La reprise économique dans les pays industrialisés, y compris le Canada, risque d’être atténuée par l’inflation qui sévit dans les pays émergents, estiment deux économistes québécois.
Prenant la parole lors d’un panel sur les perspectives économiques mondiales en 2011, tenu le 27 janvier, l’économiste en chef adjoint de de la Banque Laurentienne, Sébastien Lavoie, a déclaré que la hausse du prix des denrées dans des pays comme l’Inde et la Chine va freiner leur émergence et les amènera à réduire leur consommation de produits et de matières premières en provenance de pays industrialisés, dont le Canada. « Cela risque de ralentir la progression du prix des matières premières» a expliqué M. Lavoie.
«C’est pour cela que je ne vois pas le prix du baril de pétrole grimper à plus de 100$ ni le dollar canadienne frapper 1.05 $US à la fin de 2011» a-t-il ajouté, s’opposant ainsi à l’économiste François Dupuis du Mouvement Desjardins qui, lui, voit le dollar canadien atteindre les 1.02SUS/1.05$ d’ici la fin de 2011.
Afin de contrecarrer la hausse des prix des denrées qui mène à de l’instabilité sociale, les gouvernements de ces pays émergents doivent arrêter d’imiter les États-Unis dans leurs politiques monétaires, a opiné de son côté Stéphane Marion, économiste en chef de la Banque Nationale. « A l’heure actuelle, leur politique de taux de change est fixée sur celle des États-Unis. C’est ce qui doit changer: ces pays doivent maintenant laisser leur monnaie s’apprécier face au dollar américain afin de freiner les pressions inflationnistes».
Marion qualifie d’atypique la reprise économique actuelle. Atypique parce qu’elle est caractérisée par un chômage structurel aux États-Unis et parce que pour la première fois, ce ne sont pas les pays industrialisés qui en sont la locomotive, mais les pays émergents.
