Économie : pas de panique !

Publié le 24/09/2010 à 12:00, mis à jour le 24/09/2010 à 15:18

Économie : pas de panique !

Publié le 24/09/2010 à 12:00, mis à jour le 24/09/2010 à 15:18

Par Pierre Théroux

Photo : Bloomberg

Chute de la revente de maisons, un marché de l'emploi qui ne reprend pas son souffle et des consommateurs qui croulent sous les dettes. Ces nouvelles en provenance des États-Unis ont apporté de l'eau au moulin des prophètes de malheur qui prédisent une nouvelle récession. Pourtant, la plupart des observateurs que nous avons interrogés estiment que les risques d'assister à un nouveau plongeon de l'économie sont faibles.

" Il y a eu une forte croissance depuis la fin de 2009; un ralentissement des activités était prévisible ", dit François Dupuis, économiste en chef du Mouvement Desjardins.

Les nouvelles économiques des dernières semaines n'avaient rien de réjouissant. À commencer par l'annonce le 24 août d'une baisse vertigineuse de 27 % des ventes des maisons existantes et de 12 % des maisons neuves aux États-Unis, en juillet.

La fin du programme de crédit d'impôt du gouvernement américain pour favoriser l'achat d'une habitation - un coup de pouce pour aider un secteur qui avait été au coeur de la crise - explique ces importantes baisses. Elles ont amené des observateurs à brandir le spectre d'une rechute de l'économie.

Nouriel Roubini, économiste réputé, a avancé que " les risques d'une nouvelle récession aux États-Unis sont passés de 25 % à plus de 40 % ". Le professeur de l'Université de New York prévoit que la croissance du produit intérieur brut (PIB) américain au troisième trimestre sera bien inférieur à 1 %, sur un an.

La faiblesse du marché immobilier aux États-Unis pourrait tuer la reprise dans l'oeuf, dit Celia Chen, économiste de Moody's. " Si cette situation perdure, l'économie pourrait retomber en récession. L'immobilier et l'économie sont interreliés. "

Des nuages qui s'assombrissent

D'autres indicateurs ont récemment viré au rouge chez nos voisins du Sud.

Les ménages règlent leurs dettes, ce qui réduit les dépenses de consommation et freine l'élan des entreprises. " La situation sera meilleure quand il y aura une reprise du marché de l'emploi ", ajoute M. Dupuis, en soulignant que le secteur privé peine à reprendre le flambeau.

De ce côté-ci de la frontière, on fait davantage preuve de réserve quant à l'évolution des économies québécoise et canadienne. D'autant que l'indice de confiance des consommateurs canadiens a reculé à 79,4 points, son plus bas niveau depuis novembre 2009.

" Les nuages sont un peu plus gris ", illustre Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, en ajoutant que le volume des exportations canadiennes a fléchi en juin, une première en sept mois.

" Il y a plus d'inquiétude et d'incertitude qu'en début d'année ", reconnaît Simon Prévost, président des Manufacturiers et exportateurs du Québec.

Même si les exportations québécoises sont toujours tributaires du marché américain, cette importance a diminué : 70 % des exportations internationales du Québec prennent le chemin des États-Unis, par rapport à plus de 80 % au début des années 2000. " Nous aidons les entreprises de la région à développer de nouveaux marchés et cela donne des résultats ", note Carl Viel, pdg de PÔLE Québec Chaudière-Appalaches.

Reprise de l'activité industrielle

Si le ralentissement de l'économie américaine aura des conséquences au pays, les risques de récession y sont pratiquement nuls.

" La reprise se poursuit, elle a simplement perdu son élan ", estime François Dupuis.

Les économistes de Desjardins tablent sur une croissance du PIB américain de 2,8 % pour 2010 et de 2,4 % en 2011, par rapport à 3 % et 2,8 % lors des prévisions de juin. Au Canada, la croissance du PIB devrait atteindre 3,3 % en 2010 et 2,7 % en 2011, tandis que les prévisions pour le Québec restent inchangées à 3 % (2010) et 2,5 % (2011).

" Il y a un passage à vide qui est normal après une récession ", dit Pierre Lapointe, stratège chez Brockhouse Cooper, en soulignant que les indices manufacturiers laissent présager une expansion de l'économie.

Aux États-Unis, la production industrielle a progressé en juillet, ce qui devrait remonter le moral des entrepreneurs.

Alain Chung, gestionnaire de portefeuilles chez Claret, souligne l'importance de l'activité industrielle au Canada. " Les perspectives macroéconomiques prennent souvent trop d'importance par rapport aux données microéconomiques. " Par exemple, il note la hausse des bénéfices des transporteurs ferroviaires, un secteur baromètre de l'activité économique.

Le Groupe Canam voit des signes de reprise dans le marché de la construction non résidentielle. Ainsi, le carnet de commandes de l'entreprise totalisait 563 millions de dollars (M$) en juin 2010, une hausse de 55 % par rapport aux 355 M$ de l'année précédente.

" Le pire est derrière nous ", a dit Marc Dutil, président et chef de l'exploitation de Canam, lors de la publication des résultats trimestriels de l'entreprise début août.

Des signes encourageants

" Les dirigeants sont confiants, en ce qui concerne tant l'évolution de leur entreprise que celle de l'économie de Montréal ", indique Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Il signale l'importance des chantiers en cours, comme celui du Quartier des spectacles, de même que l'annonce le 30 août de la relance du projet Griffintown. Ce projet privé de développement résidentiel et commercial doit générer des investissements de 475 M$.

Même son de cloche dans la région de Québec, où le taux de chômage de 5,7 % est un des plus faibles au pays. " La région compte sur plusieurs secteurs forts, notamment l'industrie des assurances et celui des jeux vidéo ", explique Carl Viel, du PÔLE Québec Chaudière-Appalaches.

Avec la création de 3 000 emplois en juillet, la région de Québec a atteint un niveau record de 400 700 emplois. De juillet 2009 à juillet 2010, le niveau d'emploi dans la région de Montréal est passé de 1,87 à 1,94 million. À Montréal et Québec, mais aussi dans l'ensemble de la province, le marché de l'emploi a rattrapé, voire dépassé le niveau d'avant la crise.

Un profil de l'industrie canadienne publié le 24 août par le Conference Board du Canada et la Banque de développement du Canada confirme ces signes encourageants.

" La reprise ne se poursuit pas au même rythme dans toutes les entreprises, mais une meilleure rentabilité est vraisemblable à mesure que croît la demande et que les mesures de réduction des coûts mises en oeuvre durant la récession commencent à faire sentir leurs effets sur les résultats financiers ", indique le rapport.

Des augmentations salariales plus généreuses en 2011

D'ailleurs, malgré une reprise fragile, les employeurs prévoient pour 2011 des hausses salariales plus généreuses que celles consenties cette année. La réduction des effectifs est aussi moins prioritaire et le recrutement l'est davantage, révèlent les enquêtes annuelles de rémunération.

La rémunération moyenne hebdomadaire des employés salariés a même progressé de 4 % de juin 2009 à juin 2010, selon Statistique Canada.

L'activité économique devrait aussi être alimentée par les dépenses des gouvernements fédéral et provincial, qui financent d'importants chantiers d'infrastructures.

Autre indicateur positif : " Notre économie est fortement liée aux matières premières et aux ressources naturelles, qui continueront d'être en demande dans les pays émergents ", dit Norman Raschkowan, directeur des investissements chez Investissement Mackenzie.

Voilà autant de signaux encourageants qui, au lendemain de la publication de statistiques moins reluisantes, ne préfigurent pas une retombée en récession.

 

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