À combien l'Europe évalue le gaz de schiste du Québec?

Publié le 11/12/2010 à 00:00

À combien l'Europe évalue le gaz de schiste du Québec?

Publié le 11/12/2010 à 00:00

Que pensent les investisseurs européens de la valeur du gaz de schiste du Québec ?

On s'est posé la question il y a quelques jours, après être tombé par hasard sur quelques rapports d'analystes de la Norvège. C'est assez surprenant, mais le potentiel du gaz québécois est étudié par un plus grand nombre de firmes européennes que canadiennes.

L'intérêt est particulièrement marqué pour la société Questerre (QEC, Tor., 1,50 $), qui détient une importante position dans les basses terres du Saint-Laurent.

On s'est donc lancé à la recherche de récents commentaires européens sur la société pour tenter d'obtenir une perspective outre-Atlantique.

Résultats ? Il n'y a pas unanimité, mais l'optimisme l'emporte :

> First Security : " acheter " avec une cible à 4,60 $;

> Pareto Securities : " acheter " avec une cible à 4,95 $;

> DnB Nor Markets : " acheter " avec une cible à 4,10 $;

> ABG Sundal Collier : " vendre " avec une cible à 1,30 $;

> Terra : " conserver " avec une cible à 2 $.

Ce que voit présentement le marché

L'étude la plus intéressante vient de First Security. L'analyste Teodor Nilsen estime qu'au cours actuel, le marché n'accorde qu'une probabilité de 5 % au fait que les propriétés de Questerre connaissent un succès commercial.

Pourquoi le marché voit noir

Trois raisons, dit l'analyste :

1 -Il y a de l'incertitude quant à la nouvelle législation sur le pétrole et le gaz du Québec.

2 -La partenaire Talisman (un gros joueur) a décidé de reporter à l'an prochain ses deux forages horizontaux de Fortierville et de Sainte-Gertrude, en raison des prix élevés que demandent les services de forage.

3 -Il existe une perception voulant que le projet du gaz de schiste au Québec pourrait être reporté.

Le marché voit-il trop noir ?

Oui, dit l'analyste, en avançant que le prix actuel est presque irrationnel. Il ne nie pas que les risques du projet soient grands, mais estime qu'à 5 %, la probabilité de succès accordée est beaucoup trop faible. Et ce, pour deux raisons principales :

1 -Les résultats actuels sont bons : oui, le forage Gentilly a été décevant, mais il reste que celui de Saint-Édouard a été impressionnant. Au final, lorsqu'ils sont combinés, les volumes de gaz des deux puits donnent une moyenne de 3,3 millions de pieds cubes par jour (Mpi3/j), bien au-dessus du scénario de base de 2,5 Mpi3/j.

2 -Le gaz de schiste de Questerre (et du Québec) devrait être rentable à partir d'un prix de 4 à 4,50 $ US le millier de pieds cubes (pi3). Or, selon le contrat à terme venant à échéance au début de 2012, le gaz se négocie au-dessus de 5 $ US.

Combien devrait valoir Questerre, alors ?

Le scénario de base de First Security est le suivant.

Le prix du gaz naturel est temporairement sous pression et se redressera à 6 $ US le millier de pi3 de façon permanente (actuellement autour de 4,25 $ US). Il se forera 7 100 puits et le volume moyen des puits est à 2,5 Mpi3/j. Le titre de Questerre devrait alors valoir 5 $ CA.

Voyons maintenant trois scénarios moins optimistes.

Premier scénario. Seulement 50 % des terres de Questerre sont commercialement viables. On divise par deux le nombre de puits potentiels. Le titre vaut alors 3,85 $.

Deuxième scénario. On remonte le nombre de puits à 7 100, mais le volume moyen passe de 2,5 à 2 Mpi3/j. Le titre cale à 2,65 $.

Troisième scénario. On table tout simplement sur un prix du gaz naturel à 3,50 $ US le millier de pi3. Il n'y a pas de projet possible avec Questerre au Québec. Tout ce qui lui reste sont ses propriétés en Alberta, en Colombie-Britannique et en Saskatchewan. Le titre vaut alors 0,70 $ CA.

Qu'en penser ?

Le titre nous apparaît actuellement bien évalué. First Security voit un seuil de rentabilité pour le gaz québécois à 4 ou 4,50 $ US le millier de pi3. On reste à être convaincu que ce sera aussi bas. Les projections anticipent une baisse des coûts dans le secteur, mais beaucoup d'entreprises parlent encore de 5 $ US, et certaines de plus. Avec un prix du marché qui se situe ajourd'hui autour de 4,25 $ US et la fébrilité des activités de forage dans les nouveaux territoires gaziers de Marcellus, Fayetteville, Montney, Haynesville et autres, le gaz naturel a toute une pente à remonter dans les prochains mois et années pour revenir significativement au-dessus des 5 $ et s'y maintenir.

Surtout, on voit mal pourquoi les grands viendraient forer au Québec, un territoire toujours en friche, où les coûts de démarrage seront à l'évidence plus élevés, alors qu'il y a actuellement dans l'Ouest canadien et aux États-Unis une mer de cibles à plus faibles coûts. Sans compter qu'il y a la question environnementale...

La probabilité de réussite du gaz de schiste est-elle de 5, 10, 15 ou 20 % ? Difficile à dire. On tablerait cependant sur un potentiel dans 20 ans davantage que dans deux ans.

" La probabilité de réussite du gaz de schiste est-elle de 5, 10, 15 ou 20 % ? Difficile à dire. On tablerait sur un potentiel dans 20 ans. "

francois.pouliot@transcontinental.ca

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