Avec le début de ce qui s'annonce comme de laborieuses négocations entre le gouvernement du Québec et ses employés, on va encore entendre des arguments comme quoi les avantages sociaux dont ils disposent déjà sont considérables.
Et vous savez quoi ? C'est vrai.
À travers le Canada (et la proportion s'applique au Québec), 84 % des employés du secteur public bénéficient de ce qui devient graduellement une espèce en voie de disparition : un régime de retaite à prestations déterminées. À l'heure de la retraite, et tout au long des années qui suivent, on peut compter sur une rente régulière et prévisible.
Au privé ? Déjà qu'un nombre déclinant de travailleurs (25 %) ont droit à un régime de retraite, à peine le sixième d'entre eux peuvent compter sur une formule à prestations déterminées. Les autres participent à un rgime à cotisations déterminées : on sait combien d'argent est versé au départ, mais ensuite, tout dépend du rendement qu'obtient le régime... La hauteur de la rente est incertaine et variable.
Le choc futur que vont vivre les régimes de retraite est de plus en plus un enjeu crucial. Depuis samedi, le Globe and Mail l'aborde directement, en faisant une large place aux misères que vivent les employés d'entreprises qui ont flanché, comme Nortel, et qui réalisent que leurs projets à la retraite sont compromis parce que les fonds qui restent sont insuffisants pour leur payer la rente à laquelle ils ont légitimement droit.
Mais en réalité, la question est encore plus large et déborde les problèmes des entreprises qui se retrouvent avec un déficit dans leur caisse de retraite. Elle se présente ainsi : la grande majorité des gens ne disposeront pas de l'argent dont ils ont besoin pour vivre une retraite active et prospère. Et croyez bien que je ne viens pas en renfort aux campagnes de pub que s'apprêtent à lancer les institutions financières à l'aube de la saison des REER. Les faits sont simplement les faits.
Il va bien falloir voir les choses en face... et expliquer aux employés du secteur public qu'ils ne réalisent pas leur chance.
