La vaccination obligatoire pourrait s'étendre à d'autres secteurs

Publié le 19/08/2021 à 16:09

La vaccination obligatoire pourrait s'étendre à d'autres secteurs

Publié le 19/08/2021 à 16:09

Par La Presse Canadienne

Une quinzaine d'intervenants est attendue à la commission parlementaire. (Photo: La Presse Canadienne)

La vaccination obligatoire, qui devait au départ viser uniquement le personnel soignant, pourrait être étendue à d’autres types de travailleurs.

Le mandat de la commission parlementaire qui fera le point sur cette question la semaine prochaine stipule qu’un des enjeux abordés portera précisément sur la pertinence d’élargir l’obligation vaccinale à tous les travailleurs ayant «un contact prolongé avec les citoyens». La définition du mot «contact» demeure à préciser, tandis que le mot «prolongé» signifierait supérieur à 15 minutes.

Les négociations en cours sur cette consultation entamées mercredi entre le cabinet du leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, et les partis d’opposition n’étaient pas terminées jeudi, mais selon les informations obtenues jeudi par La Presse Canadienne de diverses sources, le portrait commence à prendre forme.

Ainsi, si tout se passe comme prévu, la commission parlementaire portant sur la vaccination obligatoire durera deux jours et aura lieu les jeudi 26 et vendredi 27 août. Le gouvernement Legault tenait au départ à limiter l’exercice à une seule journée, mais les partis d’opposition ont insisté pour entendre plusieurs groupes provenant de divers horizons, avec différentes expertises, et ont insisté pour obtenir une deuxième journée.

On ne sait pas ce que le gouvernement a en tête en choisissant d’élargir le mandat de la commission à d’autres catégories de travailleurs que ceux ayant des contacts directs avec les malades. Dans les rangs de l’opposition, on imagine qu’il s’agit des éducatrices en garderie, des enseignants, voire des fonctionnaires, notamment.

(Re)lire, Vaccination obligatoire: une majorité de PME se dit «pour»

Les personnes et groupes entendus pourront témoigner, à leur guise, par visioconférence ou en personne à l’Assemblée nationale. Les élus seront quant à eux présents au parlement. Sujet de négociations, la liste des intervenants demeure à compléter.

On s’attend à voir défiler au moins une quinzaine d’intervenants au total. Évidemment, plusieurs proviendront du milieu de la santé, mais aussi du monde syndical, des milieux scientifiques, de l’éducation et du droit. 

Les élus des différents partis voulaient entendre le ministre de la Santé, Christian Dubé, mais le gouvernement a refusé, ce que l’opposition officielle juge totalement inacceptable.

Le leader parlementaire de l’opposition libérale, le député André Fortin, estime qu’il est «inconcevable, voire insultant» de voir le ministre Dubé se défiler sur une question aussi sensible. Selon lui, le ministre Dubé est «l’acteur numéro un» dans ce dossier et il doit à la fois entendre les intervenants et répondre aux questions des élus. 

Sinon, tout l’exercice risque d’être «futile», a-t-il soutenu en entrevue téléphonique, en se montrant par ailleurs très favorable à l’idée d’élargir la vaccination obligatoire à des catégories d’emplois extérieures au monde de la santé, éventuellement les éducatrices en garderie et les enseignants de tous les niveaux. 

Les libéraux veulent aussi entendre le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, mais ils n’ont obtenu aucune assurance de ce côté.

Les partis d’opposition ont bien tenté d’inclure dans le mandat la question controversée du passeport vaccinal, mais le gouvernement a maintenu sa position, refusant mordicus.

Ils ont aussi souhaité que la commission parlementaire conclue ses travaux en formulant des observations et des recommandations au gouvernement, à partir des témoignages entendus, mais le gouvernement a refusé également cette avenue.

Mardi, le gouvernement avait pourtant exclu l’idée d’étendre l’obligation vaccinale à d’autres catégories de travailleurs que ceux du domaine de la santé, au moins «pour le moment».

 

En rappel

Rappelons que le premier ministre François Legault annonçait mardi que d’ici le 1er octobre, au Québec, tous ceux qui prodiguent des soins aux malades et sont en contact direct avec eux plus de 15 minutes devront être pleinement vaccinés contre le virus de la COVID−19 s’ils veulent continuer à travailler.

Sont visés les infirmières et préposés aux bénéficiaires, mais aussi les médecins et les ambulanciers, notamment, tant du secteur public que privé.

Les menaces à l’intégrité physique des personnes visées et leur droit de travailler seront des sujets abordés durant les échanges, tout comme la délicate question des sanctions à imposer aux récalcitrants. 

Si on impose un congé sans solde à ceux qui refuseront de relever la manche pour recevoir les deux piqûres, ce congé forcé devra durer combien de temps ? Le congédiement sera-t-il exclu ? Quel impact anticiper sur la pénurie de main−d’œuvre ? Comment protéger les personnes qui ne veulent pas se faire vacciner pour des raisons médicales ? Autant de questions que l’opposition veut poser aux experts. 

À ce jour, dans le secteur public uniquement, on estime qu’environ 50 000 travailleurs n’ont pas reçu leurs doses de vaccin. 

Le leader parlementaire de l’opposition péquiste, le député Martin Ouellet, craint lui aussi que l’exercice soit «un peu factice» si le gouvernement multiplie les obstacles et les refus. L’opposition péquiste a déjà pris les devants en demandant à l’Institut national de santé publique (INSPQ) de produire un avis sur la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé. 

Le ministre Jolin−Barrette n’a pas donné suite à une demande d’entrevue. 

 

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