La majorité des villes connaissaient déjà une chute des revenus et une montée du chômage et de la pauvreté.

Les chiffres du recensement publiés mardi montrent qu'après le boom de la fin du XXe siècle, l'ensemble du territoire américain a été frappé par le ralentissement au cours de la première moitié de la décennie.

Les petites et moyennes agglomérations du Midwest, qui souffraient déjà du déclin de l'industrie automobile, ont été les plus durement touchées, avec des taux de chômage qui ont doublé voire triplé dans les petites communautés du Michigan, de l'Ohio, de l'Indiana et l'Illinois. Sans être aussi accentuées, les difficultés n'ont pas épargné les autres coins du pays, où les revenus ont baissé alors que montaient les prix du logement.

Résultat: un grand écart qui a provoqué l'effondrement du marché de l'immobilier, finissant par alimenter la crise économique actuelle. "Pendant un moment on a vécu frénétiquement au-dessus de nos moyens", explique David Wyss, économiste en chef de Standard and Poor's, l'agence de notation de crédit. "On finançait nos modes de vie dépensiers en traitant les maisons comme des distributeurs de billets géants."

Les données de l'American Community Survey rendues publiques mardi apportent les premières informations détaillées au niveau économique, social et démographique pour les villes petites et moyennes depuis le recensement de 2000. Elles ont été recueillies pendant trois ans, entre 2005 et 2007, offrant une photographie des villes d'au moins 20 000 habitants au milieu de la décennie.

Les officiers du recensement ont conduit des entretiens avec trois millions de ménages chaque année pour l'étude, qui fournit des données annuelles pour les zones géographies avec des populations dépassant les 65.000 personnes. Pour les villes d'au moins 20 000 habitants, ce sont des moyennes sur trois ans.

La période couverte par l'étude comprend l'apogée du marché immobilier. Après la récession, les revenus avaient commencé à monter, les taux de chômage et de pauvreté à chuter. Mais, dans la grande majorité des villes américaines, les conditions économiques n'ont jamais totalement atteint la prospérité du début de la décennie.

L'Associated Press a analysé les données provenant d'environ 2000 villes de plus de 20 000 habitants dans tout le pays, comparant les chiffres de 2005-2007 avec ceux du recensement de 2000.

Elle a constaté que le revenu médian des ménages a chuté dans 79% des villes, une baisse touchant les agglomérations les plus riches, comme les plus pauvres. Au niveau national, les revenus ont baissé de 4,3% lors de cette période, à 50.007 dollars.

Dans 70% des villes, le taux de pauvreté s'est accru. Au niveau national, il est passé de 12,4 à 13,3% depuis le début de la décennie.

Le taux de chômage a également augmenté dans 71% des villes. Au niveau national, il est passé d'environ 4% de la population active en 2000 à 6,6% sur la période 2005-2007.

La valeur médiane des logements a augmenté de 92% dans les villes étudiées, allant jusqu'à doubler ou tripler dans certaines villes, essentiellement dans l'Etat de Californie. Au niveau national, elle s'est appréciée de 26%, à 181.800 dollars.

Il n'est pas étonnant que nombre de villes se soient mieux portées en 2000 qu'au milieu de la décennie, note Scott Hoyt, directeur senior d'économie des ménages chez Moody's Economy.com. "L'année 2000 se situait à la fin d'un incroyable boom qui a duré une décennie", rappelle-t-il. Les revenus augmentaient, le chômage baissait et la bulle n'avait pas encore explosé à Wall Street. "On n'a tout simplement pas eu assez d'années d'expansion" cette décennie, conclut-il.