En pleine tourmente boursière, les quatre experts qui ont participé à notre dixième table ronde suggèrent des titres de qualité qui pourraient vous permettre de relancer votre portefeuille dans une période incertaine.
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Les choix de Jacques Maurice
Jacques Maurice, conseiller principal en gestion de patrimoine de Scotia McLeod, mise gros sur le secteur de la santé. Il y concentre ses trois choix. Les étoiles s'alignent pour le secteur, croit celui qui a obtenu le meilleur rendement de la précédente édition de notre table ronde.
Précisons que le portefeuille du conseiller, dont l'actif sous gestion est de plus de quatre milliards de dollars, est bien diversifié. Pour notre exercice, il a choisi, exceptionnellement, de mettre ses oeufs dans le même panier, car il considère que le secteur est «prévisible». «Le vieillissement de la population, la réforme de l'assurance maladie d'Obama [qui amène de nouveaux clients] et la consolidation dans l'industrie sont des catalyseurs», énumère-t-il.
Pour maximiser son pari, le conseiller conserve sa stratégie habituelle : choisir les favoris du consensus des analystes. Ses trois choix sont : Allergan (NY, AGN, 318,86 $ US), UnitedHealth Group (NY, UNH, 123,22 $ US) et McKesson (NY, MCK, 213,43 $ US). «Je hais être concentré, parce qu'il peut y avoir une mauvaise nouvelle dans un secteur. Cependant, mes trois choix sont dans trois sous-secteurs différents.»
Marie-Ève Savard, gestionnaire de portefeuille de Gestion d'actifs Manuvie, n'a pas investi dans les trois choix de M. Maurice, mais elle voit l'industrie d'un oeil favorable. «C'est vrai qu'en ce moment, il y a beaucoup de consolidation, constate-t-elle. Cela risque de continuer tandis que les taux d'intérêt sont faibles. Il y a aussi un cycle favorable pour les approbations de médicaments prometteurs.»
Une remontée soutenue des taux d'intérêt pourrait être défavorable, comme c'est le cas des secteurs plus défensifs, nuance Mme Savard. Mais la modeste croissance économique mondiale ne s'oriente pas vers une flambée des taux pour l'instant, précise-t-elle.
Allergan (NY, AGN, 299,26 $ US)
M. Maurice reprend son choix de la dernière table ronde avec l'ancienne Actavis. Elle a pris le nom d'Allergan après l'acquisition de l'entreprise du même nom, pour un montant de 66 milliards de dollars américains. La société de Dublin en Irlande s'est maintenue au sommet des recommandations d'analystes. Des 23 qui la suivent, 22 émettent une recommandation d'achat et un seul recommande la vente pour des raisons techniques. Le titre se négocie à 17,7 fois les bénéfices de 2015.
Le modèle d'entreprise d'Allergan en est un de croissance par acquisition, comme celui de la lavalloise Valeant (Tor., VRX). «Allergan a bien évalué la consolidation qui prend place dans ce secteur-là, et elle a été un acteur de premier plan», juge M. Maurice.
Bien que la stratégie d'Allergan semble porter ses fruits, Mark Lin, vice-président, actions internationales, chez Gestion d'actifs CIBC, raconte que celle-ci a soulevé des débats au sein de son équipe. La démarche implique que la société soit en mesure de trouver les bonnes cibles à bon prix. Par la suite, elle doit bien intégrer ses acquisitions et gérer sa dette. «C'est un modèle difficile à comprendre», déplore-t-il.
Jacques Maurice admet qu'il est «délicat» d'établir un verdict sur les entreprises qui ont adopté une stratégie similaire à celle d'Allergan. «C'est pour cette raison qu'il faut faire affaire avec les artistes qui ont réussi au cours du temps et qui savent le mieux s'y prendre», défend-il.
UnitedHealth (NY, UNH, 112,25 $ US)
Le spécialiste des soins de santé privé UnitedHealth Group a une taille «monstre» qui le place en situation de «quasi-monopole», affirme M. Maurice. La société du Minnesota serait ainsi en bonne posture pour profiter du vieillissement de la population et de l'afflux de nouveaux clients grâce à la réforme de l'assurance maladie aux États-Unis.
Encore une fois, le titre suscite un fort enthousiasme de la part des analystes. Des 23 gestionnaires qui le suivent, 19 recommandent de l'acheter et 4, de le conserver. Le titre se négocie à 19 fois les bénéfices de 2015.
McKesson (NY, MCK, 200,64 $ US)
La cote d'amour de McKesson auprès des analystes est, elle aussi, élevée. Vingt d'entre eux recommandent le distributeur de médicaments et de produits technologiques liés à la santé, par rapport à deux qui recommandent de le conserver.
Eric Percher, de Barclays, croit que la grande question pour l'entreprise de San Francisco est de savoir si la croissance des prix dans la vente de produits brevetés remplacera la dépréciation du prix des génériques. Il pense que ce sera le cas. Sa recommandation est de surpondérer et sa cible, de 245 $ US.
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Les choix de Mark Lin
Le rachat d'actions est une bonne façon de créer de la valeur pour les actionnaires, et ce, avec une incidence fiscale moindre que le dividende, affirme Mark Lin, vice-président, actions internationales, chez Gestion d'actifs CIBC. Dans trois secteurs différents, ses trois choix ont en commun la «stabilité de leur croissance» et une diminution constante du nombre d'actions en circulation.
Fiserv (Nasdaq, FISV, 82,85 $ US)
Le sous-traitant de services technologiques dans le secteur financier Fiserv (Nasdaq, FISV, 89,80 $ US) est une entreprise indélogeable, qui parvient à créer de la valeur à long terme pour ses actionnaires, selon Mark Lin.
«La société parvient à retenir 95 % de ses clients», explique le gestionnaire de portefeuille, qui gère un actif de 1 G$. Elle peut demander un prix plus élevé, car une banque ne voudra pas prendre le risque de délaisser un système qui fonctionne pour choisir une solution à meilleur prix.»
La société de Brookfield au Wisconsin affiche une croissance modérée, mais «stable» d'environ 5 % à 6 % par année. Les rachats d'actions, possibles grâce aux généreux flux de trésorerie, permettent d'augmenter les bénéfices par action à un rythme plus rapide d'au moins 10 % par année. La croissance modérée combinée à un multiple de 23 fois le bénéfice par action de 2015 fait en sorte que les analystes sont plus nombreux à rester sur les lignes de côté. Des 21 qui suivent le titre, 6 émettent une recommandation d'achat, et 15, de conserver.
Tien-Tsin Huang, de JP Morgan, pense que l'espace est restreint pour une expansion des multiples. «Même si nous aimons sa bonne gestion et qu'elle a très bien fait son travail par le passé, nous pensons que la surperformance de Fiserv sera limitée en raison des défis qu'affrontent ses clients de l'industrie financière.» Il émet une recommandation «neutre» et une cible à 87 $ US.
Fiserv est le genre de société qui enregistre de bons résultats, qu'importe le contexte économique, ajoute M. Lin. La stabilité avec laquelle elle a enregistré une croissance du bénéfice par action d'au moins 10 % par année fait de Fiserv «une action qu'on veut garder longtemps».
HCA (NY, HCA, 84,72 $ US)
Le vieillissement de la population aux États-Unis et l'arrivée de nouveaux patients assurés par «l'Obamacare» alimenteront la croissance du fournisseur de soins de santé privés HCA Holding (NY, HCA, 89,82 $ US), selon Mark Lin. «C'est une tendance immuable, explique-t-il. Cela ne va pas changer avec les conditions économiques, et nous aimons ça.»
La société de Nashville au Tennessee offre une multitude de services, allant de la chirurgie aux soins psychiatriques. Cette offre diversifiée permet à HCA de se démarquer de ses concurrents. Sa position de grand acteur de l'industrie lui permet de mieux résister que les petits concurrents si les coûts d'exploitation augmentent.
Comme pour ses autres titres, les rachats d'actions viennent contribuer à la croissance du bénéfice par action. Celui-ci devrait progresser de 8 % à 10 % par an au cours des prochaines années.
La très grande majorité des analystes sont optimistes quant aux perspectives de HCA. Des 24 gestionnaires interrogés par Bloomberg, 20 recommandent d'acheter le titre, tandis que 4 suggèrent de le conserver. L'action s'échange à près de 17 fois les prévisions du bénéfice par action 2015.
AutoZone (NY, AZO, 708,00 $ US)
Le détaillant de pièces automobiles AutoZone (NY, AZO, 708,00 $ US) est une entreprise qui gère bien le capital généré par ses lucratives activités, qui peut résister à la concurrence d'Amazon (Nasdaq, AMZN) et qui bonifie sa croissance grâce au rachat d'actions, résume Mark Lin.
«Les pièces à l'unité valent toujours plus cher que la voiture, rappelle le gestionnaire de portefeuille de Gestion d'actifs CIBC. L'entreprise dégage ainsi de très bonnes marges. De plus, l'entreprise réussit à augmenter son achalandage et le nombre de magasins.»
À 18 fois les bénéfices de l'exercice 2016 (qui commencera le 1er septembre 2015), l'action de la société de Memphis, au Tennessee, est «assez défensive», juge M. Lin. «Si l'économie entre en récession, les gens qui auront repoussé l'achat d'une voiture auront tout de même besoin de la réparer.» Mais, lui demande-t-on, si le parc immobilier rajeunit sous l'impulsion d'un consommateur américain plus confiant ? «Eh bien, ça fera plus de voitures sur le marché qui auront besoin de pièces dans le futur», répond-il.
Autre atout renforçant son bouclier, l'entreprise est également bien immunisée contre la concurrence d'Amazon, selon lui. «On trouve de presque tout sur Amazon, mais pas de pièces automobiles, constate- t-il. De plus, bon nombre de pièces sont installées en magasin, un service qu'Amazon ne peut rendre.» Seule faille à l'armure, les voitures sans conducteurs de Google (Nasdaq, GOOG), admet M. Lin. Le risque reste lointain, pour l'instant.
Les analystes sont plus partagés sur le titre AutoZone. Ils sont 7 à recommander de l'acheter et 18, de le conserver. Avec les «vigoureux» rachats d'actions, la société bonifie la croissance de son bénéfice. Celui-ci augmente dans une fourchette annuelle de 5 à 6 % et grimpe à 10 % lorsqu'on répartit le bénéfice par action, ajoute M. Lin.
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Les choix de Cimon Plante
Cimon Plante, vice-président et gestionnaire de portefeuille de la Financière Banque Nationale, est prêt à payer plus cher pour trouver des sociétés qui donneront un meilleur rendement à long terme. Il le dit d'emblée : il n'accorde pas la prépondérance aux multiples.
Il donne l'exemple de Warren Buffett qui a pris une importante participation dans Coca-Cola en 1988. À l'époque, le multiple élevé sur la marque de la plus populaire boisson gazeuse ne laissait en rien présager que le titre était une aubaine, même à long terme. Et pourtant...
Brown-Forman (NY, BF.B, 99,98 $ US)
Dans cet esprit, il jette son dévolu sur un fabricant de boissons un peu plus corsées, Brown-Forman (NY, BF.B, 106,61 $ US), le brasseur du célèbre whisky Jack Daniel's. La société de Louisville au Kentucky possède une quinzaine de marques de whisky, de vodka et de tequila. «L'entreprise a une forte marque de commerce et connaît une bonne croissance dans les pays émergents, explique M. Plante. Elle lance de nouveaux produits populaires comme le Jack Daniel's Honey et le Jack Daniel's Fire.»
Pour les investisseurs qui accordent une grande importance aux multiples, l'action est toutefois loin d'être une aubaine. Elle s'échange à 31 fois les prévisions de bénéfices de l'exercice 2016 (prenant fin le 30 avril).
D'ailleurs, c'est la recommandation de M. Plante au sujet de laquelle le consensus des analystes est le plus partagé. Neuf suggèrent d'acheter le titre, sept, de le conserver, et trois, de le liquider.
«Oui, le multiple est élevé, mais c'est le prix à payer pour une société de qualité, répond M. Plante. Brown-Forman génère un rendement des capitaux de 20 %. Elle gère mieux ses coûts que ses concurrents, et elle doit déployer moins de capitaux pour générer des ventes. De plus, les dépenses d'investissement diminueront avec la fin de la construction d'une usine aux États-Unis.»
Visa (NY, V, 69,95 $ US)
À 28 fois le bénéfice de 2015, Visa (NY, V, 74,40 $ US) est un autre exemple où il vaut la peine de payer cher pour obtenir une forte croissance dans le futur, plaide Cimon Plante. À ce stade, le multiple ne devrait pas prendre plus d'expansion, mais il reste encore beaucoup d'avenues pour augmenter les bénéfices, selon le gestionnaire de portefeuille. «Près de 85 % des transactions dans le monde se font en argent comptant, explique M. Plante. Il reste encore des parts de marché à aller chercher.»
Parmi les catalyseurs ciblés par le gestionnaire, Visa remplacera American Express en tant que carte de crédit officielle du détaillant Costco aux États-Unis à partir d'avril. Visa discute actuellement avec son ancienne filiale Visa Europe, maintenant indépendante, en vue d'une acquisition. En Chine, des assouplissements à la réglementation permettraient à l'entreprise de pénétrer un marché évalué à 7 billions de dollars américains.
À l'autre bout de la table, Mark Lin, vice-président, actions internationales, chez Gestion d'actifs CIBC, émet une certaine réserve quant à la taille de l'émetteur de cartes de crédit, qui frôle les 180 G$ US de capitalisation boursière. «Historiquement, franchir le seuil des 200 G$ US de capitalisation boursière entraîne une pression sur les multiples», explique-t-il.
Cimon Plante pense qu'on ne peut prétendre connaître la taille limite d'une entreprise. «Dans les années 1950, certaines personnes croyaient que Coca-Cola était arrivée à maturité. Ils n'avaient pas bien compris tout son potentiel, souligne-t-il. Visa n'a que 5 % du marché des transactions globales. Pourquoi ne pourrait-elle pas avoir plus ?»
Jacques Maurice, qui a recommandé le titre l'an dernier, affirme, pour sa part, qu'il aime toujours Visa. La société domine son marché et «il est difficile d'imaginer ce qui pourrait lui arriver de mauvais».
Des 41 analystes qui le suivent, 31 émettent une recommandation d'achat et 10 suggèrent de le conserver.
Disney (NY, DIS, 98,49 $ US)
Les marchés ont réagi trop fortement aux difficultés du secteur médias de Walt Disney (NY, DIS, 106,45 $ US), croit le vice-président et gestionnaire de portefeuille de la Financière Banque Nationale. À la Bourse, le spectre de Netflix plane sur le secteur lié à la télévision traditionnelle tandis que les résultats de la chaîne sportive ESPN ont déçu. Le fleuron médiatique de Disney génère près de la moitié des revenus de sa division médias, laquelle pèse pour 45 % des recettes de l'empire de Mickey Mouse.
M. Plante ne se fait pas de mauvais sang pour ESPN. «Les gens regardent encore le sport par le câble [contrairement aux téléséries qui peuvent être visionnées plus tard]», explique le gestionnaire de portefeuille. «Concentrés sur ESPN», les investisseurs oublient la sortie du prochain Star Wars en décembre, poursuit-il. Autres sources de revenus, un parc d'attractions ouvrira à Shanghai en 2016.
M. Plante ajoute que Disney est efficace avec un rendement des capitaux de plus de 25 % et des marges supérieures à ses concurrents. À 21 fois les bénéfices de 2015, l'action est moins chère que ses deux autres recommandations. Des 35 analystes suivant le titre, 23 recommandent de l'acheter et 12, de le conserver.
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Les choix de Marie-Ève Savard
Marie-Ève Savard, gestionnaire de portefeuille principale de Gestion d'actifs Manuvie, est la seule participante à présenter des sociétés canadiennes, plus précisément deux entreprises québécoises. Celles-ci génèrent toutefois une part importante de leurs revenus à l'extérieur du pays.
WSP (Tor., WSP, 32,38 $)
C'est le cas, de la firme de génie-conseil montréalaise WSP Global (Tor., WSP, 32,38 $) qui ne tire que 20 % de ses revenus au Canada. Grâce à sa stratégie d'acquisition (WSP en 2012 et Parsons Brinckerhoff à la fin 2014), l'ancienne Genivar a doublé sa taille à 4 G$ de capitalisation boursière. Cette envergure pourrait permettre à WSP de réaliser des acquisitions sans dilution du capital par une émission d'actions, croit la gestionnaire, qui gère un Fonds de revenus mensuels.
La direction prévoit générer des revenus de 4,1 à 4,7 G$ cette année. Elle vise des entrées de 6 G$ dès 2018. «Les synergies issues de l'intégration de Parsons restent à venir, ce qui contribuera à la croissance des bénéfices», ajoute Mme Savard.
Le titre s'échange à 23 fois les bénéfices de 2015, mais Mme Savard estime que c'est raisonnable pour une société capable d'accroître ses bénéfices de 20 % par année. La plupart des analystes aiment le titre. Neuf recommandent l'achat, mais trois émettent une recommandation de conserver et un, de vendre.
Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B, 59,11 $)
La croissance interne d'Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B, 55,11 $) en fait une société attrayante, croit Marie-Ève Savard. La cerise sur le gâteau : le marché ne tient pas compte de l'impact d'une éventuelle acquisition. Pour cette raison, la gestionnaire de portefeuille réitère son intérêt pour l'entreprise qu'elle avait présentée lors de sa participation à la table ronde de 2012.
La portefeuilliste est d'avis que le multiple de 23 fois les prévisions de bénéfices pour l'exercice 2016 (se terminant le 30 avril) est raisonnable. «On sait très bien qu'Alimentation Couche-Tard veut faire des acquisitions, qu'elle est capable de le faire et qu'elle regarde partout dans le monde. Il y a beaucoup d'occasions du côté des pétrolières qui veulent se départir de leurs stations-service au cours des prochaines années. Le marché est très fragmenté.»
Comme pour WSP, la grande part des bénéfices de la société de Laval provient de l'étranger (13,6 % du Canada, 27,8 % de l'Europe et 58,6 % des États-Unis). Les ventes des produits alimentaires, avec leurs marges plus élevées, contrebalancent le déclin enregistré des produits du tabac. «Le tabac n'offrait pas beaucoup de marges, mais servait plutôt de source d'achalandage», précise-t-elle.
Les marges tirées de la vente du carburant soulèvent quelques doutes chez certains analystes. David Hartley, de Credit Suisse, est l'un d'eux. Bien qu'elles résistent, si les marges devaient décliner, les prévisions du marché pourraient être révisées «substantiellement», prévient-il.
Mme Savard, pour sa part, constate que les marges du carburant ont augmenté au cours des dernières années. «Les consommateurs achètent plus de supercarburant, qui procure des marges plus élevées, répond-elle. De plus, les petits acteurs n'ont pas beaucoup de marge de manoeuvre pour réduire leurs coûts afin de concurrencer les grands joueurs.»
Danaher (NY, DHR, 85,28 $ US)
La société industrielle Danaher (NY, DHR, 90,63 $ US) affiche un solide bilan de croissance à long terme, et l'acquisition de Pall (NY, PLL) pourrait apporter encore plus d'eau au moulin, pense Marie-Ève Savard.
En mai, le fabricant de produits industriels et médicaux de Washington a annoncé l'acquisition du spécialiste des filtres à air et à eau, pour un montant de 13,8 G$ US. La transaction devrait être conclue d'ici la fin de l'année. En 2016, l'entreprise se scindera en deux. La société qui conservera le nom de Danaher gardera ses produits de sciences de la vie et de diagnostics, ainsi que les filtres de Pall. La nouvelle entité scindée, NewCo, aura le portefeuille de produits industriels.
«Cela permettra aux deux entreprises de croître plus rapidement, commente-t-elle. Danaher continuera d'avoir un profil de croissance à long terme, tandis que NewCo pourra consacrer plus d'énergie aux acquisitions, ce qui n'était pas vraiment la priorité depuis 2008.»
Bien avant la scission, Danaher jouit actuellement d'une bonne réputation. Jacques Maurice, conseiller principal en gestion de patrimoine de Scotia McLeod, glisse que Danaher est l'une de ses entreprises favorites. Des 22 analystes qui suivent les titres, 16 émettent une recommandation d'achat et 6 suggèrent de le conserver. Mme Savard ajoute que les produits de Danaher sont en forte demande dans des secteurs en croissance. Même en Chine où l'économie s'affaiblit, elle parvient à augmenter son bénéfice annuel de 8 % à 9 %, donne-t-elle en exemple.
Mark Lin, vice-président, actions internationales, chez Gestion d'actifs CIBC, connaît bien la société. Il ne serait toutefois pas acheteur, car il préfère miser sur des entreprises qui recourent moins à la dette. Par contre, Danaher peut rembourser rapidement sa dette qui représente 2,6 fois son bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA), répond Mme Savard. Elle cite une analyse de Barclays qui affirme que ce ratio pourrait passer à 1,2 fois en 2017, puis à 0,3 en 2019.
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