La grande sélection


Édition du 27 Août 2015

La grande sélection


Édition du 27 Août 2015

Par Stéphane Rolland
Les choix de Cimon Plante

Cimon Plante, vice-président et gestionnaire de portefeuille de la Financière Banque Nationale, est prêt à payer plus cher pour trouver des sociétés qui donneront un meilleur rendement à long terme. Il le dit d'emblée : il n'accorde pas la prépondérance aux multiples.

Il donne l'exemple de Warren Buffett qui a pris une importante participation dans Coca-Cola en 1988. À l'époque, le multiple élevé sur la marque de la plus populaire boisson gazeuse ne laissait en rien présager que le titre était une aubaine, même à long terme. Et pourtant...

Brown-Forman (NY, BF.B, 99,98 $ US)

Dans cet esprit, il jette son dévolu sur un fabricant de boissons un peu plus corsées, Brown-Forman (NY, BF.B, 106,61 $ US), le brasseur du célèbre whisky Jack Daniel's. La société de Louisville au Kentucky possède une quinzaine de marques de whisky, de vodka et de tequila. «L'entreprise a une forte marque de commerce et connaît une bonne croissance dans les pays émergents, explique M. Plante. Elle lance de nouveaux produits populaires comme le Jack Daniel's Honey et le Jack Daniel's Fire.»

Pour les investisseurs qui accordent une grande importance aux multiples, l'action est toutefois loin d'être une aubaine. Elle s'échange à 31 fois les prévisions de bénéfices de l'exercice 2016 (prenant fin le 30 avril).

D'ailleurs, c'est la recommandation de M. Plante au sujet de laquelle le consensus des analystes est le plus partagé. Neuf suggèrent d'acheter le titre, sept, de le conserver, et trois, de le liquider.

«Oui, le multiple est élevé, mais c'est le prix à payer pour une société de qualité, répond M. Plante. Brown-Forman génère un rendement des capitaux de 20 %. Elle gère mieux ses coûts que ses concurrents, et elle doit déployer moins de capitaux pour générer des ventes. De plus, les dépenses d'investissement diminueront avec la fin de la construction d'une usine aux États-Unis.»

Visa (NY, V, 69,95 $ US)

À 28 fois le bénéfice de 2015, Visa (NY, V, 74,40 $ US) est un autre exemple où il vaut la peine de payer cher pour obtenir une forte croissance dans le futur, plaide Cimon Plante. À ce stade, le multiple ne devrait pas prendre plus d'expansion, mais il reste encore beaucoup d'avenues pour augmenter les bénéfices, selon le gestionnaire de portefeuille. «Près de 85 % des transactions dans le monde se font en argent comptant, explique M. Plante. Il reste encore des parts de marché à aller chercher.»

Parmi les catalyseurs ciblés par le gestionnaire, Visa remplacera American Express en tant que carte de crédit officielle du détaillant Costco aux États-Unis à partir d'avril. Visa discute actuellement avec son ancienne filiale Visa Europe, maintenant indépendante, en vue d'une acquisition. En Chine, des assouplissements à la réglementation permettraient à l'entreprise de pénétrer un marché évalué à 7 billions de dollars américains.

À l'autre bout de la table, Mark Lin, vice-président, actions internationales, chez Gestion d'actifs CIBC, émet une certaine réserve quant à la taille de l'émetteur de cartes de crédit, qui frôle les 180 G$ US de capitalisation boursière. «Historiquement, franchir le seuil des 200 G$ US de capitalisation boursière entraîne une pression sur les multiples», explique-t-il.

Cimon Plante pense qu'on ne peut prétendre connaître la taille limite d'une entreprise. «Dans les années 1950, certaines personnes croyaient que Coca-Cola était arrivée à maturité. Ils n'avaient pas bien compris tout son potentiel, souligne-t-il. Visa n'a que 5 % du marché des transactions globales. Pourquoi ne pourrait-elle pas avoir plus ?»

Jacques Maurice, qui a recommandé le titre l'an dernier, affirme, pour sa part, qu'il aime toujours Visa. La société domine son marché et «il est difficile d'imaginer ce qui pourrait lui arriver de mauvais».

Des 41 analystes qui le suivent, 31 émettent une recommandation d'achat et 10 suggèrent de le conserver.

Disney (NY, DIS, 98,49 $ US)

Les marchés ont réagi trop fortement aux difficultés du secteur médias de Walt Disney (NY, DIS, 106,45 $ US), croit le vice-président et gestionnaire de portefeuille de la Financière Banque Nationale. À la Bourse, le spectre de Netflix plane sur le secteur lié à la télévision traditionnelle tandis que les résultats de la chaîne sportive ESPN ont déçu. Le fleuron médiatique de Disney génère près de la moitié des revenus de sa division médias, laquelle pèse pour 45 % des recettes de l'empire de Mickey Mouse.

M. Plante ne se fait pas de mauvais sang pour ESPN. «Les gens regardent encore le sport par le câble [contrairement aux téléséries qui peuvent être visionnées plus tard]», explique le gestionnaire de portefeuille. «Concentrés sur ESPN», les investisseurs oublient la sortie du prochain Star Wars en décembre, poursuit-il. Autres sources de revenus, un parc d'attractions ouvrira à Shanghai en 2016.

M. Plante ajoute que Disney est efficace avec un rendement des capitaux de plus de 25 % et des marges supérieures à ses concurrents. À 21 fois les bénéfices de 2015, l'action est moins chère que ses deux autres recommandations. Des 35 analystes suivant le titre, 23 recommandent de l'acheter et 12, de le conserver.

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