Pourquoi l'Europe va s'enfoncer

Publié le 13/09/2011 à 15:37, mis à jour le 15/09/2011 à 09:48

Pourquoi l'Europe va s'enfoncer

Publié le 13/09/2011 à 15:37, mis à jour le 15/09/2011 à 09:48

Par François Normand

Jour après jour, les pays de la zone euro s’enfoncent dans le marasme économique et financier. Et la sortie de crise ne sera pas facile, selon la Financière Banque Nationale.

Cinq obstacles géopolitiques rendent un retour à la normal très difficile sur le Vieux continent, expliquent Pierre Fournier et Angelo Katsoras, analyste en géopolitiques à la FBN, dans une analyse publiée mardi.

L'affrontement entre pays créanciers et débiteurs

Des pays créanciers comme l’Allemagne et la Finlande dénoncent l’irresponsabilité budgétaire d’État comme la Grèce. Ils leur reprochent de s’être offerts de généreux programmes sociaux dont ils n’avaient pas les moyens.

Selon les deux analystes, le ton du débat s’est aussi dégradé au cours des derniers mois. La chancelière allemande Angela Merkel a par exemple reproché aux Grecs de prendre trop de vacances. En Grèce, des dirigeants ont rappelé le passé nazi de l’Allemagne.

 «Inutile de dire que, dans ce climat de méfiance et d’exaspération grandissantes, les dirigeants politiques auront du mal à discuter et résoudre de manière rationnelle les problèmes urgents qui se posent à eux», écrivent MM. Fournier et Katsoras.

La discorde entre pays créanciers

Si ce n’était pas assez : les pays créanciers ne s’entendent pas sur la façon de secourir les maillons faibles de la zone euro.

Par exemple, beaucoup de pays très endettés qui n’ont pas bénéficié d’un plan de sauvetage – comme la Belgique et l’Italie – sont en faveur d’une hausse substantielle du fonds d’urgence européen ou de l’émission d’obligations garanties par tous les pays de la zone euro.

C’est une toute autre histoire dans les pays peu endettés, soulignent les analystes de la FBN : «On ne peut espérer convaincre les contribuables des pays moins exposés comme l’Allemagne et la Finlande d’assumer, en plus du fardeau créé par les plans d’aide déjà en place, les risques associés aux futurs choix budgétaires de tous les gouvernements de la zone euro.»

Et selon Pierre Fournier et Angelo Katsoras, les disputes entre pays créanciers ne peuvent que s’envenimer.

Les pays secourus risquent de se révolter

Selon les analystes de la FBN, l'histoire nous apprend que les pays qui reçoivent de l'aide finissent par se révolter contre les conditions rigoureuses auxquelles ils doivent se soumettre, surtout s'ils n'ont aucun espoir d'avoir une croissance économique à court et moyen termes.

«L’Argentine est un cas d’école : ayant perdu confiance dans le régime prescrit par le Fonds monétaire international, elle a opté pour la faillite, soulignent MM. Fournier et Katsoras. Nombre d’indices laissent penser que la Grèce approche du point critique.

Les pays qui surnagent sont réticents à aider ceux qui coulent

Les pays qui peuvent secourir la Grèce ou d’autres pays en difficulté n’ont presque plus de marge de manœuvre, même s'ils ont une cote AAA. Dans ce groupe, il y a la France, l’Allemagne, l'Autriche, les Pays-Bas, la Finlande et le Luxembourg.

Par exemple, en 2011, la France devrait avoir un déficit budgétaire représentant près de 6% de son PIB, tandis que sa dette publique dépassera 80% du produit intérieur brut.

«Il est très difficile pour des gouvernements assujettis à de telles contraintes budgétaires de demander à leurs populations de se serrer la ceinture tout en finançant des plans de sauvetage», soulignent les analystes de la FBN.

Les citoyens se révoltent contre les gouvernements

Pierre Fournier et Angelo Katsoras affirment que les pays de la zone euro ont de plus en plus de mal à trouver le juste équilibre entre leurs engagements à l’égard de l’union monétaire et les attentes de leur population.

Les membres de la zone euro insistent sur la nécessité de secourir les pays en difficulté, comme la Grèce. Mais en pratique, c’est beaucoup plus compliqué.

Par exemple, pour convaincre l’Allemagne de laisser tomber son deutsche mark au profit de l’euro, on avait promis qu’aucun pays membre vivant au-dessus de ses moyens ne pourrait réclamer d’être secouru en cas de crise.

Or, aujourd’hui, les citoyens de l’Allemagne financent environ le tiers des prêts d’urgence consentis à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal. Et les Allemands en ont assez, comme en témoigne les élections successives en Allemagne.

«Cette année, la coalition d’Angela Merkel a perdu le pouvoir ou des sièges dans les six Länder où des élections ont eu lieu, y compris dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale, région d’origine de la chancelière», notent MM. Fournier et Katsoras.

Et sans le soutien de sa population, le gouvernement allemand aura de plus en plus de difficultés à justifier son aide aux pays en crise de la zone euro. Ce qui n’augure rien de bon si l’Italie ou l’Espagne devait aussi être secouru.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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