Les fournisseurs d’assurances collectives font face à de nouveaux enjeux et doivent adapter leur modèle d’affaires pour tirer profit des nouvelles possibilités technologiques. Mathieu Beauchesne, conseiller stratégique et expert en assurance de personnes chez GFT, nous explique pourquoi les écosystèmes de santé numérique sont le baume recherché pour soulager les difficultés de l’assuré... et préserver la rentabilité de l’assureur !

Comme le démontre le dernier rapport publié par GFT Canada, plusieurs raisons doivent amener les compagnies d’assurances et les fournisseurs de technologies en santé à remettre en question leur modèle d’affaires actuel. Et la première d’entre elles, c’est que le système de santé canadien est actuellement mis à rude épreuve.

« La pandémie de la COVID-19 a évidemment amplifié le phénomène, avec l’annulation de rendez-vous, le retard de diagnostic et le report de chirurgies », explique Mathieu Beauchesne. Un problème d’accessibilité est donc constaté dans les soins de première ligne, dans les soins spécialisés et dans les services liés à la santé mentale. « Il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande dans le réseau », résume l’expert.

La hausse des coûts est un autre facteur qui suscite la réflexion. D’année en année, les fournisseurs d’assurance collective absorbent une part croissante des dépenses en santé au Canada. Cette tendance risque d’amenuiser la solidité financière des régimes d’assurance. « Les grands joueurs de l’industrie subissent ainsi une pression énorme sur leur mince marge de profit, comme en témoigne les résultats négatifs pour plus de la moitié des assureurs en assurance collective au Canada en 2021 ».

Mais que peuvent-ils faire pour améliorer leur rentabilité et favoriser l’accessibilité aux soins pour les participants à leurs régimes ? « Faire preuve d’efficacité opérationnelle, miser sur la prévention en matière de santé et fidéliser l’adhérent par une offre intégrée sont de premières pistes de solution », suggère Mathieu Beauchesne. Le modèle d’affaires traditionnel des assureurs, plus « transactionnel », n’est peut-être pas le mieux indiqué pour renverser la tendance. « Les fournisseurs d’assurances collectives doivent aller au-delà de leur rôle de payeur de réclamations. »

Il y a aussi la popularité des soins de santé virtuels — ils ont connu un essor important depuis le début de la pandémie — et l’engouement du consommateur pour les dispositifs de santé connectés qui changent la donne. « Il ne s’agit donc pas que d’offrir des applications tierces aux participants : elles doivent être intégrées dans un système bien rôdé pour permettre notamment l’échange d’informations entre les différents intervenants. »

L’écosystème de santé numérique : de quoi s’agit-il ?

Un écosystème de santé numérique est un ensemble d’outils, de technologies, de services et de ressources numériques interconnectés qui permettent la collecte, l’analyse et la distribution des données de santé pour créer un système de soins plus efficace et orienté sur les besoins du patient. L’équipe de GFT Canada, qui possède l’expertise pour veiller à la transformation numérique des clients du secteur, souligne quelques-uns des avantages d’un tel écosystème.

• Un accès facile aux soins de santé

L’approche du guichet unique regroupe en un seul endroit une multitude de services et de professionnels de la santé auxquels les participants peuvent facilement accéder tels que la télémédecine, les programmes d’aide aux employés (PAE), les pharmacies en ligne, les cliniques des troubles du sommeil, les conseils nutritionnels et le suivi des maladies chroniques. « Au lieu d’une offre fragmentée, tout est regroupé sous un même toit », explique Mathieu Beauchesne.

• Des soins personnalisés pour chaque patient

Les données recueillies durant l’interaction de l’adhérent avec les différents services permettent aux assureurs de créer des offres personnalisées et tarifées en fonction du risque réel que représente l’assuré. Elles permettent aussi d’orienter le participant vers des services adaptés à son état de santé, au moment opportun. Le fournisseur de service peut ainsi mieux anticiper les besoins futurs des individus. La loyauté du participant grimpe, puisqu’il se sent entre bonnes mains !

• L’accent mis sur la prévention

« Dans un écosystème de santé numérique, les fournisseurs d’assurance collective font évoluer leur modèle de gestion des risques vers un modèle axé sur la prévention. Ils aident les participants à prendre en charge tous les aspects de leur santé et de leur bien-être, en amont d’une éventuelle réclamation », explique l’expert de GFT. Un tel partenariat favorise le bien-être de l’adhérent et limite le nombre de réclamations à traiter par l’assureur. La rentabilité de celui-ci s’en trouve par conséquent préservée.

• Une communication à 360 degrés

Plusieurs acteurs interagissent dans un écosystème de santé numérique. Tout y est prévu pour éviter que certains renseignements médicaux ne se perdent en cours de route. Par exemple, le participant qui bénéficie d’une consultation en télémédecine sera rassuré de savoir que les notes du médecin traitant seront aussi disponibles au dossier informatisé du régime public.

Transformation numérique : accompagnement requis

Les assureurs doivent dès maintenant décider du rôle qu’ils entendent jouer dans les écosystèmes numériques en santé. Une telle transformation entraîne généralement des coûts importants, d’où l’importance d’élaborer à l’avance une stratégie robuste pour gérer l’analyse et la sécurité des données, l’intégration de nouvelles technologies et le rôle précis des partenaires.

« Les données liées à la santé offrent l’opportunité aux assureurs de développer un modèle économique pérenne tout en contribuant au mieux-être des assurés. Des mesures doivent cependant être mises en place pour garantir la confidentialité et la sécurité de ces données médicales, en conformité avec la réglementation en vigueur », explique Mathieu Beauchesne.

L’expert recommande donc de ne pas sauter trop vite dans l’action. « Il ne faut pas sous-estimer le travail requis en amont pour mettre en place ce type d’infrastructure. La première étape est de choisir un partenaire technologique de confiance, et qui a déjà fait ses preuves. » GFT possède d’ailleurs l’expertise pour concevoir des parcours de transformation numérique pour des clients des secteurs de la finance et de l’assurance. « Nous sommes un accélérateur pour ce type de projets », conclut-il.