiste du secteur financier et des titres à faible capitalisation, M. Donville a été analyste chez Valeurs mobilières Cormark de 2002 à 2007. (Photo: courtoisie)

DOMINIQUE BEAUCHAMP - Est-il encore possible de trouver des sociétés qui offrent une croissance régulière, un rendement de l'avoir de plus de 20 % et de les acheter à bon prix ?

JASON DONVILLE - C'est déjà plus difficile qu'avant et ça le deviendra encore plus parce que la croissance et l'inflation modérées étranglent les rendements composés. Bien peu d'entreprises réussissent à croître de plus de 10 % par année avec constance. Au Canada, plusieurs sociétés quittent aussi la Bourse. D'autres doivent composer avec des coûts plus élevés qu'avant. Enfin, d'autres ont tellement grossi que la loi des grands nombres ralentit leur taux de croissance. C'est en partie pourquoi nous avons élargi le mandat du fonds aux États-Unis le 1er avril. Les sociétés qui dégagent un rendement élevé de l'avoir des actionnaires y sont plus beaucoup plus nombreuses. Environ 30 % de nos titres y sont.

D.B. - Pourtant, la Bourse américaine est plus chèrement évaluée que bien d'autres.

J. D. - Effectivement, plusieurs titres y sont très chèrement évalués. En plus, les rachats d'actions gonflent le rendement de l'avoir des actionnaires en réduisant le dénominateur du calcul, le capital-actions. Le fournisseur de logiciels de gestion pour les manufacturiers Aspen Technology (AZPN, 125,10 $ US), par exemple, affiche un rendement de l'avoir de 72 % ; celui du fournisseur de logiciels aux assureurs Verisk Analytics (VRSK, 159,29 $ US) est de 27 %. Pour éviter les pièges, un taux de croissance annuel d'au moins 10 % des revenus et des marges croissantes devient plus important dans notre analyse.

D.B. - Vous conservez tout de même vos titres gagnants tels que Constellation Software, Groupe CGI ou Alimentation Couche-Tard.

J. D. - Le fournisseur de logiciels spécialisés Constellation (CSU, 1320,02 $) a très bien performé pour nous et il n'est plus bon marché. Si je repartais à neuf aujourd'hui, le titre serait cependant encore dans mes cinq premiers placements. Il est facile de mesurer comment la stratégie d'acquisition de la société peut la faire croître de 15 % par année. Le PDG a délégué la responsabilité des acquisitions aux filiales. Il a aussi abaissé le rendement minimal qu'elles doivent procurer. Malgré tout, le portrait global a peu changé. La société devrait conclure cette année des acquisitions de 400 à 500 millions de dollars qui ajouteront 4 milliards de dollars à sa valeur boursière de 27 G $, en fonction d'un multiple de 8 fois. C'est nettement mieux que la frénésie entourant le titre chouchou Shopify (SHOP, 415,72 $), dont tout le monde parle à Toronto, sans pouvoir expliquer ce que le spécialiste du commerce électronique fait. Les rendements financiers de CGI et de Couche-Tard ne sont pas aussi élevés qu'avant étant donné leur taille. Les deux entreprises réduisent aussi leur dette, ce qui procure moins d'élan aux rendements. Néanmoins, si elles annonçaient des acquisitions majeures demain matin, leurs perspectives changeraient rapidement.

D.B. - Par contre, vous avez vendu votre placement dans Dollarama. Pourquoi ?

J.D. - Le titre de Dollarama (DOL, 47,73 $) a beaucoup grimpé. En même temps, son expansion au pays offre moins de potentiel qu'auparavant. Un multiple élevé pour une croissance plus faible qu'avant nous semblait une moins bonne proposition. Pour l'instant, nous n'avons pas tous les éléments pour évaluer les perspectives de sa filiale Dollar City en Amérique latine. Si cela devait changer, il est possible que nous revenions au titre. Nous avons réinvesti nos gains aux États-Unis, notamment dans les fournisseurs de logiciels Adobe Systems (ABDE, 283,81 $ US), Aspen et Verisk. Le multiple de 29 fois les bénéfices du fournisseur du logiciel Flash Media est cher, mais on peut compter sur une croissance annuelle de 15 % des profits, même si son évaluation restait stable. Son rendement de l'avoir est de 28 %.

D.B. - Avez-vous déniché d'autres adeptes potentielles du rendement composé ?

J.D. - Depuis environ un an, nous avons accumulé environ 8 % de Redishred Capital Corp. (KUT, 0,84 $), qui se négocie à la Bourse de croissance. L'entreprise de Mississauga exploite neuf fournisseurs de service de déchiquetage de documents et compte 21 franchises Proshred Security aux États-Unis. La petite société est gérée par des dirigeants attentifs aux coûts et aux rendements financiers. Sa marge d'exploitation tourne autour de 35 %. À la suite du récent placement privé de 11,2 M $ auquel nous avons participé, nous prévoyons l'acquisition d'autres petits fournisseurs indépendants d'ici Noël. Son rendement de l'avoir pourrait passer de 20 % à 28 % une fois qu'elle aura investi son encaisse d'ici la fin de 2020. Le titre pourrait très bien grimper à 3 $ d'ici 5 ans.

À la une

Bourse: Wall Street a repris des couleurs

Mis à jour à 18:11 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de New York espère une baisse des taux de la Fed cette année.

À surveiller: Apple, Groupe CGI et Air Canada

10:05 | Jean Gagnon

Que faire avec les titres d'Apple, CGI et Air Canada? Voici quelques recommandations d'analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 6 mai

Mis à jour à 18:12 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.