Libre échange Canada UE: le dernier sprint

Publié le 08/06/2011 à 17:15

Libre échange Canada UE: le dernier sprint

Publié le 08/06/2011 à 17:15

Par La Presse Canadienne

Le moment des décisions difficiles approche à grands pas pour les négociateurs canadiens et européens chargés de conclure un accord de libre-échange.

D'ici quelques semaines, les deux parties échangeront la deuxième version de leurs propositions respectives. Se tiendra par la suite à la mi-juillet, à Bruxelles, la huitième ronde de négociations depuis le début des pourparlers, en 2009.

Faisant le point sur la situation à la Conférence de Montréal, mercredi, des représentants d'Ottawa et de l'Union européenne ont soutenu que les discussions allaient bon train.

Jusqu'ici, les négociateurs se sont entendus pour éliminer 90 pour cent des tarifs douaniers qui existent entre le Canada et l'UE, mais les 10 pour cent restants portent sur les aspects les plus sensibles.

"La partie la plus difficile des négociations est encore à venir", a averti Ana Renart, négociatrice en chef adjointe pour le Canada.

Maurizio Cellini, chef de la section économique et commerciale de la délégation de l'UE au Canada, a souligné qu'au cours des prochains mois, les parties allaient devoir accepter de mettre de l'eau dans leur vin afin d'en arriver à une entente d'ici la fin de l'année ou au début de 2012, comme le souhaitent les autorités politiques.

Mme Renart a donné l'exemple de l'abolition des tarifs douaniers sur les produits de la mer, une demande prioritaire pour le Canada.

"Il y aura un prix à payer pour ça", a-t-elle convenu.

L'UE tient pour sa part à obtenir une meilleure protection de la propriété intellectuelle, notamment dans le secteur pharmaceutique.

"Si nous parvenons à une entente sur la propriété intellectuelle, ce sera probablement dans l'intérêt de l'UE principalement et non dans celui du Canada", a reconnu M. Cellini.

"Une partie pourrait obtenir un petit peu plus dans un secteur et un peu moins dans un autre, mais dans la globalité, les deux seront gagnants, a-t-il ajouté. (...) Les négociateurs doivent rechercher un équilibre en prenant en compte l'ensemble des secteurs."

Maurizio Cellini a mis en garde contre la "tentation" d'abandonner des pans entiers de négociation lorsque les choses se corseront.

"Il est important d'éviter un effet domino", a-t-il noté.

Le représentant européen croit ainsi qu'un accord "ambitieux" est possible même en maintenant la gestion de l'offre, qui protège par des tarifs douaniers et des quotas la production canadienne de lait, de volaille et d'oeufs.

"Il faut voir si éventuellement, ces quotas sont négociables ou pas", a-t-il néanmoins glissé.

Marchés publics

L'élément le plus important pour les Européens demeure toutefois l'accès aux marchés publics canadiens, plus particulièrement les contrats octroyés par les provinces et les municipalités, qui sont actuellement hors de portée des entreprises du Vieux Continent.

"Il faudra voir si du côté canadien, il y aura des résistances et si l'offre que le Canada mettra sur la table sur les marchés publics sera satisfaisante", a relevé M. Cellini. On sait notamment que le gouvernement de Jean Charest veut exclure de ces dispositions Hydro-Québec, l'une des plus importantes entités publiques du pays.

Pour rassurer les milieux d'affaires, Maurizio Cellini a souligné que les entreprises sont souvent les mieux placées pour décrocher des contrats dans leur propre pays.

Pour le Canada, les autres questions importantes sont l'accès aux marchés européens de la viande et du blé, la reconnaissance des titres de compétence et une meilleure mobilité pour les travailleurs canadiens en Europe, a indiqué Ana Renart.

Du côté de l'UE, on souhaite faire des gains en ce qui a trait au respect des règles d'origine, plus précisément sur les aliments.

L'échange de la deuxième version des propositions a tardé en raison de la volonté ferme d'Ottawa d'exclure le moins de questions possible des négociations. L'UE a mis plusieurs mois à convaincre ses pays membres d'adopter cette approche, nouvelle pour elle.

En dépit de l'ampleur de la tâche, "nous parviendrons sans doute à un accord dans les délais prévus", a estimé M. Cellini.

L'intervention de Maurizio Cellini et d'Ana Renart survenait quelques heures après l'adoption, par le Parlement européen, d'une longue résolution généralement favorable à la conclusion d'un accord de libre-échange avec le Canada.

Le texte recense cependant plusieurs griefs de l'UE à l'endroit du Canada, en ce qui a trait notamment à la chasse au phoque, à l'exploitation des sables bitumineux et à l'extraction de l'amiante. Selon les députés européens, un accord de libre-échange ne doit pas empêcher l'UE de maintenir ses prises de position sur ces questions.

D'après les estimations d'une étude conjointe Canada-UE, un accord de libre-échange permettrait d'accroître la valeur des exportations européennes au Canada de 24 milliards $ et celle des exportations canadiennes destinées à l'UE de 12 milliards $.

 

 

 

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